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La mission du président Tebboune : mettre en état un etat qui était dans tous ses états (1ère partie)

par Chaïb Aïssa-Khaled*

Mon cher lecteur, ce texte est loin d'être un discours apologétique, encore moins une demande d'emploi.

Il n'est surtout pas une quête pour un quelconque privilège, mais l'expression d'une conviction confirmée, d'un hommage à la défiance du Président Tebboune exprimée à l'adresse des trublions dont le métier est d'être ces éternels insatisfaits et dont la mission est de faire dans la délation tout en assistant certains tenanciers de l'autorité politique, économique et commerciale qui, maquillant comme de coutume, l'arbitraire et la partialité dans un climat gluant de confusion au moyen de lois guindées, de législations racornies et de comportements ambigus se plaisent à pêcher en eau trouble et aspirent à s'emparer encore une fois de plus, du sort du peuple algérien pour le redonner en pâture aux injures du temps et de la précarité, au diktat du dogme et de la frustration de l'inaccessible, pour lui spolier son droit à la dignité humaine, annihiler sa confiance dans les institutions de l'Etat et fissurer sa cohésion nationale, pour que la régression l'assiège et fasse en sorte qu'il continue à courir dans tous les sens en quête d'un salut salvateur.

En effet, au moment où l'autonomie du développement national était devenue, à l'échelle planétaire, un objectif incontournable, en Algérie et jusqu'au 12 Décembre 2019, date de l'élection du Président Tebboune on lui tournait le dos. La préoccupation lourde n'était pas l'édification d'institutions crédibles, encore moins le respect des lois et de fait, celui du citoyen qui était, le plus normalement du monde, brimé, mais le recours à des artifices institutionnels aléatoires, (qui fonctionnaient au hasard) et à des illusions constitutionnelles, (sur mesure).

Cela était dû au fait que l'activité politique ait été l'apanage de personnages n'ayant aucun souci, si ténu soit-il, de l'Etat. Le désordre était tel qu'y mettre de l'ordre ne pouvait être qu'une tâche titanesque.

Le système politique, accroissant alors chaque jour son déficit en matière de légitimité populaire et creusant davantage le fossé qui le séparait déjà du peuple, aspirait à ce que celui-ci, blasé et abusé, ne se préoccupe que de sa survie et n'ait plus d'intérêt pour la cité. Incité alors à considérer que la République s'arrêterait au seuil de la porte de tout un chacun, il aspirait à ce que ce dernier se mettrait à contribuer, par des comportements complices, à la promotion de son échec programmé.

Mais, pour quel dessein pardi ??

Cela dit, l'inconsistance des projets politiques qui lui avaient été offerts, n'avaient pu avoir un effet mobilisateur, ce qui avait permis à la médiocrité de s'ériger en norme, aux bataillons d'opportunistes et aux sous sociétés boutefeux, mutilées intellectuellement et mal armées culturellement, en modèle de caste politique qui, renaissant de ses cendres, avait fait que le vice se moquait de la vertu. Toutefois, les Algériennes et les Algériens qui ne pouvaient composer avec « le farfelu », étaient taxés de persona non grata. Cependant et bien qu'exclus, ils ne se sont jamais désintéressés de la chose publique. La preuve est cette décision de vouloir refaire le sort de leur patrie profondément défigurée. Des cortèges d'erreurs, des atouts gaspillés, des expériences déçues, le clientélisme, le régionalisme, le tribalisme, le sectarisme, les stéréotypes discriminatoires, la démission des pouvoirs publics pour se consacrer à leurs affaires personnelles, la corruption, le marché parallèle, l'enrichissement spontané, tout cela, l'un dans l'autre, avait généré la déconvenue populaire. Il avait, par conséquent, favorisé l'épanouissement exponentiel des tricheurs, des faussaires et en parallèle, des laissés pour compte ce qui avait, dans un passé récent, (1992), débouché sur l'émergence des exclus du partage de la rente qui, faisant miroiter la fin d'un joug malfaisant, promettaient de donner un coup de pied dans la fourmilière. Conséquence, une démobilisation sociale qui, s'étant peu à peu généralisée, avait débouché sur la dérive qui avait failli emporter la nation et dont personne ne pourra en oublier le lot de morts et les flots de larmes.

A propos de cette dérive. Orchestrée quelque part par le système politique au pouvoir, elle a été l'exutoire de la déconvenue populaire accumulée des années durant et qui avait été saisie à la «volée» par un autre genre de caste, une caste des plus abjecte que le monde n'ait jamais connue. Une caste qui, soucieuse de grossir ses rangs pour esclavagiser ceux qui ne lui emboîteront pas le pas, avait tenté d'embrigader les Algériennes et les Algériens aspirant donner le coup de grâce à ce qu'ils recèlent comme capital vertu. Jouant sur leur sensibilité et sur celle des jeunes en particulier, (dans leur majorité déçus et désemparés) et prétendant, à coup de prêches incendiaires, restaurer la dignité, la solidarité et l'égalité inspirées par l'Islam, elle avait fini par réveiller la part obscure du religieux et par réactiver les ressorts monstrueux de la passion pour en faire une arme politique, un moyen de mobiliser les égarés en une impitoyable machine à tuer.  Conséquence, la frustration de la population sous pression dans ses entrailles, libérée, avait fait en sorte que son besoin d'exister, s'exprime par une violence aveugle.

L'Algérie était devenue cette contrée du monde où on ne voulait que rien ne soit réglé, mis à part le partage de la rente pétrolière, cette contrée où on voulait encore que la mal vie ait plus d'avenir que la vie. Les despotes qui gouvernaient, avaient oublié que dix années durant, elle a été ce théâtre où se jouait le face à face avec la mort.

Dix années durant, elle a été ce morceau de la planète où le mauvais génie des siens, dans l'indifférence de la conscience internationale, a élaboré le terrorisme le plus concentré, le plus explosif qui lui avait ravi 200 000 des siens et qui l'avait écrasée sous le poids de 20 milliards de dollars de destruction.

Depuis lors et la confusion aidant, le pouvoir en Algérie relevait des caprices de tous ceux qui détenaient un semblant d'autorité. Une autorisation, la délivrance d'une pièce d'Etat civil, une facilité administrative, un contrat d'étude, l'accès à un bien, dépendaient du bon vouloir du moindre agent public, grand ou petit. Mieux encore, cette confusion se répandait de plus en plus avec la bienveillance voire, la complicité des hauts de la sphère. Corrompus et corrupteurs, conjuguant alors et sans retenue leurs appétits féroces, accélérèrent la destruction des valeurs, des normes de référence et du droit. Moralité, la gangrène était manifeste, elle était à son comble.

