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Le 29 juin
1992 a été assassiné Mohamed Boudiaf. Des ombres rigides comme celle qui a
couvert son assassin persistent toujours pour obscurcir les vraies raisons de
sa mort, sinon que la disparition de l'homme a donné un coup d'arrêt à un
espoir de normalisation pour le pays, englouti dans le sang et dans la boue.
Peut-être est-il allé trop vite pour rétablir une normalité pour une Algérie où
les tueries et les égorgements étaient devenus monnaie courante. Peut-être
aussi qu'il a été lui-même victime d'un génocide qui s'apprêtait à se
généraliser. On ne le saura sans doute jamais, mais quand l'histoire inscrit en
lettres d'or et retient la noblesse d'un homme, celui-ci ne meurt jamais.
Deux personnes seulement dans son environnement immédiat savaient que Boudiaf ne voulait en aucun cas briguer la présidence de la République et qu'il tenait à rendre les clefs une fois les élections annoncées. Une colère noire avait failli l'étouffer quand on était venu lui recommander de se préparer pour s'asseoir sur le trône de la magistrature officielle en clamant qu'il était urgent pour lui et pour sa génération de céder la place pour un sain et patriotique renouveau. L'Algérie nouvelle, prônée et répétée aujourd'hui, Mohamed Boudiaf fidèle à des principes sains la portait dans sa tête et sur son dos. Doux rebelle, il a été de ceux, rares, qui avaient préconisé un Hirak dans son temps. Il y avait un peu du Mandela dans ses démarches et dans ses pensées et son évidente stature militante était au niveau de sa simplicité et de son humilité. Pendant la révolution et une fois l'indépendance acquise, l'Algérie avait tout à gagner si tous ses compagnons d'armes s'étaient nourris de cette noblesse d'âme et de cet esprit. L'histoire aurait écrit un autre itinéraire national si tous ceux qui avaient manifesté leur bravoure au maquis et en prison, s'étaient délestés de leurs ambitions personnelles au bénéfice de l'intérêt supérieur de la nation. |
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