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Journaliste : Être ou ne pas être (I/II)

par Belkacem Ahcène Djaballah

Décidément, de nos jours mais depuis un certain temps déjà - en fait depuis l'apparition des réseaux sociaux électroniques et du «citoyen-journaliste» - être «journaliste citoyen» ou journaliste professionnel tout simplement, c'est-à-dire détenteur d'une carte professionnelle (de l'organe employeur au minimum, en attendant mieux, si possible rapidement) et de sa carte d'affiliation à la sécurité sociale (je ne parle pas, ici, des collaborateurs occasionnels comme votre serviteur) respectueux des règles de base universelles de l'éthique et de la déontologie du métier, maîtrisant sa pratique, ce qui lui permet d'être un «ouvrier» de la plume et de la pensée honnête et précis dans son travail de collecte et de diffusion de l'information et d'assumer pleinement les vérités qu'il assume ou assène, est donc un métier à risques. Parfois dangereux (cf. les années roses du néolibéralisme économique et des trafics de tous genres, avec le règne des mafiosi locaux et nationaux) et même mortel (cf. les années rouges du terrorisme). Depuis peu, donc, au nom de la volonté des «mouvements populaires», c'est la «bouteille à l'encre», chacun y trempant sa plume soit pour encenser soit pour «descendre en flammes», mettant de côté tout ce qui peut aider à produire des opinions «éclairées» sur les événements, sur les individus ou sur les comportements. Un «terrorisme» intellectuel (sic !) ne disant pas son nom, chacun inventant son «journalisme».

A la limite, cela peut se comprendre quand l'offensive vient du commun des citoyens par le biais des réseaux sociaux (lequel «citoyen-journaliste», informateur ou lanceur d'alerte, doit, cependant, assumer ses propos et faire face aux sanctions légales s'il franchit les lignes rouges (attention aux autres couleurs : le rouge écarlate, le «vert» et les kakis, c'est selon) lorsqu'il verse dans l'atteinte à la vie privée et intime, à l'insulte et à la diffamation, entre autres ou des arrière-salles des cafétérias. Un comportement mondial qui est né et s'est développé sans retenue à cause, il est vrai, au départ, des comportements autoritaristes des gens des pouvoirs qui, souvent, pour cacher leur incompétence et leur incapacité à gérer les pays et les peuples, s'étaient mis à dresser des barrières de toutes sortes à la liberté d'expression et de contestation.

Aujourd'hui débordés, les Etats de par le monde, y compris ceux occidentaux, dont les plus libéraux, se disent obligés de rechercher et de mettre en place de plus en plus de digues réglementaires (les fameuses «lignes rouges» !) qui, objectivement, arriveront difficilement à contenir les nouveaux tsunamis médiatiques ! Déjà la radio dans les années 50-60, puis la télé satellitaire dans les années 70 et internet et le Iphone aujourd'hui. En ne sachant pas de quoi sera fait demain.

Mais cela est difficilement admissible quand l'offensive vient du journaliste professionnel et assimilé, de la presse papier, de l'audiovisuel ou de la presse électronique ! Quelles que soient son idéologie et la politique qu'il peut défendre en dehors de la rédaction qui l'emploie, une rédaction qu'il a, consciemment (pas facile avec le chômage), on l'espère, choisie.

Le journalisme est un métier qui a ses techniques et ses règles. Le journaliste est une profession qui a son code. Le journaliste -citoyen a son éthique et sa morale au service du seul intérêt général bien compris.»Le journalisme n'est pas une mission, le journalisme est un rôle comme celui du juge, du savant, du philosophe, de l'écrivain ou du poète. Personne ne lui dicte sa conduite. Il la définit par lui-même. Son travail est le fruit de son propre pouvoir intrinsèquement lié au métier qu'il exerce, le métier de journaliste, comme la médecine est le métier du médecin ou l'agriculture celui du paysan. Ce sont des rôles dévolus par la société entière et non par une entité partisane» (extrait d'un texte pris de fb signé Chérif Anane, un ancien journaliste). Tout le reste n'est que commentaires d'individus, militants de leur ego ou d'une cause (et ce n'est pas une tare, bien au contraire, surtout lorsque cela est annoncé) ne satisfaisant surtout que celui qui les écrit et celui qui les lit et/ou les écoute. Le Monde, Le Point, Le New York Times, Al Ahram Le Quotidien d'Oran, l'Eptv, El Moudjahid, Liberté, El Watan, Al Jazeera, Cnews..., etc. y compris.