Il n'y avait plus de règles et de déontologie. Il n'y avait que des amis, des compromis, des arrangements rétribués, des dessous de table, des commissions à l'étranger. Il n'y avait plus de repères. D'ailleurs, des repères on s'en «foutait». C'était le règne de la combine, de l'incertain, de l'aléatoire, de l'injustice. On monnayait ses prérogatives, sans pour autant déroger à l'ordre établi. Le mot d'ordre était : assurer ses arrières. Le fonctionnaire honnête était de plus en plus isolé dans un corps inerte où on ne prenait des décisions qu'en contrepartie. Le clivage était criard entre un peuple anonyme et un panel puissant, fort d'une autorité dont il disposait comme bon lui semblait et qui avait accès à tout ce qui était refusé à la masse. Il était criard entre une minorité qui avait trouvé le moyen de vivre à l'aise et une population réduite à l'indigence voire, à l'indigénat. La chasse gardée des postes de responsabilité et l'argent mal acquis, avaient accru chez la population le sentiment d'injustice et de frustration. La passivité politique permettait une permissivité insolente à tous ceux qui s'étaient faits les ayants droit et les sous traitants du système, c'est-à-dire à tous ceux qui étaient forts de tous les liens. La cleptomanie était en tête d'affiche. Les ressources étaient mobilisées à leur profit et ils disposaient, sans vergogne, de tous les moyens pour assouvir leurs lubies. Conséquence, des pans entiers de la société n'avaient plus de perspectives.

L'Algérie, «pieds et mains liés », était livrée aux séditions falsificatrices des cleptomanes pervers et démesurément boulimiques et aux séductions pernicieuses de mégalomanes qui confondaient le bien avec leur volonté. Elle était devenue un ghetto de l'absurde, un faubourg malfamé du monde d'où l'on revenait horrifié de tant d'étrangetés.

De la banqueroute programmée de l'économie nationale, de la médiocratisation affichée d'une administration oligarchique, de la clochardisation patente de la société, de la dissipation délibérée de ses repères civilisationnels et de ses symboles ancestraux, du renversement impénitent des valeurs, du mépris infligé à la morale et au civisme, de l'outrage à la dignité, de la corruption et de la malversation, il était fait l'expression d'un dogme.

Au 12 Décembre 2019, l'Algérie donnait l'impression d'un pays qui courait dans tous les sens, d'un pays ulcéré par la clanisation du régime, la partition sauvage, l'assujettissement du genre humain, l'absence de la pérennité de l'Etat, l'abus d'autorité, l'exclusion, le discours-illusion. Elle était fracturée. La croissance économique et sociale y étaient bloquées, l'industrialisation y était arrêtée, l'école y était sinistrée, la corruption y avait gangrené l'Appareil de l'Etat et celui de la justice en particulier. La création de l'emploi y avait régressé à pas de loup.          

Le pouvoir en panne de stratégie, ne pouvait s'investir dans la recherche d'une sortie de crise. Il ne s'inquiétait même pas du mécontentement populaire qui s'y déchaînait. Il s'était limité à s'encoconner dans sa « bulle ». Le libéralisme et la démocratie affichés, y étaient porteurs de tous les désordres.

La pauvreté y était franche. Des pans entiers de la société, faute d'écoute, s'y étaient résignés à gérer leur misère au quotidien. Abandonné aux injures du temps, le peuple y subissait par l'entremise du terrorisme administratif qui s'érigeait en mode de gestion, le joug des barons. Il sombrait dans la tourmente.

Il n'y avait plus d'équilibre entre le passé et l'avenir, entre l'Islam originel et l'Islam «sur mesure», entre l'iniquité et la justice sociale. Cette régression y était-elle une fatalité ? Sinon, comment expliquer que le pays qui semblait, à l'orée de l'indépendance, résolu à arracher sa place dans la tribune des nations et où les défis s'agençaient dans des allures grandioses, avait-il pu déboucher sur un échec magistralement réussi ? Comment et par quelle funeste dynamique, ce pays, aux élites modernistes, s'était-il laissé envoûter d'abord par une répréhensible tentation moyenâgeuse et ensuite par un système politique voyou ?

Tout se tenait dans cette mutation provoquée par des aventuriers incompétents pour la cause et qui s'étaient pourtant inventés «politiciens» et gestionnaires pour enfoncer le pays dans le hasard, l'irrationnel et le chaos. En effet, tout comme le système politique et le régime qui lui était subséquent, les gouvernements qui s'étaient donc succédés, étaient insouciants, incapables et velléitaires, jouisseurs et accaparateurs. Ils se contentaient de se continuer dans la gabegie. Ils faisaient dans la gestion à sens unique, à l'emporte-pièce, sans lien social. Mieux encore, à cette débilité politique avait adhéré tout un attelage mercenaire, (un tout venant d'intellectuels, de financiers et de négociants), qui s'était particularisé par une absence de lucidité et de conviction et pour lequel, l'attrait du pouvoir et de la domination était irrésistible.

Avaient apparu alors, l'esquive devant le travail, la tricherie comme moyen de survie, l'arrivisme comme finalité, l'hypertrophie bureaucratique comme mode de gestion, la fuite en avant comme solution et autant de dynamiques négatives qui, s'autofécondant à la faveur d'un déni d'Etat manifeste, s'étaient exacerbées jusqu'à atteindre leur paroxysme.

Conséquences, des antagonismes et des conflits avaient débouché sur une perversion tous azimuts.

Moralité, la société algérienne qui était tantôt bercée par l'espérance, tantôt par la désillusion, avait fini par passer d'une société légendaire à une société qui, faute de mieux faire, s'était résolue à tricher avec les pesanteurs bureaucratiques et les asphyxies réglementaires.

Face à cet éclatement belliqueux, ce que le système croyait être sa bénédiction, ce que le régime croyait être sa clémence et ce que le pouvoir croyait être son salut, allaient consacrer cette providence que des aventuriers insatiables et en mal de méritocratie recherchaient à en perdre le souffle. Les avantages et les privilèges et surtout les dividendes à tirer du partage de la rente, étaient l'enjeu majeur. Moralité, se défaire de cet instinct animal qui affectait leur comportement, faire semblent à tout le moins de remédier à l'impasse politique et économique patente et exponentiellement préjudiciable pour l'avenir du pays et juguler cette précarité sociale qui s'érigeait en domiciliation finale de la population, n'était pas et ne sera jamais à l'ordre du jour tant qu'ils gouvernent.

