Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Israël: la peur de l'exemple suédois

par Kharroubi Habib

P our avoir il y a deux jours qualifié d'assassinats les « neutralisations » de certains prétendus « terroristes » palestiniens par les forces de sécurité israéliennes, la ministre suédoise des Affaires étrangères a soulevé une vague d'hystériques condamnations et d'appels à la prise de mesures de rétorsion de la part de l'Etat sioniste contre le royaume de Suède et ses dirigeants.

Le propos de la ministre suédoise a d'autant fait mal en Israël qu'il émane de la représentante d'un pays salué dans le monde entier comme étant d'une intransigeance scrupuleuse sur la question du respect des droits de l'homme et des peuples. Les relations d'Israël avec la Suède se sont passablement dégradées en 2015 après que les dirigeants du royaume excédés par la politique et les comportements de l'Etat sioniste à l'égard du peuple palestinien ont officiellement reconnu l'Etat palestinien. Depuis, la propagande sioniste s'est déchaînée contre la Suède et ses dirigeants allant jusqu'à présenter leur position sur le conflit palestino-israélien comme découlant de l'antisémitisme rampant qui couverait dans le royaume.

La déclaration de la ministre suédoise a été prétexte en Israël à un délire anti-suédois se traduisant par des amalgames et des accusations qui seraient risibles s'ils n'ont pas été proférés par des « personnalités » publiques ou officielles de l'Etat sioniste. Certaines d'entre celles-ci n'ont pas hésité en effet à assurer qu'en exprimant le point de vue que certaines « neutralisations » de Palestiniens ne sont rien d'autres que des assassinats prémédités, la ministre suédoise n'a fait en fait qu'afficher sa sympathie et celle de son pays pour? Daech ! Leurs élucubrations sont à la mesure de l'effroi que suscite en eux les courageuses et exemplaires prises de position du royaume de Suède dont elles redoutent l'effet entraînant sur l'Europe dont les opinions publiques et classes dirigeantes se font de moins en moins inconditionnelles dans le soutien à l'Etat sioniste.

Symptomatique de la peur que l'exemple suédois inspire en Israël a été l'appel fait aux citoyens de son pays par Lieberman, l'ancien ministre des Affaires étrangères de Netanyahu, leur recommandant de boycotter la firme suédoise IKEA. Lequel s'est fait ce disant oublieux que son pays et lui-même se sont insurgés contre le mouvement de la sorte initié en Europe en guise de sanction contre la politique d'Israël à l'égard des Palestiniens. Que dire encore de la proposition faite au gouvernement de Tel-Aviv par ce député de rompre tout contact avec les dirigeants suédois, si ce n'est qu'elle exprime le désarroi que l'attitude de la Suède a provoqué en Israël en faisant comprendre que le temps de la connivence dont il a bénéficié pour son comportement d'Etat voyou est révolu et que les Etats résolument « droits hommistes » ne pourront que suivre l'exemple de la Suède.