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Célébration du 67ième anniversaire de notre glorieuse révolution de libération nationale: ériger un mémorial en hommage national aux ami.e.s de l'Algérie combattante

par Mahmoud Chabane*

Le grand peuple algérien s'apprête à commémorer comme il se doit dans la dignité et le recueillement le 67ième anniversaire du déclenchement de sa glorieuse Révolution de libération nationale proclamé le premier novembre 1954.

Il est bien évidentque cette date est et restera pour l'éternité pour tout le peuple Algérien,exception faite de celles et de ceux qui ont tourné le dos aux aspirations de leur peuple (les collabos et les harkis), une date historique qui enrichit positivement notre Histoire plusieurs fois millénaire.

C'est à cette occasion marquante que les algériens unis comme ils ont su le démontrer avec panache chaque fois que le pays le commande, ne man queront pas d'honorer comme il se doit et pour la postérité, toutes celles et tous ceux qui ont consenti le sacrifice suprême, pour mettre hors de nos frontières, les forces de l'oppression et de la colonisation et permettre aux survivants de vivre dans la dignité et la liberté retrouvées, ces choses essentielles pour lesquelles, notre jeunesse et notre peuple ont payé un lourd tribut. Et c'est aussi l'occasion de se rappeler que la justesse et l'universalité de la cause défendue par le peuple Algérien avaient suscité un élan mondial de sympathie et de solidarité qui avait rallié à sa cause des êtres humains (seuls des humains combattent le colonialisme barbare) de toutes nationalités, religions, couleurs et origines sociales pour, chacun selon ses moyens, l'aider, l'appuyer, la soutenir et la défendre. Il est juste bon de rappeler, à titre indicatif, les actes, apports et soutiens multiples et multiformes que ces ami.e.s avaient apportés à notre glorieuse Révolution de Libération Nationale et qui ont porté sur : transport de nos éminents dirigeants, financement, fourniture de matériels, médicaments et soins..., facilitation des évasions de prisonniers, refus de torturer, refus de charger des armes en partance vers l'Algérie, défense des prisonniers, caches de militants recherchés, actions diplomatiques multiples, actions culturelles et sportives ( jouer un match amical avec l'équipe du FLN soulève le tollé.....etc. et la liste est longue, très longue).

C'est indéniablement la conjugaison des efforts consentis par ces deux acteurs déterminés à en finir avec la colonisation et le déclenchement de notre Révolution de libération nationale qui avaient enclenché le processus inexorable et mondial de décolonisation et d'autodétermination qui ont permis à des Peuples en Afrique, en Asie, en Amérique Latine et dans les Caraïbes d'accéder à l'indépendance.

Il est aisé d'affirmer avec une quasi-certitude que cette date qui a sonné le glas de la colonisation, portée par une diplomatie active et agressive semblable à celle qui avait prévalu pendant la Révolution, aurait pu être célébrée par un nombre impressionnant de pays nouvellement indépendants et arborée sur des édifices, places et établissements publiques de ces pays, mais aussi d'autres pays amis.

Hélas, comme il fallait s'y attendre au regard de la portée historique de notre révolution, admirée par les peuples et maladivement jalousées par des nostalgiques, notre pays ne cesse d'enregistrer depuis son accession à l'indépendance de manière cyclique à la veille de chaque date marquante de notre histoire récente, essentiellement : le 1ier novembre 1954, le 20 aout, le 19 mars et le 05 juillet,des déclarations troublantes faites de manière péremptoire par des personnalités politiques, médiatiques, publiques tapies dans les hautes sphères des institutions de l'Etat sensées servir le pays qui leur a tant donné.

Aussi pour avoir un aperçu sur ce genre de déclarations toxiques qui transpirent le mépris des réalisations d'un peuple laminé par 132 années d'une colonisation des plus barbares qui a besoin d'encouragements pour reconstruire son pays, il est utile de donner à titre indicatifun florilège de celles-ci qui, il faut le souligner, n'ont rien à voir avec des logorrhées prononcées dans un moment d'égarement, de perte de ses esprits ou d'énervement.