Un péril extrême menaçait l'Algérie. Le spectre de l'effondrement de l'Etat avait pris forme. La folie prédatrice des uns, (accaparement des richesses de la collectivité), les calculs égoïstes des autres, faisant le jeu des ingérences extérieures, poussaient l'Etat à l'éclatement et la nation vers sa disparition. Des pans entiers des institutions étaient en phase de rupture avec la légalité constitutionnelle à telle enseigne que la sécurité des biens et des personnes leur échappait. Les atteintes à leur égard étaient manifestes. Les démons de la violence, de la division et de la perversion tous azimuts, (corruption, malversation, collusion, gabegie et mensonge), avaient orchestré une tragédie dont seuls les plus humbles acquittaient le tribu.

Le gaspillage et les détournements des moyens de la collectivité y étaient légion. Le travail, l'effort et la rigueur y étaient gravement altérés. Le mérite, en tant qu'investissement, y était relégué à un second ordre. La dépendance de la ressource énergétique y était aliénante. La configuration des relations économiques dans le cadre de la mondialisation, de l'accélération du progrès technologique et de l'intensification de la concurrence entre les nations, ne pouvant y prendre forme, y était un handicap, un facteur de régression supplémentaire. Le monde du travail souffrant de l'incompétence des managers, n'y offrait pas un cadre adéquat à l'initiative, à la création de la richesse, à la prospérité pour tous. (A propos des managers. La plupart d'entre eux, emboîtant le pas à la scélératesse des sous sociétés perfides en place, (politiciens, administrateurs, leurs sous-traitants et leurs ayant-droit), ne pouvaient pas faire avec l'omniprésence du futur où il faudra compter avec ses incertitudes et prendre acte de ses enjeux et de ses défis. La précarité des conditions socioprofessionnelles et la contractualisation « folklorique » et débridée aggravaient le chômage. (Les instances financières internationales ?Banque mondiale et FMI- s'érigeant en tuteur posait le problème du pilotage de la croissance économique, en termes de qualité, entre autre par la promotion de stratégies de développement appropriées et par la réhabilitation du mérite), ce qui faisait lourdement défaut.

Au 12 Décembre 2019, la société algérienne était donnée en pâture au bon vouloir de mal venus qui, se targuant de porter l'indépendance économique, le nationalisme sourcilleux, la justice sociale, (alors qu'ils n'en étaient que la face hideuse), voulaient en faire une offrande à l'erreur. Les valeurs faites de liberté, de dignité et de raison, nourries à la fois par le discours sectaire des uns et moribond, des autres étaient en phase de sombrer. Moralité, l'inadéquation système politique / société était éloquente. Les contradictions s'étaient accumulées. Le discours s'était usé. Faute de capacité et de volonté de bien faire, on raccommodait. Conséquence, l'Algérie était devenue un ghetto de l'absurde», un espace géographique où régnait une schizophrénie collective.

Alors que la préoccupation nationale devrait être le respect des dispositions institutionnelles et juridiques, des humanoïdes aux visées hégémoniques et dont le souci était de comptabiliser des alliances, souvent contre nature, (le pouvoir et l'argent étaient l'enjeu de la cause), n'admettaient pas que l'empreinte qu'ils avaient imprimée au mode de gestion qui était le leur, soit transgressée, quand bien même cela aurait pu être une nécessité pour inscrire l'Algérie dans une perspective de croissance économique et civilisationnelle mondiale. L'essentiel, c'est-à-dire la promotion de la croissance économique et civilisationnelle était donc prohibé puisque l'Etat était en phase d'être privatisé.

En effet, le débat sur les moyens à mettre en œuvre pour promouvoir la croissance économique et sociale nationale devant être sanctionné par une convention cadre qui mettrait le peuple algérien à l'abri du besoin, était par conséquent biaisé. C'était donc du «folklore», une vulgaire diversion, une autre tactique pour acheter la paix sociale. La forme de débat qui eut lieu était orchestré par des courants politiques sponsors, en l'occurrence le FLN et le RND qui furent rejoints plus tard par d'autres soucieux d'arracher, à leur tour, une parcelle de pouvoir. Voltes-faces, tergiversations et diversions, voilà les seuls faits glorieux dont pouvaient se prévaloir la classe politique algérienne et son élite périphérique à un moment crucial où la vie nationale était marquée par une grande confusion.

Sous l'emprise d'une espèce de désir immodéré, d'une aliénation, «gouverner que çà coûte ce que çà coûte», le système politique et ses satellites avaient frustré les ambitions de la société, laminé ses aspirations, grossi ses besoins et affûté ses contraintes. Ils se targuaient du pouvoir de répondre au souci de son instinct de conservation fortement ébranlé par les aléas de la vie générés par des équilibres instables, (à l'instar de la planche à billets de Ouyahia), qu'ils avaient fomentés et qu'ils n'avaient pu gérer. Les aléas en question étaient en l'occurrence, une inflation galopante, une paupérisation de la classe moyenne érigée en hygiène de vie, une croissance économique qui n'arrivait pas à décoller, un taux de chômage non maitrisable, une structure du marché du travail fortement bouleversée, une fiscalité qui s'imposait aux petites bourses et qui épargnait les grosses fortunes, une sécurité sociale absente, une couverture sanitaire inconséquente, un système éducatif des plus délétères. Pour ce faire, ils ne trouvaient pas meilleur dérivatif que de tirer sur les cordes de la citoyenneté qu'ils avaient pourtant mille fois apostasiée. Cependant et alors qu'ils étaient le cocktail de l'échec algérien, ils osaient appeler, à chaque fois que l'occasion se présentait à eux, le peuple à trouver son salut en se fondant dans leurs rangs. Mieux, ils s'autoproclamèrent les architectes incontestés de l'expérience républicaine algérienne, alors qu'ils n'en étaient que la face inversée. Ils le convièrent même à l'élaboration et au parachèvement de celle-ci, sous leur emblème. Leur objectif était d'achever, sur l'autel de leurs lubies, ce peuple dont les ambitions dépérissaient en désirs épars.

L'embrayage sur le développement durable sans cesse radoté par le discours rotatoire des trublions malintentionnés, s'était figé dans la promesse et sans plus.

Le système politique en place et ses alliances, support de tant d'exclusions et de déviations reproduisaient, à profusion, les malentendus et entretenaient l'illusion en se dissolvant dans un chantier permanent d'innovations sans mémoire, sans pour autant faire l'effort de se hisser au niveau des espérances de la cité.

Au 12 Décembre 2019, le pouvoir occulte, (celui qui décidait et qui ne gérait pas), et par souci de perdurer voire, de s'éterniser, cultivait le «wait and see», cette hésitation qui lui permettait d'entretenir le vide politique qui sévissait, histoire de gagner du temps pour se «retaper» et reconquérir la confiance populaire. La nécessité de respecter la déontologie qui devrait animer la mission de gouverner et l'irréversibilité des fondements républicains, n'était pas la préoccupation de l'heure. La priorité était de négocier la stabilité de son autorité, de jour en jour menacée quitte à promouvoir la jonction avec les détenteurs des capitaux mal acquis qui paraissait comme un atout à jouer.

