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L'autre leçon donnée au pouvoir par le mouvement populaire

par Kharroubi Habib

Depuis que les Algériens sont descendus dans la rue pour réclamer le départ de Bouteflika et le démantèlement du système politique qui l'a porté, il n'y a eu entre le pouvoir et ses contestataires qu'un point sur lequel ils ont paru être sur la même longueur d'onde, celui de l'ingérence étrangère.

Des deux côtés l'on a exprimé son rejet en tant qu'attentatoire à la souveraineté nationale et immixtion inacceptable dans l'affaire strictement algéro-algérienne qu'est la crise politique ouverte dans le pays par le refus de son président et de son clan de se soumettre à la volonté populaire.

Mais si le pouvoir a fait mine d'être au diapason sur la question avec le mouvement populaire, il n'en a pas moins lancé une offensive diplomatique visant à obtenir l'onction des principaux partenaires étrangers de l'Algérie à la feuille de route proposée par Bouteflika au peuple algérien insurgé. Ce qui dénote que le pouvoir étant débordé par la dynamique enclenchée par le mouvement populaire n'est pas foncièrement contre l'ingérence étrangère si elle se manifeste en sa faveur.

Sur ce plan comme sur celui de la maturité du civisme et de la fierté nationale le mouvement populaire lui a administré une cinglante leçon en exprimant un patriotisme qui est vent debout contre cette ingérence étrangère, fût-elle drapée des oripeaux de l'empathie et du soutien pour son Intifada et ses revendications.

L'Algérie n'en est pas pour autant prémunie même si son peuple a clamé à la face du monde qu'il n'en veut pas. Se prévalant de considérations géopolitiques et géostratégiques que les puissances dont la France ne renonceront pas à y recourir de façons multiples et souterraines pour faire que la crise algérienne se dénoue au profit de leurs intérêts.

Le pouvoir aux abois est prêt à leur concéder tout ce qu'elles lui demanderont d'aliéner en terme de souveraineté nationale, pourvu que leur ingérence conforte sa position à l'égard du mouvement populaire qui exige son départ sans conditions ni préalables. Aussi, en même temps qu'il doit continuer à faire pression sur lui pour le contraindre à se plier à la volonté du peuple, le mouvement se doit de rester vigilant et ferme sur son rejet de l'ingérence étrangère en quête probablement de relais en son sein susceptible de lui offrir les raisons de son intrusion dans l'affaire algéro-algérienne qui fait l'actualité du pays.

L'extraordinaire maturité politique dont fait montre le peuple algérien et surtout sa jeunesse est le plus sûr rempart dressé contre l'ingérence étrangère dont les conséquences ne peuvent qu'être fatales à l'espoir qu'à fait naître leur résurrection en tant que citoyens ayant décidé de se rapproprier le droit de définir le destin qu'ils veulent pour l'Algérie et eux seuls.