En voici les plus significatives que je cite en vrac et de mémoire : «j'ai interrogé les cimetières...je n'ai trouvé nulle trace de l'Algérie», «l'Algérie est une création française», «les pays voisins de l'Algérie ont une histoire plusieurs fois centenaires pas l'Algérie», «depuis 1962 rien n'a été fait», «comme la France avait décidé de se retirer d'Algérie, les américains avaient décidé de quitter l'Afghanistan», «ABANE Ramdane est un traitre...» etc. Et chaque patriote est invité à se remémorer les attaques de cet acabit pour se faire une idée des dangers qui guettent notre patrie et àrester vigilent car les ennemis de l'intérieur qui gangrènent notre pays, identifiables à leurs comportements antinationaux, gravitant tels des charognards autour de gites de corruption, de détournements des biens du peuple, de destructions de notre écosystème, de terres agricoles, de sabotage de notre économie... etc. et bien sûr la traitrise et la lâcheté opèrent cachés, en catimini.

La série, non exhaustive, de questions qui méritent d'être posées est : pourquoi elles ?, quel est le nom de ce virus maléfique véhiculé par ces déclarations (elles sont loin d'être innocentes), qu'ils chercheraient à propager parmi la population à l'affût de la vérité cachée par des dirigeants censeurs ?, à quelle fin ?, qu'est ce qui les brule à ce point pour proférer de tels propos malveillants, vexatoires et affligeants en cherchant à saper le moral de notre peuple empêtré dans sa galère quotidienne ?...etc. Sans faire un procès d'intention, il est indéniable que ces déclarations ne sont pas faites pour aider le peuple à construire son pays. Clairement, ces déclarations convergentessuggèrent implicitement aux enfants de notre pays fragile, qui ne rêvent plus, parce quenon préparés par une écoledétournée de sa noble vocation originelle, que c'était mieux sous la gouvernance Française et que les colons nos bienfaiteurs, sont venus en villégiature pour apporter dans leur besace à leurs hôtes, ces sauvages, le progrès dans tous les domaines et la civilisation.

Cependant et contre toute attente et les règles de bienséance, ce séjour au pays de la qualité (ceci est leur témoignage)qui a, sans se rendre compte, duré tout de même, 132 ans faits d'entente cordiale. Alors, gênés d'avoir abusé de l'hospitalité légendaire de ces indigènes, ils décidèrent en 1962, de leur propre chef, personne ne leur avait demandé de libérer les lieux, de repartir les larmes aux yeux en lançant des «ce n'est qu'un au revoir», comme si de rien n'était !

Ils avaient déjà mis en place les mécanismes du néocolonialisme. Mieux encore, ils avaient nettoyé les lieuxet fait un effort contrarié en ouvrant les calles de leurs bateaux aux harkis et autres supplétifs de la colonisation pressés de se sauver (ils savaienttout le mal qu'ils avaient fait). Un soulagement pour les indigènes devenus à partir du 05 juillet 1962 des citoyens Algériens libres et soulagés de pouvoir revivre. Il faut dire et redire à nos enfants, autant de fois que nécessaire, que les martyrs tombés au champ d'honneurs avaient refusé ; de vivre dans l'indignité et de voir leur descendance subir l'humiliation, les souffrances psychologiques, matérielles de tout un peuple plongédélibérément dans la misère noire. Qu'ils sachent aussi,que tous les ami-e-s de l'Algérie combattante,sonttraités dans leurs pays de naissance, quand ils ont échappé par miracle à la mort, de traîtres et de collabos, (une insulte suprême proférée à leur encontre), avaient tort de chasser ces bienfaiteurs de ce beau pays et de le nommer Algérie !

Aussi, pour étayer cette affirmation (maltraitance de nos amis), il convient de rappeler, à titre d'exemple, quetout récemment, Madame Gisèle Halimi, cette inégalable et exceptionnelle Dame qui avait choisi d'écouter son cœur pour défendre inlassablement, sans fléchir et sans rien céder sur ce qu'elle avait considéré comme juste au point de s'engager à défendre des indigènes, de braver le code de l'indigénat et les pratiques inhumaines de l'administration coloniale vient de subir à titre posthume.