Alors que l'opacité de la vie politique en Algérie s'épaississait, alors que ceux qui l'animaient, s'évertuaient toujours à brouiller les cartes, à torpiller la déontologie qui devrait animer une gouvernance créatrice de renaissance, à mettre sous l'éteignoir les expertises que recèle la jeunesse algérienne et à manipuler les valeurs et les constantes nationales authentiques pour en faire une sorte de valeurs boursières politiques, des sectes d'algérianoïdes en mal d'argent et de domination, alimentaient le malheur des jeunes pour mieux s'en servir. Ce qui était à craindre, c'était le risque d'une dérive qui pourrait affecter les institutions nationales encore valides, à l'instar de l'armée nationale populaire et les menacerait d'effondrement à leur tour.

A propos des jeunes. Parce que marginalisés politiquement, exclus socialement et délestés de leurs repères par une déculturation programmée, ils étaient affectés en priorité. Transformés en victimes expiatoires, ils étaient mis à la merci d'aventuriers dont la mission était de les «anesthésier». La raison de l'autorité de leurs sponsors l'exigeait.

Les Algériennes et les Algériens, meurtris par la profondeur de la crise, exprimaient leur lassitude face à l'arbitraire nourri par les uns et par les autres qui, se faisant les vigiles zélés du présent et de l'avenir du pays, les réduisaient à un état d'ilote et continuaient et au mépris du désarroi sévissant à s'ériger en pôle d'idées forces et même, en conscience nationale.

Au 12 Décembre 2019, l'Algérie était un pays où la mal vie se jouait à guichets fermés. Elle était en proie à de dures épreuves marquées par le déchaînement des pactisans de la haine, par la détresse de larges couches de la population qui s'abreuvaient à la lie du désespoir, de la précarité et de l'angoisse et par le désarroi de milliers de jeunes en échec scolaire, confrontés au chômage, à l'absence de perspectives d'intégration et exposés au spectacle de la dégradation de leurs valeurs citoyennes.

Des pratiques aventuristes y avaient exacerbé les frustrations et les antagonismes au sein de la société, fissuré sa cohésion, affaibli l'Etat, dégradé la confiance de la nation en elle-même, dévoyé la réalisation du droit de chacun à la dignité.

Au 12 Décembre 2019 et subissant le diktat du dogme et à la faveur d'une stérilité éducative et culturelle qui disait son nom, « la sinistrose », les Algériens et les Algériennes se contentaient de rechercher ailleurs qu'en eux-mêmes, une façon de vivre leur citoyenneté et leur foi pourtant millénaires. La régression qui les assiégeait était telle que le monde les avez « vomis », c'était aussi simple que cela !

Au 12 Décembre 2019, la disponibilité financière de l'Algérie n'avait fait qu'entretenir une croissance de façade. La rente pétrolière privatisée du reste, créait l'illusion du décollage économique et social, mais la chute du coût du baril de pétrole conjuguée dans une production hors hydrocarbure négligée et même reléguée à un second ordre, avaient fini par révéler l'ampleur du désastre et par le vivifier.

La crise économique algérienne était le produit d'une option doctrinale de la centralisation de la décision. Cette centralisation était décidée à dessein. (La main basse sur l'économie nationale était de mise). L'économie souterraine, favorisant la pêche en trouble, était née. (La pêche en eau trouble ne pouvait être que juteuse). Obnubilés que par le profit personnel, les acteurs du système politique d'alors, aspiraient à ficeler, en deux temps trois mouvements, un plan diabolique. Faire en sorte que les entreprises publiques déposent leurs bilans et les racheter ou se rabattre sur un programme d'importation boulimique. Quel génie ? Quelle prouesse ?

Sous la houlette d'une économie dirigée mise en place à cet effet, les entreprises d'Etat s'étaient mises à vivre au jour le jour. Soutenues par le trésor public, elles ne craignaient pas la sanction budgétaire. Assistées, elles devenaient, peu à peu, sans capacité réelle de décision. Dès lors, la référence à la notion de productivité, de compétitivité et au respect des délais et des normes de la qualité de mieux en mieux transgressée devenaient de plus en plus le benjamin de leurs soucis.

Le déficit en matière de productivité et d'engagement allant crescendo, l'auto suffisance nationale prenait de plus en plus de distance. Le recours à l'importation s'imposait alors comme si c'était un objectif voulu. (A titre d'illustration, le programme anti pénurie du Président Chadli Bendjedid, (PAP), s'inscrivait fatalement comme la condition sine qua non de la survie de l'Etat). Le tour était magistralement joué. Notons que l'importation, même celle des détritus, profitant à des arrivistes de tous bords, sans compétences ni qualifications et surtout, sans remords ni scrupules, à des arrivistes qui s'étaient faits les promoteurs ardents du fameux 10 %, en avait fait une génération spontanée de richissimes sans foi ni loi.

Parallèlement au programme de l'importation, grand nombre d'entreprises publiques étaient dissoutes, beaucoup d'autres étaient restructurées pour être affaiblies. D'autres, à l'instar de Sonatrach ou d'Air Algérie étaient candidates potentielles à la vente. j'allais dire à la cession !!

La promulgation de la loi portant autorisation d'importation sans paiement, favorisera l'établissement des fameuses connexions politico-mafieuses. Une économie totalement incertaine céda alors la place à cette économie souterraine générée par un commerce douteux et spéculatif désormais chasse gardée de la mafia algérienne qui, pour s'enrichir, endettera le pays jusqu'à le mettre à genoux. L'économie nationale algérienne devenait de plus en plus aléatoire et surtout instable.

Le monopole du commerce extérieur aux mains de ceux qui, forts de tous les liens, s'étaient inventés ses seuls ayants droit, allait saigner les caisses de l'Etat. En conséquence, de l'aggravation du taux de chômage, de l'inflation galopante, du marasme de l'appareil de production, les Algériennes et les Algériens en cuvent aujourd'hui la lie.

La baisse des investissements productifs, (depuis 1986 ?choc pétrolier-), était la résultante de l'aggravation du taux de chômage et de l'inflation. L'Appareil de production était en plein marasme. Le service de la dette extérieure absorbait les 2/3 du revenu des hydrocarbures. Conséquence, tous les indicateurs économiques étaient au rouge.

Au 12 Décembre 2019, l'économie algérienne était en manque d'objectifs et souffrait de l'absence de cohérence dans les mesures arrêtées par les diverses réformettes ficelées en deux temps trois mouvements.

