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Avril 2014, le blockbuster de l'année

par Moncef Wafi

Avril 2014, tellement près dans le calendrier des jours qui meurent et tellement éloigné des aspirations d'un peuple assisté qui s'intéresse plus au onze de départ contre le Burkina Faso qu'au nom du prochain président de la République. Hormis les institutions, les partis en préfabriqué, les hommes politiques en transit, les patriotes de circonstance et les lièvres de sortie, les présidentielles en Algérie n'ont plus aucun crédit auprès de citoyens fatigués de lire, chaque jour, des journaux qui font tout pour sortir ces élections de leur torpeur.

Des noms sont suggérés, des alliances sous-entendues, des fantômes ressortis des placards de l'histoire et des feuilletons sur de pseudo-conflits en haut de la pyramide sont même murmurés par des costumes-cravates sans grande envergure et repris à la Une des titres qui n'ont finalement pas grand-chose à se mettre sous la dent tant les dés, pipés en amont, sont déjà jetés. Présidentielles, législatives, locales, les votes en Algérie ont de tout temps été un flagrant mépris à l'électeur et chaque scrutin qui passe est une occasion ratée pour l'Etat de renouer avec son peuple. A force de frauder, de bourrer les urnes, de faire voter les morts et les culs-de-jatte, de transgresser les lois électorales et d'en créer sur mesure, Avril 2014 ressemblera à s'y méprendre à son frère de 2009 et à tous les autres qui ont consacré un Etat et des institutions basées sur des urnes mensongères. Amuser le petit peuple avec des Saadani, des Benflis, et les autres est du temps perdu alors que tout le monde connaît le nom du futur locataire d'El Mouradia qui ne sera même pas un 3/4 de président mais un président de rechange, un intérim de cinq ans pour reprendre les affaires. Les langues disent que c'est un Sellal tout désigné qui sera notre président, d'autres d'un retour gagnant de Benflis ou du triomphe d'un homme mystère.

Alors pourquoi jouer au suspense quand l'intrigue du film est cousue de fil blanc et la fin connue d'avance. Pour donner le change aux exploitants des salles de cinéma à l'étranger, pour faire durer l'entracte national ou encore cacheter des figurants sans talent. Puisque personne ne s'intéresse réellement à ces élections pourquoi faire semblant et suspendre le cours de la vie à cet avril 2014 ? Les Algériens ont mieux à faire que d'attendre que des sexagénaires et des septuagénaires se mettent d'accord pour désigner qui va continuer à conduire encore le pays vers le précipice et instaurer l'impunité comme unique sport de riche dans ce pays.