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Réalité et exagération médiatique

par Kharroubi Habib

La veille de l'Aïd El Adha, le MDN a annoncé que des forces de l'ANP ont intercepté et anéanti un groupe terroriste s'étant infiltré en territoire algérien venant de Libye. Preuve que la vigilance de nos forces de sécurité est à son maximum aux frontières du pays environné d'Etats dont les situations intérieures favorisent l'implantation chez eux de groupes terroristes pouvant être tentés, comme ce fut le cas, d'élargir leur rayon opérationnel au territoire algérien. Notre frontière sud-est, celle avec la Libye, est à ce titre sous très haute surveillance de l'armée et des services sécuritaires car ce pays voisin, en proie au vide étatique et à la lutte acharnée pour le pouvoir entre milices et forces tribales aux douteuses alliances, est devenu terre de ralliement des groupes terroristes où ils trouvent à se fournir en armement et d'où ils essaiment sur toute la région. Ce n'est pas la première fois que l'armée a eu à faire à une tentative d'infiltration terroriste à partir de cette frontière sud-est du pays. Mais celle qu'elle vient de faire avorter a ceci de particulier qu'elle a été tentée à un moment où l'Algérie est sous les feux médiatiques suite à l'enlèvement puis à l'exécution sur son territoire d'un ressortissant français par un groupuscule terroriste ayant, peu auparavant, annoncé avoir fait allégeance à l'organisation «l'Etat islamique». Ces deux faits braquent l'attention sur notre pays et donnent du grain à moudre à ceux qui persistent à le placer parmi les Etats à la situation sécuritaire dangereuse pour cause d'un terrorisme tenant en échec leur stratégie de lutte en la matière. Ils leur permettent en effet d'alléguer que les autorités algériennes font une présentation par trop rassurante de la situation sécuritaire dans le pays et, surtout, de sous-entendre que l'Algérie, du fait de celle-ci, est mal placée pour préconiser à d'autres les solutions qu'ils doivent mettre en œuvre pour éteindre les menaces terroristes auxquelles ils sont confrontés. Quoi qu'en disent de contraire ces milieux, l'Etat algérien maîtrise la donne terroriste dans son pays et se revendique à juste titre d'une expertise efficace de son armée et de ses forces de sécurité en la matière. L'Algérie dérange toutefois parce qu'elle a pris le parti de s'aligner sur les puissances qui, prenant prétexte de la globalisation de la menace terroriste, poursuivent une stratégie de lutte contre celle-ci qui abolit le concept de souveraineté nationale et autorise l'ingérence intéressée dans les affaires intérieures des Etats.

Tout ce qui, par conséquent, peut accréditer la thèse que l'Algérie est en proie à l'insécurité quasi-généralisée, est médiatiquement exploité à outrance contre elle, avec pour calcul de parasiter l'activisme porteur dont fait montre sa diplomatie pour convaincre la communauté internationale qu'il est d'autres options à faire pour combattre la menace terroriste. Celle, entre autres, d'aider les Etats défaillants dans cette lutte pour cause de conflits internes, propres à eux de les régler pacifiquement par la voie du dialogue national. Exploitation médiatique tendancieuse, outrancière dans les raccourcis, mais dont la puissance de frappe a fait ses preuves puisque la destination Algérie a été gommée sous ses effets des agendas de contacts et voyages de nombreux partenaires des Algériens. Un réflexe que les prétendus «alliés stratégiques» de l'Algérie n'ont nullement découragé. Ils l'ont au contraire favorisé en émettant sur le pays des notes d'informations, voire même des interdits qui « créditent» la thèse qu'il est hautement dangereux de s'y rendre pour cause de terrorisme et d'insécurité à grande échelle.