Tous les efforts ont été, tant bien que mal, concentrés autour de la restauration des équilibres macro économiques que la crise de l'énergie avait gravement compromis. Le déficit budgétaire était important, étant donné la disparité des recettes. La réduction des réserves de change était significative, d'où la pression sur les taux de change du dinar au marché interbancaire. L'investissement national était complètement bridé. Le découvert bancaire était traditionalisé comme moyen de survie des entreprises qui avaient fini par adopter le principe de la compression des personnels comme solution salvatrice, donnant de la sorte des pans entiers de la société aux injures de la débrouillardise.

La récession économique avait donc incontestablement amoindrit l'indépendance économique du pays et altéré sa souveraineté politique. Le chômage et l'extension de la précarité sociale, la frustration et la déconvenue, exposaient inéluctablement la société aux périls du désespoir.

Par souci de pallier ce risque qui s'exponentialisait, on avait tenté l'effort d'embrayer sur une économie ouverte, une économie soumise aux mécanismes du marché. Mais à la demande expresse des connexions mafieuses qui s'opposaient au démantèlement des monopoles qu'ils détenaient, rien ne fut. On continuait donc à faire dans la consommation stérile et aliénante de ce qui restait de la rente, dans cette économie de bazar qui a pris corps dans le comportement et dans la mentalité des Algériennes et des Algériens. En sus de cela, les contraintes procédurières et les lourdeurs bureaucratiques entravaient l'essor de l'investissement. Ils l'éloignaient même. Par ailleurs, la restructuration industrielle, devant être résolument mise en œuvre, n'avait pas été clarifiée dans ses options. Les conditions organisationnelles de la gestion compétitive des entreprises stratégiques à fort potentiel d'entraînement sur l'économie nationale, ont été, de connivence, occultées. La législation fiscale devant être un moyen efficace de lutte contre la corruption, ne concourait pas à la réorientation du capital national privé et à une meilleure gestion des gisements fiscaux. Cela était dû à une administration fiscale qui était interdite des réaménagements appropriés et en conformité avec les orientations d'une législation débarrassée des pratiques malsaines et qui décourageait nombre d'initiatives autant malsaines.

Le redressement qu'on prétendait promouvoir, était surtout fait de désordres aggravés. Les incapables et les opportunistes étaient nombreux dans les hautes sphères de l'Etat. Le louvoiement était de mise.

Garrottés par des privilèges mal acquis, mis au pas par la logique de les conserver et faute de lucidité et de volonté, les tenanciers des rennes du pouvoir ne pouvaient repenser un Etat avec des buts nouveaux, (ou à la limite revus au profit d'un zeste de considération pour le peuple), avec d'autres acteurs, avec d'autres mécanismes socio économiques qui préluderaient un semblant de meilleur «avril». Ils ne pouvaient extraire leurs discours politique de la démagogie et redéfinir les règles du jeu économique avec, ne serait-ce que moins de désinvolture. Revisiter les besoins de la société, ne les préoccupait nullement.

L'Algérie enfermée dans un univers clos, les responsables politiques, administratifs et économiques s'occupaient à répéter des slogans dépassés et vides de sens. L'inégalité des classes était de plus en plus franche. Les gouvernements qui se succédaient, faute de culture de l'Etat, n'avaient pas de prise sur la réalité, encore moins d'ascendant sur la population. Pis encore, ils confondaient ascendance sur la population et le mépris à l'égard de celle-ci. Se laissant aller sur la pente de leurs imaginations fécondes en subtilités superflues et de leurs impulsions primaires, ils désorganisèrent l'Etat en faussant ses mécanismes. Conséquence, quiconque disposait de ressources financières, de capacités matérielles, de dynamique alimentée par l'appartenance à l'oligarchie et donc, de rapports de force, pouvait s'investir dans la spéculation et les activités occultes. Le profit étant énorme et facile à réaliser. Système D, trafic d'influence, collusion avec les décideurs et corruption des contrôleurs, passe droits rétribués et services illicites, étaient en tête d'affiche.

Tout était entrepris en marge de la légalité alimentant en continu l'économie de l'ombre. L'économie officielle dysfonctionnante, était de plus en plus décalée par rapport à la réalité des marchés. Tout fonctionnait comme si l'Algérie n'avait jamais disposé d'entrepreneurs honnêtes et prévoyants, comme si elle n'avait enfanté que des malfrats, comme si, subissant les affres du naufrage dans lequel elle sombrait inexorablement, elle ne comptait plus que des attardés, des sourds et des indifférents à la prospérité nationale.

Les entreprises publiques s'étaient installées dans l'engourdissement. Le libre développement des activités privées qu'on chantait sur tous les toits et par toutes les fenêtres, au lieu de s'être limité à faire des bénéfices scandaleux en usant de toutes les perversions et de toutes les malversations, aurait pu être le meilleur gage des entreprises d'Etat, de leur efficacité et donc, de leur longévité, un lieu de sous-traitance qui leur aurait évité les surcharges internes, une source d'approvisionnement et de débouchés pour leurs produits, une complémentarité bénéfique pour le développement des occasions d'investir et de produire.

Profitant de l'incapacité des gouvernements qui avaient été aux commandes à réguler ses appétits devenant de plus en plus féroces, le secteur privé, dans sa quasi-totalité, avait versé sans aucune morale dans la collusion avec les responsables, (toutes hiérarchies confondues), dans la spéculation sur la devise, sur le marché extérieur, dans la contrefaçon, dans l'importation des détritus des autres, (pièces détachées usagées et friperies), dans la fuite des capitaux. Il avait contribué, de facto, au grossissement du flot de frustrations et des victimes et surtout de la paupérisation et de la vie chère. La libéralisation tronquée avait débouché sur une économie trouble, résolument tournée vers l'extérieur mais sans profit pour le développement national.

Le commerce extérieur qui était du monopole de l'Etat, était devenu le monopole de personnes qui se conformaient à une « certaine » loi de façon à ce qu'on ne puisse pas leur demander des comptes. Ce n'était là un secret pour personne. Les banques étaient le foyer où proliférait le mal. A titre d'illustration la banque de développement local ne déboursait pas un sous pour un développement local mais offrait tous les fonds pour l'importation. Pourquoi ? Parce que le développement local exige de la banque dix ou quinze années pour récupérer ses fonds et ses intérêts. En revanche, lorsqu'il s'agit d'importation, elle récupère ses fonds aves un taux d'intérêt de 10 à 12 %, en l'espace de trois mois. (Permettez-moi cette grossière indulgence !!)

En conséquence, es avantages du pouvoir et de l'argent accumulés à l'ombre d'une économie spéculative déchaînée, avaient donc favorisé l'émergence d'une élite de nouveaux riches qui, pour contourner la rigueur de l'austérité et vivre à l'aise, s'était jetée dans la corruption, la malversation, la prévarication.

