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Ça viendra

par El-Guellil

Prends ton temps ! Koul otlaa fiha kheir. Je n'ai pas le temps! Rani pressé. Tu perds ton temps! Rassou khchine. Ça prend du temps! C'est du chkil. Je manque de temps!

Quel temps fera-t-il ? Le temps, on lui donne toutes sortes de formes: présent, passé, futur, imparfait, plus-que-parfait. Quelle langue ! imaginez un temps qui serait plus que la perfection! Mais là où toutes les dissertations sur le sujet atteignent leur apogée, c'est lorsque nos météorologues, dans leur studio télé climatisés ou surchauffés, nous parlent de la couleur du temps. Dans un langage spécialisé, photos satellites à l'appui, ils essaient de deviner ce que nous réserve le temps futur, en s'appuyant, évidemment, sur le passé, avec statistiques et comparaisons. Et finir avec « in challah.

Résultat, tu te lèves, le lendemain avec du soleil, du vent ou de la pluie, des nuages ou sama safi,, sans pour autant que le ciel ne te tombe sur la tête et tu continues à manquer de temps ou à trouver le temps long !

On raconte qu'un petit poisson de l'océan demanda, un jour, à un vieux requin:

«- Dites-moi où je peux trouver ce qu'on appelle l'océan?

- L'océan, rétorqua le vieux poisson, mais tu nages dedans!

- Ça? Ce n'est que de l'eau! Ce que je cherche, c'est l'océan!»

Et le jeune poisson, déçu, repartit d'un coup de nageoire pour chercher, ailleurs, ce dont il rêvait.        

Ainsi en est-il du temps. Le passé, tu ne peux, en rien, le changer; le futur, tu n'es pas assuré de le voir; mais le temps présent, tu es dedans.

Alors, petit ou gros poisson, cesse de chercher ou de perdre du temps: donne-lui de la couleur, non celle de la météo, mais la tienne: tu ne peux manquer ton coup!

Et, en attendant le plus-que-parfait, vis le temps présent!