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La Mecque, y aller ou pas

par Moncef Wafi

Le pèlerinage à La Mecque coûtera, cette année, au minimum 55 millions de centimes par tête de pipe. Si l'acte religieux est un des cinq piliers de l'islam et ne concerne que ceux qui peuvent le faire sans contrainte financière, il n'en demeure pas moins qu'une sérieuse réflexion doit voir le jour pour débattre des conséquences politiques d'une telle démarche purement spirituelle. Le problème n'étant pas dans la prescription religieuse mais dans le régime qui règne en maître absolu sur les Lieux saints. Tout le monde connaît le rôle néfaste des Al Saoud dans la région, distillant leur poison confessionnel dans les pays arabes et œuvrant à les déstabiliser en provoquant et finançant des guerres civiles et des invasions de territoires souverains avec l'aide de son allié émirati pour le compte des Américains et de la sécurité préventive d'Israël. Le régime wahhabite s'est inscrit dans une politique de normalisation avec l'Etat hébreu en entraînant sous la menace les autres monarchies du Golfe au détriment du peuple palestinien. Son activisme pour banaliser et faire admettre le deal du siècle est une preuve supplémentaire dans l'irrésistible envie de la dynastie régnante de rester au pouvoir. Et pour financer sa guerre contre l'islam et les pays arabes qui n'acceptent pas son leadership, Ryadh a besoin d'argent. Et entre la chute des prix du pétrole et les contrats faramineux d'armement au profit de l'Amérique de Trump, ne reste que la cagnotte du hadj. Ainsi, La Mecque et Médine devraient accueillir 20 millions de visiteurs en 2020, soit une recette attendue d'environ 90 milliards de dollars par an. Et ces milliards de dollars vont directement dans les poches des Américains et des Israéliens qui ont juré la perte du monde arabo-musulman. Logiquement, l'argent du pèlerinage finance les hommes et les armes qui tuent les musulmans en Irak, en Syrie, au Yémen et en Libye. Ce sont ces mêmes sources de financement qui sont injectées pour ébranler et talibaniser les pays du Maghreb. Cette aptitude du Royaume au mal doit inciter les musulmans de la planète à se poser des questions sur où va leur argent ?

La réponse est claire et aller ou pas en pèlerinage doit rester une décision personnelle qui doit impliquer beaucoup de paramètres. En effet, il est plus noble de partager son argent, destiné aux Al Saoud, avec les pauvres et les orphelins d'à-côté. Parfois, on n'est pas obligé de chercher Dieu à mille kilomètres de chez soi mais on le rencontre juste en ouvrant sa propre porte pour nettoyer la rue, en souriant à un étranger, en aidant une personne âgée à traverser ou en donnant à manger à un animal en détresse. La piété est l'acte le plus naturel chez l'être humain et il n'est écrit nulle part qu'il faut renflouer les caisses d'un pays en marge de tout pour aller prier Dieu.