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Et si Bouteflika ne se présentait pas

par Moncef Wafi

Après les déclarations de foi du SG du FLN, Amar Saadani, sur la candidature de Bouteflika pour un quatrième mandat présidentiel, l'opinion publique s'attendait, légitimement, à ce que les autres partis traditionnellement partisans du président de la République lui emboîtent le pas. Mais force est de constater qu'après plusieurs semaines des envolées lyriques et enflammées de Saadani, les formations politiques, tout en réitérant leur principe de soutien indéfectible à Bouteflika, restent dans la sobriété. Des fervents supporteurs du Président, on retrouve Louisa Hanoune, qui vient de rempiler pour un nouveau mandat à la tête du PT, qui a opté pour un discours plus critique envers les réalisations bouteflikiennes qu'elle a qualifiées d'échec, rompant avec sa traditionnelle défense du bilan présidentiel. Ghoul, du TAJ, et Bensalah, provisoirement à la tête du RND, ont également confirmé leur soutien au président sortant pour peu qu'il se présente pour un quatrième mandat. Une retenue que beaucoup expliquent par le peu de visibilité qu'il y a autour de la prochaine présidentielle. Un flou maintenu sciemment ou pas, mais qui a l'avantage de freiner certaines ardeurs partisanes et d'échafauder des stratégies de rechange au cas où le candidat attendu ne se présenterait pas. Des plans B qui sont certainement élaborés mettant en vedette des seconds couteaux qui pourront, dans le cas échéant, jouer le rôle du parfait alibi. Quand Ghoul affirmait que les sorties sur terrain des membres du gouvernement n'étaient pas une pré-campagne électorale en soi pour le compte de Bouteflika, il n'avait pas tort puisque ces mêmes sorties mettent en avant un autre personnage de l'Etat susceptible de faire le consensus et d'être le candidat unique pour les formations politiques travaillant pour le président. Le Premier ministre, puisque c'est de lui qu'il s'agit, peut aisément être cet homme de transition, même s'il sera coopté, qui pourra mener l'Algérie à bon port. En effet, il est inconcevable pour un système, qui a tout verrouillé, de laisser sans réponse une question aussi cruciale que la vacance du pouvoir et la présence prochaine de Bouteflika en avril prochain n'étant pas du domaine de l'affirmation, le nom de son remplaçant est déjà tout trouvé. La dernière sortie médiatique de Amara Benyounès, président du MPA, concernant une probable révision de la Constitution après la présidentielle, abonde dans ce sens où l'heure n'est plus à un appel au quatrième mandat mais à un «wait and see» en gardant toutefois les formes. Maintenant, toutes les déclarations des autres politiques «indépendants» ne font que confirmer que les choses, en haut, ne sont pas claires et que la décantation ne se fera qu'après la décision officielle de Bouteflika.