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L'arme économique

par Moncef Wafi

La signature de l'accord d'implantation de l'usine PSA Peugeot Citroën en Algérie qui devait être le clou du sommet économique algéro-français a été reportée sine die. L'annonce a été faite par le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, l'un des fervents supporteurs du projet français. Un dossier, dit-on, qui aurait valu le scalp du ministre du Commerce, Amara Benyounès. On se rappelle que ce dernier avait déclaré, moins d'une semaine après l'annonce de Hollande concernant cette fameuse usine de Peugeot, que «le gouvernement algérien n'était pas au courant du contenu du projet d'implantation d'une usine Peugeot en Algérie». Il sera repris moins de 24 heures plus tard par ce même Abdeslam Bouchouareb, qui le contredit publiquement en affirmant que le projet du constructeur français avance bien.

Ce report, selon un des partenaires algériens du projet, est inattendu dans la mesure où jusqu'à samedi matin la signature de l'accord était toujours officiellement prévue. Le président du groupe Condor explique avoir été contacté la veille de la tenue du sommet algéro-français par Bouchouareb pour l'informer de ce report. L'explication veut que le ministère de l'Industrie n'a pas le temps d'étudier le projet. L'année dernière, le ministre expliquait, à qui voulait l'entendre, que le projet de l'usine de Peugeot en Algérie est «presque finalisé» et qu'il sera prochainement signé, probablement lors de la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau.

Pour les connaisseurs des arcanes du pouvoir, le report ne s'est pas décidé à la dernière minute mais avait déjà été planifié en amont. Avant ou après la « une » du Monde, personne ne peut le confirmer. La dépêche de la très officielle APS datée du 8 avril donnait déjà un début d'indice sur cette décision indiquant que l'accord sur le projet en question était à inscrire dans la case des réserves. D'autant plus que Peugeot ne compte pas investir dans la filière de la sous-traitance s'appuyant entièrement sur les Tunisiens sur ce volet. En parallèle, l'Algérie vient d'officialiser l'implantation d'une usine de Volkswagen à Relizane alors que Mercedes prévoit de construire une usine de fabrication de pièces détachées dans le pays. Ce revirement de dernière minute explique le degré de contrariété d'Alger par rapport aux piques françaises lancées via une presse loin d'être un exemple de professionnalisme.