Au 12 Décembre 2019, le constat en termes de dépendance de «l'autre» et d'assistanat, était terrifiant. Le Made in consacré référence, était devenu un mythe. Les méventes de l'Occident et de l'Extrême Orient faisaient le bonheur des arnaqueurs. (A titre d'exemple, les importateurs de sandales chinoises, entre autre). Ces derniers, sans scrupules mais forts du cachet de l'honorabilité dont ils avaient été «décorés» sic !, demandaient à ce que leur commerce, relevant du trafic « légal », (piocher dans les poches des vulnérables pour grossir leurs fortunes colossales), soit régi par des textes plus cléments et qui leur faciliteraient la tâche. Certains malfrats en charge de pouvoirs publics, (faisant dans le légendaire 10%), soucieux soit disant du pouvoir d'achat du citoyen qui rétrécissait comme une peau de chagrin, gonflaient l'offre pour réduire la facture du ménage. Ils ouvrirent de la sorte les frontières au «tout venant» et gavèrent les Algériennes et les Algériens de friperie, de taiwaneries en tous genre et d'autres Algériennes et Algériens, de jets ?ski, de matériel électroménager Hi Tech etc? .

Il n'est donc pas étonnant, dans ces conditions, que l'échec algérien ait été au bout de la route, que les citoyens se soient démobilisés et qu'ils aient cherché leur salut dans l'opportunisme. Il n'est pas étonnant, non plus, que l'Etat ait été conduit à l'immoralité, à l'impuissance. Il n'est pas étonnant qu'il ait laissé pour compte la société devenue la victime expiatoire d'accaparateurs. Ainsi, il n'est pas étonnant, du tout, que les institutions de l'Etat soient aujourd'hui discréditées et devenues le siège de sinécures, de laissé aller, d'incapacité, de faveurs spéciales, de détournements des biens publics.

L'Etat a perdu sa capacité d'action et de réaction. Incapable de mettre les citoyens à l'abri du besoin, encore d'apporter des solutions aux problèmes qui les assiégeaient. Etre le rempart face aux forfaits majeurs et aux dénis intolérables qui les persécutaient, c'était trop lui demander parce que cela n'était pas dans ses cordes. L'effort d'organisation, l'application des méthodes rigoureuses de gestion et la promotion de la qualité des hommes n'étaient donc pas perçus comme des impératifs.

A propos de la qualité des hommes. L'attribution des responsabilités était personnalisée, népotisée, clanifiées, régionalisée, tribalisée même. Ces travers ont montré que l'Algérie ne pouvait s'offrir le luxe qu'au bénéfice de la médiocrité.

La boulimie réglementaire était devenue pour la mafia politico financière, un moyen de tout régenter, d'imposer son autorité, de marquer son territoire. On décrétait «à tout va», sans se préoccuper du suivi et des modalités d'exécution. Tout se compliquait. Les procédures se multipliaient et se juxtaposaient. C'était là un moyen de ponction lucratif pour qui détenait un tampon, une signature. Les exigences en matière de pièces et de conditions pour la constitution d'un quelconque dossier administratif, prenaient l'allure d'un parcours du combattant. Les responsables et leurs parrains, les décideurs et leurs sous-traitants, avaient fini par croire qu'ils pouvaient tout faire, y compris outrepasser la loi. La population anonyme était livrée à l'autoritarisme le plus humiliant, même celui des petits Chefs

L'Etat de droit n'était pas le souci de la hiérarchie iconoclaste qui manquait, en sus de la culture de l'Etat, de culture citoyenne. Seul l'exercice de la domination et les privilèges qui lui sont sous jacents, retenaient son attention. L'Etat de « non droit » qu'il était, avait évolué vers le discrédit et la sclérose. Tout projet mobilisateur était consacré hors la loi. Subissant le joug des médiocres, il était incapable de faire face à ses responsabilités. Il se contentait de bloquer les initiatives, de priver les citoyens de leurs droits et d'annihiler leurs possibilités. Il était l'expression de la désorganisation et du laxisme, plutôt que celle du choix politique. Le flou et l'incertain dominaient son fonctionnement. Il n'avait plus de conduite à tenir claire. La porte était ouverte à la connivence, à l'influence, au pourrissement. Bloqué, infesté et scélérat, il était devenu étranger pour la société qui le rejetait. Le personnel politique n'avait plus de crédit. La chose publique ne valait plus rien. L'esprit de décision s'était étiolé. La grande corruption et l'abus des facilités s'étalaient sans vergogne. L'argent facile et sale occupait le terrain.

Au 12 Décembre 2019 et alors que la justice devait être la pierre angulaire de la régénération continue de l'Etat et assurer en permanence, le resserrement de la cohésion sociale, l'Appareil judiciaire était miné, incompétent, partial, corrompu. Au lieu d'être un élément de rétablissement de la confiance des citoyens envers l'Etat, la justice en Algérie, par les faiblesses qui la caractérisait, contribuait au contraire, à aggraver le fossé et le manque de confiance qui affectait les rapports de citoyenneté.

En effet, tout le monde n'était pas logé à la même enseigne devant la justice algérienne. Les citoyens brimés et abusés n'attendaient plus rien des tribunaux, sauf des décisions injustes ou encore, passer le plus clair de leur temps à chercher les moyens d'influencer les juges. Ne jouant pas son rôle de régulatrice, elle réfléchissait une image déviante de l'autorité. Elle aggravait de fait le sentiment de méfiance du citoyen à l'égard de l'Appareil de l'Etat.

Au 12 Décembre 2019, l'habitat faisait encore et toujours la déception des Algériennes et des Algériens. Le déficit enregistré était le résultat de la démultiplication de la carence générée certes par le double effet de la démographie galopante et de l'exode rural, (enclenché depuis 1965), mais aussi et surtout, la carence générée par un «choix» des bénéficiaires. (Vous trouveriez dans une liste d'attribution des logements sociaux particulièrement, des jeunes filles, des recommandés, des commerçants, entre autres)

Ce déficit s'en est allé en s'exponentialisant sans pour autant sérieusement considérer des palliatifs appropriés. Le dogmatisme bureaucratique, les agissements néfastes des promoteurs de «la pêche en eau trouble», l'absence de planification et l'incapacité des officines chargées des études et de la réalisation, se conjuguant l'un dans l'autre, allaient consacrer la faillite de l'avenir de la politique du logement en Algérie.

