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FINI LE LABYRINTHE DE LA PAPERASSERIE ?

par M. Abdou Benabbou

Remarquable, étonnant, rassurant et une satisfaction généralisée déclarée par de nombreuses bouches avouant qu'elles n'en reviennent pas. L'administration algérienne ferait-elle sa mue à en croire ceux qui s'y frottent surpris de se rendre compte que le calvaire du labyrinthe de la paperasserie n'existe plus ou presque ? Un passeport en une semaine à peine, une carte d'identité en quelques jours, un extrait de naissance sans faute en dix minutes ont en effet de quoi réjouir et de quoi réconcilier le citoyen avec l'administration.

Fini donc les journées perdues et la torture des ruées bruyantes et scandalisées vers les guichets retors qui donnaient envie de tout brûler avec au fond de l'estomac une pointe de révolte contre ce qui symbolise l'Etat.

En apparence, il suffisait de peu de retouches dans les procédures que la logique élémentaire recommandait pour contrer l'ignominie bureaucratique et la dictature des mauvais fonctionnaires qui forts de règles tordues transformaient leurs humeurs en pouvoir absolu. Jusqu'à se convaincre que leurs guichets étaient des comptoirs personnels où le moindre et anodin document devait être monnayé. Des contraintes délirantes comme l'exigence d'un certificat de capacité pour un permis de conduire ou un certificat de résidence pour un enfant étaient la semence d'une insoumission civile.

L'héritage laissé dans ce domaine par la décennie de malheur était, il est vrai, trop lourd à porter par une nouvelle génération d'agents mal formés et souvent choisis sur la base des proximités suspectes. Cet héritage s'est ligué avec l'incompétence triée pour travestir le droit du citoyen à un papier administratif en échafaud capable en une touche de crayon de transformer un bulletin de naissance en certificat de décès.

La visible satisfaction de la population dans son ensemble impose de ne pas faire la fine bouche devant le confort et l'aisance qu'offre la positive et évidente évolution récente au sein des administrations. L'applaudir convoquerait peut-être une révolution plus large qui irait forcer un séisme bienheureux dans des secteurs encore sinistrés. L'hôpital et l'école en sont les premiers.