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En rang serré

par Abdou Benabbou

L'important constat à retenir des dernières élections est celui de la remarquable mue du Front de libération nationale. Non pas qu'il s'agisse du retour d'une dorure d'un blason terni depuis l'indépendance, loin s'en faut, mais de la lente extinction d'une stature d'un front politique né dans le feu que les opportunismes voraces ont profondément perverti jusqu'à être abasourdi par les réclamations de son classement au musée. L'heure présente n'est plus à la déclamation justifiée contre un parti politique pour qu'il se mette en touche, puisque le temps a fait son œuvre et que l'on voit bien que le FLN n'est plus qu'un parti comme un autre après avoir rendu de loyaux services.

On doit convenir aujourd'hui qu'une stratégie de génie a transporté son aura gonflé avec une relative douceur dans un recoin de grenier. On est obligé de comprendre et sans doute d'admettre qu'il a été une arme propice pour déblayer les lourdes charges dangereuses des conjonctures délicates traversées par le pays et l'histoire dira s'il faut le féliciter pour ses services rendus.

Son cousin germain, le Rassemblement national démocratique est logé à la même enseigne. L'un comme l'autre aura servi un temps de paratonnerre contre des turbulences décidées à mettre le pays à terre. Dans l'analyse de leurs bilans de plusieurs décennies très mitigés et décriés, il serait injuste de ne pas adjoindre la disponibilité et l'engagement de plusieurs de leurs militants à se mettre aux avant-postes au péril de leurs vies face aux bourrasques terrifiantes qui menaçaient de faire exploser le pays. Ils s'y sont engagés au moment où des armateurs du verbe rasaient les murs en se méfiant de leurs ombres.

La part des choses est évidemment de mise dans la mêlée des conjonctures et seule la grande histoire peut se targuer de se vêtir de la toge divine pour qu'elle attribue aux faits et aux actes leurs réelles densités.

Comme attendu, le recyclage s'opère et le militantisme change de carapace pour s'adapter au sens du vent. Peu importe. Le constat est que la marche en rang serré d'avant a finalement disparu.