Au 12 Décembre 2019, le secteur de la santé publique était déjà en panne. Les équipements insuffisants étaient mal répartis. L'organisation était déficiente ; conséquence, les hôpitaux étaient de grands mouroirs et subissant le principe de l'inertie, ils le sont encore de nos jours. On avait multiplié les petites unités, (dispensaires, centres de santé et autres polycliniques), sans pour autant les pourvoir en capacités d'intervention, (médecins et équipements). Le système était quasiment détérioré. La prévention était défaillante pour ne pas dire nulle. Des médecins compétents et jaloux de leur mission se battaient au quotidien avec une administration qui ne savait rien faire d'autre que « d'éteindre le feu ». La décrépitude du secteur de la santé publique était à l'affiche. Comme le secteur de l'habitat elle donnait l'image d'un service à deux vitesses, l'un pour la nomenklatura et les riches qui avaient droit à des égards, aux meilleurs soins, qu'ils soient en ambulatoires, sous contrôle ou en milieu hospitalo-universitaire ou même, à l'étranger, et l'autre pour la masse qui devait se battre pour enfin, se contenter de l'à peu près.

Au 12 Décembre 2019, la jeunesse était la frange de la population la plus blasée. Alors qu'elle était choyée par Boumédiène, le système de Chadli afficha, à son adresse, une passivité délibérée, une totale indifférence. Depuis, elle fait les frais de tous les dérapages et de toutes les dérives. La détérioration de l'éducation et l'échec scolaire qu'elle charriait, les faux-semblants et leurs impasses la giflaient à tous les coups. Les dysfonctionnements de l'économie l'ont fortement pénalisée.

Plus de 80% de la population algérienne sont une génération post indépendance. Ils n'ont pas connu la guerre de libération. Ils ne se reconnaissent pas dans la nouvelle répartition des privilèges, fils de chouhada, fils d'anciens moudjaheds, fils de membres de la famille révolutionnaire, fils de ministres?. . Ils ne collent pas avec un paysage politique imposé par les caciques. Ils savent que l'aisance, dans leur pays n'est souvent qu'un rêve. Cependant, ils refusent l'injustice sociale et la politique des privilèges. Leurs aspirations sont logiques et légitimes, un toit décent, une éducation de qualité, une formation sérieuse, une couverture sanitaire de base efficiente, un accès équitable au marché du travail, la disparition de la bureaucratie, un environnement administratif moins agressif.

Or les passe-droits et les combines, les jeunes les subissaient. Les logements n'étaient pas pour eux, ou du moins pas pour beaucoup d'entre eux. Souffrant atrocement du vide, ils s'adonnaient à leur nature de débrouillardise. Confrontés à leur détresse par une éducation absente et par une culture asthénique, ils n'avaient plus de repères. Conséquence, ils n'avaient presque plus d'éthique. Ils ne rencontraient pas le moindre mouvement mobilisateur qui leur offrirait ne serait-ce qu'un semblant d'ambitions. Ils se contentaient d'assister à leur dévalorisation. Ils ne pouvaient trouver meilleur dérivatif. Au lieu d'être l'avenir du pays comme on aimait le ressasser, ils étaient devenus le reflet de leur propre échec, le concentré de leurs désillusions.

Au 12 Décembre 2019, par manque d'objectifs et d'adéquation entre ses objectifs éducatifs et culturels, le système éducatif et culturel algérien continuait à se désengager de sa mission d'éduquer, d'instruire, de former et de qualifier pour s'occuper, comme d'habitude de tâches périphériques et se désagréger en missions improvisées, (réformettes), ce qui avait fini par avoir raison des généreuses ambitions qu'on lui voulait.

Entré en vitesse de croisière dès 1980 et pilotée, comme à l'accoutumée, par un personnel potentiellement générateur de frein, la machine n'avait fait que débiter ses dysfonctionnements, ses insuffisances et ses cohortes d'exclus. Conséquence, l'Algérie risquait et risque toujours, si elle ne prend pas de décisions appropriées, de se vider de ses compétences.

L'appauvrissement du système éducatif et culturel, le dogmatisme, la rupture avec l'innovation, les mutations technologiques et l'ébullition culturelle qui animent le monde du troisième millénaire, avaient conduit l'Algérie à l'enferment intellectuel, à l'isolement socioculturel, au repli sur soi, au refuge dans des valeurs frustes et dépassées et, de fait, aux contradictions sociales qui, s'entrechoquant dans un bruit discordant, n'avaient fait que rajouter le désordre au désordre.

Subissant les méfaits des siens, l'école algérienne donnait annuellement en pâture aux injures d'un monde auquel il ne leur sera pas aisé de résister des milliers d'Algériens sans compétences générales et sans qualifications spécialisées.

Au 12 Décembre 2019 , l'Algérie était malade, malade dans son administration, malade dans ses institutions, malade des pratiques à large échelle, du passe droit, du clientélisme, des abus de force et d'autorité, de l'inefficience et de la vanité, des privilèges inconsidérés, du gaspillage et des détournements impunis des ressources collectives, de toutes les circonstances qui ont affaibli l'esprit civique et la nation, éloigné des compétences et des probités dans la gestion des affaires communes et perverti gravement le sens de l'Etat et du service public.

L'Etat était malade, parce que le régime qui l'incarnait était structuré autour de clans dont les intérêts et les pouvoirs n'étaient pas exprimés par ses représentations officielles. Par souci de perdurer, il a choisi de se nantir de gouvernements sans prérogatives ni mission précise, de gouvernements qui feront office de pare chocs.

Les insuffisances qui s'étaient égrainées lors de la prise en charge du projet post-révolution et qui était modernisateur par les médiocres, avaient semé la désillusion et la frustration. Sur les dérives et les déviations que celles-ci enkytèrent, s'incrustèrent alors le découragement et la déception, lesquels enfantèrent l'amertume, le dépit et même le rejet de la conscience nationale qui, sous la houlette des promoteurs du statu quo et des rentiers du hasard, s'était exprimée à travers une dynamique dévastatrice qui menaça l'Algérie d'une sclérose qui risquerait de l'enfoncer, inexorablement dans les profondeurs des divers classements mondiaux.

Au 12 Décembre 2019, l'Etat algérien était dans tous ses états, le mettre en état cela suppose un Chef d'orchestre, un Président de la République convaincu de sa mission et nanti de toutes les compétences pour ce faire.

Abdelmadjid TEBBOUNE a été plébiscité parce qu'il identifiera à sa juste valeur l'importance de la relation qui doit le lier à son peuple.

