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«C'est
une machine». Elle est avec le «debout » même quand il est couché à Paris. Il
pleut sur Oran. Dans le taxi, la radio algérienne : elle chante déjà en boucle
l'éloge d'El Aziz. Ses Injazates, réalisations, travaux d'Hercule, triomphes.
On fait intervenir des citoyens anonymes qui parlent d'avant son avènement :
pire, sans eau, sans paix, sans routes. Et avec lui ? « Il nous a tout apportés
». Conception misérable des premiers décolonisés affamés : ils ne croient pas
que c'est leur pays qui les abrite et accueille, mais que ce qu'ils mangent ou
possèdent est le don de celui qui les commande. En politique, c'est l'exacte
définition du féodalisme : le seigneur est remercié parce qu'il donne à manger
et protège le serf humble et écrasé. Les gens n'ont pas conscience que
Bouteflika ne nous donne rien de sa poche et que ce n'est pas générosité de sa
part que de faire son boulot. Et que c'est notre pays, nous, nos ancêtres et
nos martyrs et notre histoire : il est payé pour être Président et il ne
nourrit pas de sa poche et qu'on juge un président au lieu de se courber à le
remercier. Passons. Le détail est que toute propagande est enfermée dans son
monde et bascule dans le ridicule sans le savoir : l'un des messages revenu en
boucle dans la radio était la voix émue d'un Algérien qui remerciait « lui »
pour ses réalisation en matière de santé et d'hospitalisation. Un moment de
silence, puis brusquement, l'éclat de rire du chauffeur du taxi qui n'avait rien
dit jusque-là: « il va se soigner en France et on nous vante ses hôpitaux
algériens ? La blague ! » Sauf que la machine est déjà en marche : la
propagande est en marche comme avant et sur les mêmes rythmes et discours. On a
déjà voté, ô frères, il suffit d'écouter les machines du régime.
Puis, retour sur la planète Internet, pays habité par des milliers d'Algériens qui jacassent, parlent, s'insultent et confectionnent un pays avec du brouhaha et de la liberté. Sur un site,on donne la bio express de l'un des trois Amar-Chawki Amari d'El Watan l'a bien résumé-: Trois Amar (Ghoul, Saïdani, Benyounès) font tourner la meule avec un Frère, écho mineur aux trois B. Pas la bio imaginée, style APS, mais l'autre : celle qui commence en Tunisie, avec la naissance dans un village anonyme et qui passe par l'épopée du danseur « Onnagata » (acteur japonais qui joue le rôle de la femme) avant la prise en main du parti le plus important du pays. Coup de fil d'un ami : « c'est l'épopée de Reagan », résume-il à propos de ce Amar. Oui, sauf que dans notre cas, ce n'est pas le cow-boy qui est devenu homme d'Etat, mais son cheval. En dernier ? La bataille d'Alger : Yacif Saâdi en remake contre Drif.. etc. etc. A l'image du FLN, la bataille d'Alger s'enfonce dans la conciergerie. C'est notre misère, ô passants de mon âme. Quelqu'un se venge de notre pays, lui en veut et l'emportera avec lui. De Ali la Pointe à Ali la Fuite. On s'imagine la nouvelle technique : l'adversaire, au lieu de dynamiter la cache des héros à Alger dans la Casbah mythique, les laisse enfermés, emmurés, s'ennuyer, puis se manger les uns les autres, se dévorer et s'insulter. |
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