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L'article 66, un gage d'anticipation à destination du FMI ?
par Kharroubi Habib
Le
recours à l'endettement extérieur a été formellement exclu par le Premier ministre
Abdelmalek Sellal mais en précisant que si d'ici à trois ans le pays ne réussit
pas le défi de la création d'une économie diversifiée et dépense les sous qu'il
a, il sera alors contraint d'aller «mendier» auprès du FMI. Il répondait ce
disant à l'opposition et aux spécialistes de l'économie qui estiment que la
politique économique initiée par son gouvernement ne met pas le pays à l'abri
d'une telle perspective. Ces milieux affirment, en effet, que le plan anti crise adopté par l'exécutif, dont ils contestent par
ailleurs la plupart des dispositions, ne donnera pas les résultats qui
éviteront le recours à brève échéance par l'Algérie à l'endettement extérieur.
Ils estiment que la minceur des résultats qu'atteindra la mise en œuvre de ce
plan et l'épuisement accéléré et inéluctable des réserves financières dont elle
dispose contraindront l'Algérie à aller à
l'endettement extérieur. Pour beaucoup dans ces milieux, il apparaît que le
discours officiel rassurant sur cette question est démenti par le fait que la
loi de finances 2016 a
fait la part belle, par anticipation, aux prescriptions que le FMI impose aux
Etats qui quémandent son aide financière. Notamment en son article 66, dans
lequel ils y voient l'ouverture de la porte à une nouvelle opération de
privatisation des entreprises publiques. De toutes, affirment d'aucuns. Et ce
n'est pas la précision apportée par Sellal que
d'éventuelles privatisations ne concerneront pas les entreprises stratégiques
que sont Sonatrach, Sonelgaz
ou Naftal qui va faire taire la contestation
qu'élèvent ces derniers. Il est légitime en Algérie que s'exprime le refus
d'une nouvelle vague de privatisations d'entreprises publiques, même si la
nécessité économique l'exige. Pour la raison que l'opération de même nature qui
a été menée s'est soldée par un fiasco aux conséquences désastreuses pour le
pays dont le tissu industriel et les infrastructures économiques ont été en
l'occurrence démantelés et bradés au profit d'une faune de prétendus
entrepreneurs économiques dont la contribution au relèvement économique du pays
s'est avérée n'être qu'une escroquerie sans pareille. Comment alors convaincre
qu'une nouvelle opération de privatisation ne verra pas la récidive de ce à
quoi a donné la précédente ? D'autant qu'à tort ou à raison, les pourfendeurs
de l'article 66 de la loi de finances ouvrant la voie à d'éventuelles
privatisations présentent le gouvernement qui en a eu l'initiative comme
inféodé à cette faune de prétendus entrepreneurs économiques dont l'unique but
est d'être bénéficiaire de la prédation redoutée.
Alors que se profilait la menace de la crise
financière dans laquelle le pays est maintenant plongé, du côté officiel il a
été martelé que l'Algérie ne sera jamais réduite à la situation de la Grèce que sa faillite a
contraint de passer par les fourches caudines de la «troïka» et forcée de se
séparer de ses «bijoux» de famille que sont ses principales entreprises et
infrastructures nationales. Ce même côté officiel donne l'impression que tout
en continuant à user du discours rassurant, il a anticipé le fait que l'Algérie
va inexorablement être dans la situation grecque et met en place, par touches
successives, les dispositions règlementaires qui permettront à l'Etat de faire
de même que celui de la Grèce.
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