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Un strapontin et un drapeau flottant ne font pas un Etat palestinien

par Kharroubi Habib

L'ONU qui a admis la Palestine en tant qu'Etat membre avec statut «d'observateur» a voté jeudi à une très large majorité une résolution autorisant que son emblème national flotte désormais devant le siège des Nations unies parmi ceux des Etats siégeant en son sein. L'Autorité palestinienne a, bien entendu, accueilli avec satisfaction cette décision onusienne que le gouvernement israélien a quant à lui condamnée en la qualifiant de ne pas être un geste qui va contribuer à la relance du processus de paix palestino-israélien.

La satisfaction des autorités palestiniennes a quelque raison de s'exprimer car l'admission de la Palestine et la levée de son drapeau à l'ONU sont pour elles des victoires diplomatiques qui font ressortir l'isolement international dans lequel est l'Etat sioniste qui fait obstacle à de vraies négociations de paix portant sur la création d'un Etat palestinien à ses côtés, indépendant et doté de tous les attributs d'une véritable souveraineté. Elles doivent néanmoins persister dans leur offensive diplomatique pour obtenir plus des Nations unies que le strapontin qu'elles ont octroyé à la Palestine et la satisfaction d'avoir son drapeau qui flotte à New York. Ce son là en effet deux acquis qui ont une valeur symbolique dont l'impact n'est pas sans conséquences positives pour la cause palestinienne dont les autorités sionistes s'acharnent à nier la légitimité du but et à discréditer ceux qui militent sous quelque forme que ce soit pour son triomphe.

Tant que les Nations unies s'en tiendront à des gestes purement symboliques sur la question palestinienne, Israël persistera dans son déni du droit des Palestiniens à un Etat national. Devant son entêtement que ce genre de gestes n'entamera nullement s'ils ne s'accompagnent pas de plus contraignant pour lui, les Nations unies se doivent d'émettre en sa direction des signaux de fermeté qu'il ne pourrait ignorer ou considérer comme des menaces velléitaires sans consistance réelle.

Ce n'est pas en s'en tenant à des gestes symboliques contre le régime d'apartheid en Afrique du Sud que la communauté internationale a forcé ses tenants à en accepter la fin. Ce n'est que quand elle a décidé de recourir aux sanctions contre ce régime et ses tenants qu'elle y est parvenue. C'est seulement un traitement à l'identique infligé à l'Etat sioniste qui obligera ses dirigeants à renoncer à leur politique consistant à faire fi des droits palestiniens et des résolutions internationales exigeant leur respect et un processus conduisant à leur satisfaction. Ce n'est pas tant les condamnations morales et symboliques qu'Israël craint. Preuve en est que l'admission de la Palestine à l'ONU et la levée de son drapeau à New York ont certes fait réagir Netanyahu mais uniquement pour ironiser sur leur caractère « folklorique » sans incidence sur la politique de son gouvernement à l'égard des Palestiniens.

Ce même Benyamin Netanyahu a par contre réagi avec une violence hystérique à l'annonce par l'Union européenne qu'elle va imposer désormais l'étiquetage de produits venant d'Israël pour défendre les intérêts des Palestiniens. Une violence symptomatique de la peur que provoque en Israël la montée en puissance du mouvement international qui prône d'exercer boycott et sanctions multiformes à l'endroit de l'Etat sioniste pour l'obliger à se conformer à la légalité internationale. Sans ce type de pression le statu quo favorable à Israël qu'il est parvenu à faire durer en profitant de la pusillanimité de la communauté internationale se poursuivra encore longtemps.