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Un simple problème de «com» ?

par Yazid Alilat

Rebond sur le front du débat national, il faut bien le concevoir maintenant ainsi, sur le gaz de schiste, avec cette fois-ci deux descentes importantes dans l'arène. Il y a d'abord celle du président Bouteflika, lors d'un Conseil des ministres restreint consacré mardi au développement des régions du sud et des hauts plateaux du pays. Ensuite celle du premier responsable du groupe Sonatrach. Que retenir de ce regain de tension sur ce dossier alors qu'à In Salah le mouvement anti-gaz de schiste ne faiblit pas ?

D'abord que l'option du recours au gaz de schiste n'a pas été démentie, mais juste décalée dans le temps, n'étant pas ?'à l'ordre du jour'', comme l'a précisé le président Bouteflika et avant lui le Premier ministre. Le président, comptable s'il en est devant le peuple de sa politique énergétique dans le cas présent, veut rassurer l'opinion publique et lancer dans la même foulée un message aux marchés, que l'Algérie, dans les circonstances actuelles prévalant sur les marchés pétroliers, n'a pris aucune décision quant à l'exploitation et la commercialisation du gaz de schiste.

Le message du chef de l'Etat est clair: aucun projet d'exploitation de ce type de gaz, prisonnier de la roche mère, n'est à l'ordre du jour. Et, quand bien même il le sera à moyenne et longue échéance, il sera mené dans la plus stricte observance de la protection de l'environnement et des intérêts des Algériens. Ni plus ni moins. C'est comme si, dans une certaine mesure, le gouvernement a compris, peut-être pas trop tard, que la dimension ?'com'' du dossier n'a pas été bien prise en charge, à un moment de grand stress financier pour le Trésor avec cette chute inexorable mais néanmoins inquiétante des cours du brut. Car, en fait, la tentation est grande pour les tenants du ?'mix'' énergétique d'aller franchement vers cette énergie fossile non conventionnelle et d'augmenter les capacités de production d'hydrocarbures de l'Algérie. Mais, ce serait là un très mauvais signal pour les marchés et un affront pour l'opinion publique nationale, en droit d'avoir toutes les explications nécessaires sur ce projet, certes nouveau pour tout le monde, y compris les médias.

C'est dans ce sens qu'est intervenu le patron de Sonatrach pour rassurer sur deux importantes choses: d'abord que le groupe algérien maîtrise la technique de la fracturation hydraulique, la seule qui puisse extraire le gaz de la roche mère, ensuite que cette technique a été déjà utilisée pour des puits de pétrole conventionnels. Enfin, il attribue toute cette agitation médiatique et citoyenne d'In Salah à une mauvaise campagne de communication du groupe Sonatrach. Difficile cependant de marcher sur les pas de M. Sahnoun, dont le groupe a déjà exploré un premier puits de gaz de schiste et s'apprête à forer un second. Non, l'enjeu du moment est l'issue d'une terrible bataille entre deux tendances, celle qui veut réduire en boue chimique la roche pour produire plus de pétrole et répondre aux exigences financières des cinq prochaines années, et ceux qui ne veulent pas recourir aux extrêmes et préconisent la prudence, tout en allant vers des énergies alternatives comme le solaire et l'électricité.