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La peste et le choléra sont aussi mortels l'une que l'autre

par Kharroubi Habib

Le clan présidentiel qui veut à tout prix imposer au pays la reconduction d'un Bouteflika malade et à l'évidence dans l'incapacité d'assumer la charge présidentielle est effectivement un conglomérat de groupes d'intérêts qui ne reculera devant rien pour conserver le pouvoir faute de quoi ses composantes se trouveront exposées à des exigences de reddition de comptes qui les terrifient. Mais celui qui s'agite en s'abritant sous l'ombre de la casquette du général Mediene réunit-il des acteurs plus « clean » et mus par de plus nobles ambitions que ceux du clan présidentiel qu'ils combattent ? Les Algériens ne sont pas dupes des mobiles de l'un et de l'autre conglomérat. C'est pourquoi ils les englobent dans un même rejet et se refusent à croire que la victoire de l'un ou de l'autre apporterait quelque chose de positif pour le pays.

Les alliances qui se nouent et se dénouent en Algérie à l'intérieur du pouvoir se limitent à produire un seul changement : le remplacement de prédateurs par d'autres, et le seul sens de cette alternance à l'algérienne est la mangeoire. En cette fin de règne sordide de Bouteflika, la bataille est féroce entre ceux qui veulent conserver l'accès à cette mangeoire et ceux qui cherchent à les en priver en les remplaçant. Bien entendu, ni le clan présidentiel ni ses compétiteurs au sein du pouvoir ne présentent leur guerre comme ayant pour objectif la mangeoire.

Le premier martèle qu'il n'a de but que la continuité d'une gouvernance ayant apporté la paix, la stabilité et la mise sur rail d'un développement économique et social qui ne peuvent être maintenus et amplifiés que dans la durée qu'apporterait un quatrième mandat pour Bouteflika même handicapé par sa maladie. L'argumentaire d'en face est tout aussi insultant pour l'intelligence des Algériens. Qu'il soit la compilation de griefs en phase avec la vérité et d'accusations impossibles à récuser par le clan présidentiel, il n'en demeure pas moins entaché de discrédit car développé par des groupes ayant à un moment ou à un autre participé eux aussi à la prédation et dont le but ultime est de s'y adonner à nouveau.

Que Bouteflika par conséquent l'emporte sur le général Toufik ou l'inverse, ce qui changera peut-être c'est uniquement l'identité de celui qui présidera à la grande prédation. Pas même ceux qui seront appelés à y prendre part tant l'opportunisme de ceux qui y aspirent leur rend aisé le basculement quand il faut du camp du perdant vers celui du gagnant. Ce spectacle les Algériens y assisteront écœurés dans les semaines à venir quand la décantation se produira au niveau du rapport de force au sommet du pouvoir. C'est pourquoi il est proprement abject que des « faiseurs d'opinions » prétendument militants pour la rupture avec les fausses alternances qui découlent systématiquement des guerres de clans du pouvoir, suggèrent aux Algériens ou les somment carrément à soutenir l'un ou l'autre camp.