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Les autorités empêtrées dans le double langage

par Kharroubi Habib

Les autorités du pays pratiquent un double et contradictoire langage sur l'état et les perspectives de la situation économique et financière à laquelle l'Algérie est confrontée du fait des effets du choc pétrolier qui lui a fait perdre cinquante pour cent de ses revenus en devises. Leur rhétorique sur le sujet est en effet alarmiste quand il s'agit pour elles de réagir aux revendications sociales qui s'expriment dans le pays, mais elles recourent à une tout autre quand leur objectif est de s'en prendre aux détracteurs de leur gouvernance cause pour ces derniers que l'Algérie se retrouve en des impasses dont elle ne parvient pas à s'en sortir.

La duplicité du discours officiel est devenue manifeste depuis que les autorités sont confrontées au mouvement de protestation et de contestation suscité par leur projet de refonte du code du travail et de révision de la loi sur les retraites. Pour tenter de le contrer et discréditer ses animateurs, elles font un état des lieux de la situation financière du pays tout aussi pessimiste par sa présentation que l'est celui que dresse l'opposition qu'elles fustigent par ailleurs en l'accusant de chercher ainsi à alarmer à dessein les citoyens algériens dans le but de les pousser à remettre en cause la paix sociale qui permet au pays d'affronter sereinement les défis auxquels il est confronté.

Ainsi l'Algérie irait mal et c'est ce que soutiennent ses dirigeants quand les acteurs sociaux s'aventurent à remettre en cause des mesures dont ils contestent les teneurs antisociales qui font peser l'essentiel de l'inévitable austérité sur les couches populaire et les plus précaires en particulier. Elle va au contraire bien à en croire l'argumentaire officiel développé en guise de réfutation des critiques qui émanent de l'opposition ciblant le bilan de gestion du pays par ces dirigeants et leur incapacité à arrêter une stratégie de développement économique et de gouvernance de l'Algérie qui la sortirait sans dégâts de la crise multiforme dans laquelle elle est empêtrée.

Les citoyens ne sont nullement dupes de ce que les gens du pouvoir tentent de leur faire gober tantôt en tirant la sonnette d'alarme, tantôt en essayant de leur faire accroire que la situation du pays est sous contrôle et parfaitement maîtrisée par les autorités. Ils n'ont pas besoin de s'en remettre à l'analyse de cette situation par les détracteurs et opposants au pouvoir pour constater que l'Algérie est dans la tourmente et que celle-ci n'a pas pour cause exclusive la crise induite pour elle par le choc pétrolier, mais qu'elle est devenue inéluctable du fait que ceux qui sont en charge de ses destinées n'ont pas su ou voulu engager les politiques qui en développant une économique nationale diversifiée et en confortant son unité et sa stabilité lui auraient permis de supporter les conséquences de la perte de revenus que lui occasionne ce choc pétrolier sans avoir recours aux « casses » sociales qui leur sont cyniquement présentées comme étant un « passage obligé » pour la sauvegarde du pays et de sa souveraineté.