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FIFA : c'est un bon jour pour mourir

par Yazid Alilat

Séisme au sein de la FIFA. Stupeur dans le monde du football. Neuf membres de l'exécutif, dont des vice-présidents, ont été inculpés de corruption par la justice américaine qui a demandé leur extradition. L'instance suprême du football mondial est depuis hier mercredi au cœur d'un gros scandale de corruption et de pots-de-vin qui éclabousse ses dirigeants. Mais également la gestion opaque de Sepp Blatter, candidat à sa propre succession pour un 5ème mandat. L'affaire est simple: des dirigeants de la FIFA, dont ceux de la Concacaf sont accusés par la justice américaine d'avoir touché des pots-de-vin et des commissions depuis 1990 à nos jours contre des droits de retransmissions TV et l'attribution au moins des deux prochaines Coupes du monde (2018 et 2022) à la Russie et au Qatar. L'attribution de la CM 2022 au Qatar avait déjà fait couler beaucoup d'encre sur de présupposées commissions qu'aurait touchées Mohamed Ben Hammam, vice-président de la FIFA et président de la Confédération asiatique.

Bref, le scandale, avec des dirigeants du monde du football arrêtés comme de vulgaires malfrats hier à leur hôtel de luxe à Genève, touche toute l'instance du football mondial et jette un sérieux discrédit sur la gestion du football mondial qui génère un chiffre d'affaires qui fait rêver, en particulier pour les droits TV. Mais, l'affaire est sérieuse d'autant plus que la justice des Etats-Unis, d'où toute cette histoire est partie selon l'attorney général de New York, a demandé l'extradition des neuf dirigeants de la FIFA arrêtés à Genève et cinq partenaires dont des représentants de TV. Ils risquent de lourdes peines de prison pour des faits de corruption. Dans le fond, c'est surtout la gestion de la FIFA par Sepp Blatter et ses vice-présidents, même s'il est lui-même en dehors de ce scandale pour le moment, qui est au centre de la polémique qui enfle. Déjà, des analystes et d'anciens conseillers au cabinet de Blatter à Genève n'hésitent plus, aujourd'hui que le scandale a éclaté, de parler de ?'maffia'' qui gère le football mondial. Certes, tout n'était pas rose, même du temps du Brésilien Havelange à l'ombre duquel Blatter avait fait ses armes et forgé ses soutiens, mais les révélations du parquet de New York sur des pots-de-vin et la corruption des responsables d'instances dirigeantes de la FIFA montrent en réalité à quel point le football a été gangrené par tout ce qui est contraire aux valeurs du sport au point que l'organisation de grands événements sportifs planétaires comme la Coupe du monde soit l'objet de vulgaires tractations, de marchandages et de pressions entre lobbies de l'argent et du sport. L'affaire est grave également car elle révèle combien le football mondial, sous la gestion de Blatter et son équipe, est devenu tout simplement otage des milieux d'affaires, de la maffia, de l'argent. Et combien est profonde cette dérive. Ce scandale aurait dû inciter, au moins par respect aux valeurs de l'éthique sportive, l'actuel président de la FIFA à démissionner.

Le maintien de sa candidature pour les élections prévues demain vendredi est symptomatique de la dictature qu'il a imposée au sein des instances dirigeantes du football mondial, à commencer par la Confédération africaine de football, gérée par un président qui refuse de partir, lui aussi, et permettre un rajeunissement des instances dirigeantes du football africain. Du reste, un poste à la FIFA, à la CAF ou dans les autres Confédérations régionales, équivaut à une entrée dans ?'un pays de cocagne'', au détriment du développement du sport, du football. Pour toutes ces raisons, le football dans le Sud est resté sous-développé et continue de servir de faire-valoir aux nations riches, regroupées au sein de l'UEFA.