Pourtantproposée comme mesure phare par le fameux rapport Stora à la panthéonisation,elle vient de faire les frais d'une cabale orchestrée par des femmes de harki pour empêcher son entrée au panthéon. Il est aussi intéressant de noter que les pouvoirs politiques français, d'habitude pas si prompts à répondre favorablement à ce genre de requêtes, ont accédé à cette demande en renvoyant aux calendes grecques cette décision trompe l'œil pour faire passer la pilule du «soldat» Stora, par retour de reconnaissance à sa mère patrie.

Hélas, l'ordre de priorité des actions de reconstruction du pays et les événements ayant marqué celui-ci durant ces trente dernières années dont les effets dévastateurs n'échappent certainement pas à tout un chacun, ont sûrement fait que cette question de reconnaissance de l'apport de ces justes qui avaient volontairement choisi de défendre notre cause, n'a pas bénéficié de toute l'attention qui lui est due. De notre point de vue, il est temps de rattraper cette négligence en rendant un hommage national à ces ami-e-s de l'Algérie combattante en érigeant un mémorial qui leur sera dédié par l'Algériereconnaissante. Il est évident que par ce geste hautement symbolique et significatif, il s'agira d'envoyer un message fort à l'adresse des ennemis de notre grandiose pays qui n'arrêtent pas de chercher à nous nuire, particulièrement en ces moments difficiles marqués par des tentatives de déstabilisation, tout en rassurant nos ami-e-s d'hier et d'aujourd'hui que le grand peuple algérien n'oublie pas et n'est surtout pas ingrat à leur encontre.

Il convient par ailleurs de préciser à l'attention de nos potentiels lecteurs, que pour formuler ces propositions, nous avons, en plus des aspects historiques ci-dessus rappelés, pris en compte pour motiver notre démarche, les éléments donnésci-après :

1. Dans notre culture, un ami n'a pas de prix et pour nos aïeux, les amis les vrais, dont les liens noués souvent dans des circonstances difficiles, douloureuses et très inconfortables, doivent bénéficier de plus d'égards, être considérés et accueillis chaleureusement. Cela est d'autant plus obligeant quand ces amis viennent spontanément apporter leurs aides, souvent au péril de leurs vies, mis au ban de la société, stigmatisés,... et ce, de manière désintéressée ; ce qui rend encore plus inestimables et grandioses les gestes les plus modestes, et suscite admiration et respect.

2. Le sanctuaire des Martyrs (Maqam Chahid) construit dans les années 1980 dédié, lui, à nos valeureux patriotes tombés au champ d'honneur pour les immortaliser, qui est là pour aider à résister à la culture de l'oubli instillée insidieusement depuis les années 1980 dans le peuple au point de l'amener à se désintéresser de son histoire et de ceux qui l'ont faite. Il doit nécessairement être complété par la réalisation de ce mémorial de l'amitié appelé, lui, à rendre un vibrant hommage à toutes celles et à tous ceux qui ont combattu aux côtés du peuple algérien et ont porté haut et fort à l'international son désir de liberté, de justice et d'indépendance.

3. Le mémorial dont il est question, qui se veut un lieu de recueillement, d'évocation de souvenirs autour d'idéaux partagés, de ressourcement, de rencontres, de diffusion et de partage de connaissances et de documentations traitant d'un pan entier de notre histoire, constituera à ne pas en douter, la réponse cinglante de tous les patriotes épris de justice, à tous les détracteurs de notre prestigieuse et glorieuse Révolution Armée de Libération Nationale. En outre, ce mémorial ne manquera pas de générer des retombées positives incommensurables sur tous les plans (historique, économique, diplomatique, culturel, touristique) qui seront, sans l'ombre d'un doute, à la hauteur du prestigedont jouissait notre pays avant d'être balafré, dévasté et humilié par des décideurs et gouvernants prédateurs.

