Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Tapering or not tapering ?

par Akram Belkaïd, Paris

C’est l’un des multiples feuilletons qui rythment l’évolution de l’économie américaine et, par ricochet, mondiale. Depuis plusieurs mois, les économistes scrutent les chiffres de la conjoncture pour anticiper un changement de politique de la Réserve fédérale (Fed). Un tel changement, appelé «tapering», se traduirait avant toute chose par la diminution des mesures de soutien de la Banque centrale à l’économie avec, à terme, une augmentation de son taux directeur en 2022. Nombreux étaient les experts qui s’attendaient à ce que ce «tapering» soit annoncé début novembre lors de la réunion de politique monétaire de la Fed.

Ralentissement en septembre

Or, les chiffres récents ne plaident pas pour un tel changement. En effet, en septembre, les créations d’emplois ont diminué à la surprise générale (194.000 emplois nets contre 365.000 en août et, surtout, contre une prévision de 500.000 embauches). Pour mémoire, la création d’emplois est l’un des indicateurs majeurs pour le suivi de l’économie. Aux Etats-Unis, il est même plus important que le taux de chômage (4,8% en septembre contre 5,2% en août et contre une prévision de 5,1%). En effet, ce pays connaissant une forte mobilité des travailleurs, les postes créés reflètent plus la réalité économique que les chiffres sur les demandeurs d’emploi (lesquels sont d’ailleurs souvent révisés).

La réaccélération du marché américain de l’emploi tarde donc à être confirmée. Or, c’est l’une des conditions majeures posées par la Fed pour cesser d’injecter de l’argent dans les marchés. Pour Jerome Powell, président de l’institution, «un bon rapport» sur l’emploi signifierait la mise en place du «tapering» et donc l’enclenchement du processus de diminution puis d’arrêt des achats sur le marché obligataire. Cela sans oublier la hausse de taux qui irait avec afin de contenir l’inflation provoquée par le dynamisme de l’économie.

Mais quelle est la réalité ? Ce qui est certain, c’est que l’économie américaine affiche un visage contrasté qui commence à inquiéter les analystes. D’un côté, des entreprises qui cherchent à recruter et qui, pour garder leurs effectifs, augmentent les salaires, élément fondamental pour réduire les inégalités et les tensions sociales. De l’autre, un nombre de postes créés décevant, une inflation qui pointe le bout du nez et des problèmes récurrents d’approvisionnement en raison des effets de la pandémie de Covid-19.

Rendez-vous en novembre

La Fed se retrouve donc dans une situation compliquée. Doit-elle attendre au risque d’être prise de vitesse par l’inflation ? Doit-elle, au contraire, estimer que les chiffres de l’emploi de septembre ne sont pas significatifs et qu’il est temps pour elle d’arrêter d’intervenir sur le marché obligataire tout en préparant les marchés à une hausse des taux en 2022 ? Une chose est claire : toute mauvaise appréciation provoquera la panique sur les marchés. Le dilemme passionne la presse économique et fait l’objet de débats multiples. Rendez-vous en novembre pour une première réponse.