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Syriza, Tsipras ou l'espoir trahi

par Kharroubi Habib

Avant d'arriver au pouvoir en Grèce, le parti Syriza se positionnait en ferme défenseur de la cause palestinienne et en cohérence avec ce positionnement réclamait l'annulation des accords militaires entre la Grèce et Israël. L'on ne peut donc qu'être surpris et déçu d'apprendre que le gouvernement dirigé par Tsipras, le chef de ce même parti, a conclu le 19 juillet dernier un pacte militaire avec celui de l'Etat sioniste dont le journal israélien « le Jérusalem Post » probablement informé de son contenu a écrit qu'il n'a pour seul équivalent que celui signé entre l'Etat juif et les Etats-Unis, leur allié héréditaire.

Comme le rapporte l'article consacré à ce pacte par l'hebdomadaire français Marianne, il y aura conséquemment à sa signature une coopération militaire étroite entre les armées des deux pays dont la première manifestation a été l'entraînement conjoint en Grèce en juillet et pendant 11 jours auquel ont pris part des avions et des hélicoptères israéliens qui ont probablement participé l'été dernier à la barbare agression contre la bande de Gaza contre laquelle Syriza s'était alors farouchement élevé.

Selon Marianne, la raison invoquée pour la signature du pacte par le ministre de la Défense grec, chef du parti de droite ayant fait alliance avec Syriza, serait que tout comme Israël la Grèce se trouverait sous la menace balistique de l'Iran. Tout comme le rédacteur de l'article de Marianne l'on ne peut que relever son caractère spécieux voire même farfelu. Que ce ministre de droite donne une telle justification au pacte militaire entre son pays et Israël n'est pas pour surprendre de sa part. L'étrange est que ce serait à partir de cette considération à laquelle il n'accorde probablement aucun fondement que Tsipras a permis à son ministre de négocier un traité militaire qui met son parti en porte à faux avec ses convictions et lui vaudra très certainement d'être fustigé et dénoncé par les militants et sympathisants du courant politique qui lui a accordé sa confiance.

A nos yeux, la raison qu'a eue Tsipras à se rapprocher aussi spectaculairement d'Israël qu'il vouait aux gémonies avant d'accéder au pouvoir est que cette condition lui a été imposée par les créanciers internationaux qui tiennent son pays par la gorge et devant lesquels il a cédé et accepté de passer sous les fourches caudines de leurs exigences tant économiques que politiques.

Il se trouvera des voix pour en l'occurrence défendre Tsipras et son parti d'avoir donné leur onction à un pacte qui va à rebours de leur conviction et position initiale sur la question palestinienne en leur prêtant d'avoir agi par « pragmatisme ». Mais elles sont encore plus nombreuses en Grèce et ailleurs celles que leur cynique revirement aura outrées et mènera à rompre avec l'espoir qu'ils ont suscité en leur sein quand ils campaient en la posture d'intransigeants détracteurs de l'ordre politique et économique dont Grecs et Palestiniens pâtissent et qu'ils déclaraient être déterminés à combattre sans concession.