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L'argent, l'élève et le maître

par Mahdi Boukhalfa

A entendre le ministre des Finances parler à la radio ou dans les différents forums dédiés à la crise financière que connaît notre pays depuis maintenant une année, sur le sillage de la baisse de moitié au moins des recettes de pétrole, on a l'impression d'écouter un professeur de faculté passionné haranguer ses étudiants. Depuis son entrée au gouvernement, il ne se passe pas une journée où il n'est pas sollicité pour expliquer comment il compte procéder auprès des institutions bancaires et financières. Après quelque hésitation, il est en fait entré dans le vif du sujet, en allant à grands bruits défendre une option selon lui incontournable: l'endettement extérieur. Expliquer aux «érudits» et les «professionnels» les mécanismes et les stratégies qu'il compte mettre en œuvre pour que l'Algérie ne replonge pas une nouvelle fois dans le cercle infernal de l'endettement extérieur, c'est bien. S'adresser à tous les Algériens en langage de tous les jours, clair et compréhensif, c'est encore mieux, n'est-ce pas? Comme par exemple dire que si le pays va à la Caisse du FMI ou de la Banque mondiale, s'il compte revisiter le Club de Paris, il y aura des conséquences sociales en interne inévitables, qui vont impacter au premier chef et directement le confort social des Algériens. Il faudrait que notre ministre des Finances s'explique sur les conséquences et les effets de l'endettement externe, comme un renchérissement généralisé des prix des produits de large consommation, une hausse des tarifs des produits énergétiques et des transports, qui a déjà commencé, et, surtout, une baisse tendancielle du niveau de vie des Algériens, avec une inflation qui atteindrait les deux chiffres, avec en contrepartie, 0 point de croissance. Autrement dit, M. Benkhalfa, au lieu d'appeler ses concitoyens à plus de rigueur dans la gestion de leur portefeuille, il devrait avant cela mettre, avec le concours des banques, des gardes fous pour éviter une inflation à deux chiffres, la dévaluation du dinar, se concerter avec son collègue du Commerce pour éviter les situations de monopole et spéculatives qui viendrait grever encore plus le porte monnaie des retraités et des bas salaires, sinon mettre en place une stratégie de défense des bas salaires. Bref, le discours du ministre des Finances doit être plus proche des préoccupations et des attentes des citoyens, qui veulent surtout entendre des choses rassurantes, des lendemains moins stressants, que des paradigmes financiers auxquels ils n'y comprennent rien. La crise est là, le pays n'engrange pas assez d'argent pour couvrir ses importations. Il faut que les gouvernants cessent de donner des leçons à leurs concitoyens, et redeviennent, même du haut de leurs responsabilités, de simples citoyens investis d'une mission importante: redonner de l'espoir, de la fierté, du courage au peuple. Tout simplement, et en toute circonstance, sans démagogie, ni hypocrisie.