4. la réalisation de ce projet d'importance symbolique constitue une manière élégante de signifier à l'ex puissance impérialiste que le Grand Peuple Algérien, fidèle à son héritage culturel, historique, civilisationnel, n'oublie pas les ami.e.s qui, hier, spontanément, l'ont aidé, chacun selon ses moyens, à mettre hors de ses frontières le colonialisme barbare et dévastateur, en leur dédiant un GRAND MÉMORIAL DE L'AMITIÉ symbolisant sa reconnaissance. Il assume toujours son devoir vis-à-vis de ses ami.e.s.

5. Cette initiative qui s'inscrit en droite ligne du grandiose mouvement populaire déclenché en février 2019 qui s'est réapproprié de manière pacifique et civilisée forçant le respect, la considération et l'admiration de tous les peuples, leur Algérie spoliée durant de longues années par des colons d'un nouveau genre dont le seul souci semble être le pillage de ses ressources.Aussi, celle-ci est là pour bonifier l'un des acquis majeurs du mouvement populaire national, en l'occurrence la réhabilitation avec panache de l'Algérien et de la personnalité de l'Algérie éternelle et authentique, celle que nous aimons.

6. Perpétuer le message ou plutôt les messages véhiculés par l'importante et solennelle déclaration du premier novembre 1954, très vite décodée par nos patriotes qui ont pris le relais de leurs ancêtres du XIXème siècle pour résister à l'occupation coloniale et la combattre, (Ils se sont mis en ordre de bataille, armés de leur seule détermination et de leur foi en la justesse de leur cause, pour mener avec détermination l'ultime combat libérateur et émancipateur, avec des moyens pourtant très limités) qui a sonné le glas de 132 années d'un colonialisme barbare, violent et destructeur. À la lumière de ce qui précède, il est aisé de dire et de soutenir objectivement que la meilleure manière de témoigner à ces précieux amis d'hier, à toutes et à tous ces «Justes» notre reconnaissance, c'est indéniablement de symboliser de façon durable cette contribution à notre lutte de Libération Nationale en érigeant un Grand Mémorial qui leur sera dédié pour certaines et certains de leur vivant et pour d'autres à titre posthume.

À l'évidence, toutes nos compétences nationales (architectes, historiens, artistes, bâtisseurs...) y contribueront pour faire en sorte que ce Mémorial soit à la hauteur de l'aide et du soutien multiformes et désintéressés qu'ils nous ont apportés durant toute notre guerre de libération et notre combat pour construire notre pays dévasté et ruiné par plus de 132 ans de colonialisme. Ce Mémorial se doitd'être, un lieu du souvenir et de l'amitié entre les peuples. Il permettra à leur descendance de le visiter pour s'y ressourcer et comprendre la portée historique et humaine du soutien et des aides multiformes apportés au peuple algérien par leurs aînés, ces «Justes» qui n'ont pas hésité un seul instant, à apporter leur contribution à nos combats pour la Libération et la Construction Nationales. Cette réalisation voulue, à ne pas en douter, par le peuple Algérien qui vient de démontrer, à travers son Histoire, ses positions immuables en faveur des causes justes et, très récemment à travers son Hirak historique, son haut niveau de maturité et de résilience saluées mondialement, outre le fait qu'il constituera incontestablement une première mondiale, délivrera des messages très forts à l'adresse des détracteurs de notre pays et rendra encore plus pertinente, la Déclaration du premier Novembre 1954.

À ce titre et, en tant que patriotes soucieux de protéger et de défendre dans la mesure du possible les valeurs fondamentales qui fondent la personnalité de notre Algérie, nous avons jugé important et constructif, mais aussi par devoir de reconnaissance à la mémoire de ces «Justes», de plaider pour l'érection d'un Mémorial National dédié par le peuple Algérien, reconnaissant, aux Ami.e.s de l'Algérie combattante. C'est aussi pour le pays, une manière d'honorer nos valeureux martyrs et de dire sa reconnaissance éternelle et indéfectible à tous ses amis !