Aux commandes des affaires e l'Etat, il ne laissera pas libre cours aux perversions en tous genres, (malversations, corruption, collusion avec les responsables, accaparement des biens de la collectivité, gangstérisme de l'administration, asservissement des jeunes pour les livrer au bon vouloir d'aventuriers sans vergogne et de trafiquants sans scrupules et sans retenue), il ne fomentera pas des équilibres instables histoire de s'assurer une paix sociale. Il protégera la conscience citoyenne, l'effort et la rigueur contre les injures de cette altération. Il veillera à ce que :

- la croissance économique décolle et que l'équilibre socioéconomique soit rétabli avec le maximum de circonspection pour un maximum de chances de succès;

-l'inflation ne demeure plus en tête d'affiche ;

-la paupérisation cesse de s'ériger en affectation définitive ;

-le taux de chômage ne soit plus hideux ;

-la structure du marché du travail ne soit plus bouleversée ;

-la fiscalité s'impose tant aux petites bourses qu'aux grosses fortunes ;

-la sécurité sociale ne soit plus absente, (beaucoup de travailleurs du secteur privé n'y sont pas affiliés) ;

-la couverture sanitaire réponde efficacement aux besoins sociétaux ;

-le système éducatif et culturel soit parmi les plus performants.

Bref ! Il veillera à ce que le cyclone de la mondialisation n'aspire plus l'ambition citoyenne, vivre et évoluer au rythme de l'international, sans gêne et sans complexes.

COMMENT S'Y PRENDRA-T-IL POUR METTRE EN ETAT UN ETAT QUI ETAIT DANS TOUS SES ETATS

Désormais, ceux qui, sous l'emblème du Présiident Tebboune, géreront le sort algérien se mettront du côté du droit, de la justice et de la liberté, ces garants de l'accomplissement du développement durable. Leur objectif cardinal étant de faire dans ce mouvement où le rythme des mutations du progrès est fortement accéléré, ils ne devront pas se perdre dans des conjectures absurdes qui les mèneront à sacrifier, dans une passivité inconsciente et suicidaire les chances de progrès et même d'indépendance de l'Algérie, comme avaient tenté de le faire leurs prédécesseurs. Sous leurs auspices, elle devra au contraire prendre de l'altitude. Elle ne trainera plus dans les divers classements mondiaux.

Si dans un passé récent, elle fut tellement abîmée qu'il y était difficile de regarder vers l'avenir, si le marasme y était réel, dorénavant la délinquance politique, la délitescence sociale et la déliquescence économique qui l'avaient laminée des décades durant, ne séviront plus parce qu'un élan salvateur et un sursaut salutaire, consacrés condition sine qua non, lui éviteront de se placer dans une logique d'exclusion, -déphasage sociétal et culturel et isolement économique- telle qu'elle pourrait être condamnée par l'évolution mondiale à l'arriération porteuse de toutes les frustrations, de toutes les brimades, elles-mêmes porteuse de tous les intégrismes.

Désormais et devant être en mesure de développer, de manière soutenue, une dynamique gouvernementale en matière de développement humain conformément à cette norme universelle qui recommande, «de faire du développement humain le centre des stratégies globales à adopter pour qu'aboutisse le développement de la collectivité»-Reprise-, ceux qui gouverneront le pays ne feront pas dans le diktat ni dans la mise au pas de leur peuple, ni dans son asservissement. Moralité, les droits de l'homme ne seront pas, comme ils le furent, réduits à leur plus simple expression.

Pour construire une Algérie humanisée et débarrassée des germes de l'instabilité sociale et donc, de la menace de l'implosion qui sévissait, une prospective politique porteuse d'avenir devra faire du bien être social tant souhaité, son objectif cardinal. Elle sera sérieusement engagée. La promotion du réflexe critique citoyen en sera l'axe nodal, une « obligation pédagogique ». Cela suppose que les décideurs ne fassent pas dans celle de la pensée unique, du discours unique, du raisonnement unique et ne s'érigent plus en tuteurs d'un peuple parce qu'ils ne le considéreront pas tel un garnement qui aurait grandi un peu comme il le fut par ceux qui ne l'aimait pas. Ils ne mueront pas en une secte, «politiquement primaire», qui s'arrogerait le droit de penser et de décider à sa place. Ils ne tenteront, surtout pas, de formater l'esprit citoyen de manière à ce qu'il soit comme conditionné pour que cette pensée soit forcément axiomatique, à laquelle il faudra donc se référer sans condition. En conséquence, le comportement citoyen qui devra être l'unique contrepoids et l'unique chemin vers la démocratie, ne devra pas être diabolisé et taxé de dangereux comme il le fut. Moralité, aucune répulsion à l'endroit de celle-ci, (la démocratie), sous prétexte qu'elle inflige une gêne à une quelconque autorité, ne sera permise.

S'il fut bafoué dans ses droits et humilié dans sa dignité, le citoyen algérien ne le sera plus. Les promesses que charriait le discours démagogique qui avait, d'ailleurs, fini par abjurer ses valeurs ancestrales, celles faites d'entraide, de solidarité et de probité pour rallier le crédo du «veau d'or», ne seront plus consacrées. Dorénavant, il ne sera plus question dans son comportement que d'achat et de vente, de bénéfices à réaliser, de triches, de combines et de ces transactions interlopes qui alimentaient, dans un passé récent, la prouesse d'un meilleur avenir pour lui, pour les siens mais à l'exclusion de «l'autre». Il sera plutôt question de respect pour la chose publique et d'intérêt pour la nation pour en faire cet «éldorado» où réussir.

Le chômage qui agressait les forces vives, qui les violentait pour les détruire, qui battait des records et qui était l'œuvre conjuguée de ce tout venant de «politiques» trompeurs, de conspirateurs et celle de ce ramassis de corrompus et de corrupteurs et qui avaient fait que « l'éducation, la formation et la culture soient tenues pour des activités de ratés»-Reprise-, ne sera plus une option. Notons que pour ces gens là, l'étalon du succès et de la virilité n'était pas l'esprit qui savait mais l'esprit « hors la loi ». Désormais, le citoyen ne sera plus sommé de survivre accroché à ce salaire de l'humiliation inscrit à l'indicatif de cette dérision dénommée «pré emploi», de vivre caché ou de dépérir par dégénérescence. Désormais, l'étalon du succès et de la virilité ne sera plus ce «hors la loi » parce qu'il ne transgressera aucune règle de l'honnêteté, mais l'esprit qui saura.

Les promoteurs de ce désastre épique, ces renégats qui avaient oppressé le peuple algérien, qui l'avaient volé, qui l'avaient martyrisé, qui avaient des décennies durant, substitué la dictature à la liberté, qui avaient voulu vider son cœur de toute espérance mais qui, tout compte fait et faute d'argumentaires à opposer à leur échec, s'ils ne s'agitaient pas dans leurs errements, ils tentaient de duper les Algériennes et les Algériens à coup de programmes fallacieux, d'innovations sans mémoires et de promesses fantaisistes.

*Directeur de l'éducation de wilaya - Professeur INRE

A suivre