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Le FCE dans le malaise : vote secret et impôt électoral

par Kamel Daoud

Selon des sources, le FCE votera jeudi, avant le peuple. Le puissant lobby d'affaires est encore traversée par le malaise et le doute, malgré les pressions des Bouteflikistes actifs en son sein. Haddad fait campagne, distribue ses formulaires et ses tracts, mais cela ne change pas l'humeur. A tel point que pour cette fin de semaine on ira vers le vote à bulletin secret. La formule est l'aveu d'une grande gêne dans le club des capitaines algériens.

Les raisons ? Le régime aime parler de stabilité, devient verbeux sur le nationalisme et la théorie du complot et mobilise les clientèles dans les villes et les villages pour se fabriquer ce peuple qui ne dit rien la bouche pleine, mais cela est du sable dans les yeux pour ceux qui le savent. Et parmi les patrons algériens, beaucoup savent que cette fameuse stabilité en tête de liste des arguments de vente, est une illusion. Beaucoup savent et l'ont vécu, que l'économie algérienne est un repas géant que Dieu ne renouvelle pas par une table qui descend du ciel et que la politique des années 70, idéologie du colis alimentaire, est un désastre économique. La facture en sera énorme sous peu, la stabilité sera un souvenir et les émeutes seront notre première production nationale avec le temps.

Au sein de ce Forum, il y a encore des éléments qui gardent la lucidité pour éviter de faire dans la kasma et ses enthousiasmes : les années Bouteflika sont une illusion de relance et son système mêle dangereusement de hautes doses de corruption et de populisme. On dira ce que l'on voudra, mais certains, autres que les clients amis-amis du premier cercle du Roi, sont dans le malaise parce qu'ils ne peuvent pas fermer les yeux sur les tarifs de la paix sociale, les couts dérivées des injazates et l'achat du silence national.

Il ne s'agit pas des simples quittances de l'impôt électoral que l'on impose depuis une semaine, mais surtout d'un refus poli pour l'état actuel de l'économie, les choix de la goinfrerie budgétaire et les petites recettes de rafistolage. Le patronat privé algérien, même celui nourri à la mamelle du clientélisme, sait que sous la peinture, c'est le désastre : ministres lourdement incompétents, ressources humaines en déperdition, populisme affligeant, injection massive d'argent dans l'intestin au lieu du bras et du muscle. On parle de Bouteflikisme politique, de la crise entre générations, mais on oublie la facture de sa conception de l'économie : un simple jeu de robinet et rien de plus. Et du coup, la question pour certains est de savoir s'il faut reconduire la confiance en un clan qui ne semble pas pouvoir imaginer autre chose que le Souk El Fellah, le favoritisme et la destruction sourde des ressources et du temps béni. L'investissement reste dangereusement discrétionnaire, l'accès aux ressources et placé sous la loi de l'allégeance, et la décision économique est aux mains de suprêmes incompétences et d'absurdes visions.

Le malaise est là, parce qu'on peut tromper un peuple avec l'ANSEJ, la gratuité et l'effacement des dettes et des salaires gonflables, mais, à une certaine altitude de la responsabilité et de l'implication, on sait que cela est de la poussière, que cela se paye lourd et que cela plonge doucement le pays dans la catastrophe, après la fête et les méchouis d'antan. Il y a un ANSEJ du peule, un ANSEJ international qui brade nos ressources dans le silence et la discrétion, et il y a un ANSEJ patronal qui va si bien à certains. Mais cela ne veut pas dire que toute âme est morte. Au FCE, certains savent que le mot « stabilité » est un produit douteux et qu'il ne vaut qu'en politique populiste et seulement pour habiller les prolongations et les repas ou les mirages.

Ce jeudi, le FCE votera donc. Sous la pression, les menaces discrètes et avec les méthodes d'un bon Mouhafedh. On attendra pour savoir aussi combien coûte à chacun l'impôt électoral habituel qui, cette fois, a les apparences d'un prélèvement à la source.