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Les Occidentaux accusent les alliés étrangers du régime de
Damas d'ingérence dans le conflit syrien. Venant d'eux qui en font tout autant
en faveur de la rébellion qui se bat contre ce régime, l'accusation est d'une
cynique hypocrisie. Les uns comme les autres qui contribuent à faire durer ce
conflit par leurs aides multiformes aux belligérants syriens ne sont pas animés
par la conviction de vouloir faire triompher les idéaux du droit et de la
justice. Mais contrairement aux «amis» étrangers de la rébellion syrienne, ceux
du régime syrien ont au moins le «mérite» de ne pas chercher à faire prendre
des vessies pour des lanternes à l'opinion internationale sur les raisons de
leur implication dans le conflit. La Russie et l'Iran, pour ne citer qu'eux
parmi ces derniers, n'ont jamais caché qu'ils interviennent dans le conflit
pour défendre leurs intérêts nationaux géopolitiques respectifs dans la région.
Du côté occidental, l'on a agi pour le même motif sauf que l'on s'acharne à
vouloir «enfumer» cette opinion internationale en lui présentant l'intervention
des «amis» de la rébellion comme étant dénuée d'une pareille considération et
qu'elle n'a d'autre raison d'être que d'apporter aide et soutien au peuple
syrien en révolte contre le régime d'El-Assad et l'aider à faire tomber
celui-ci et instaurer la liberté et la démocratie dans son pays. Qui continue à
croire une telle baliverne au constat de la composante hétéroclite de la
rébellion armée au sein de laquelle prédominent désormais les groupes armés
djihadistes salafistes pour qui justement démocratie et liberté sont «kofr» et
à celui que le sont les deux Etats de la région, les plus imperméables à ces
concepts, le Qatar et l'Arabie Saoudite qui sont à la manœuvre contre le régime
de Damas en sous-traitance pour les alliés occidentaux de la rébellion.
C'est en ayant en vue leur intérêt national géopolitique que la Russie et l'Iran sont favorables à une conférence internationale sur la Syrie. Par ce biais, ils entendent engager une négociation globale avec les parties occidentales qui leur contestent la «légitimité» de cet intérêt qu'ils ont en Syrie et dans la région. Le conflit syrien est la partie visible et sanglante d'une immense confrontation dont l'enjeu est une nouvelle redistribution de cartes dans la conduite des affaires du monde. L'Occident ne cherche ni plus ni moins que le maintien de ses capacités à régenter l'ordre international et à préserver son hégémonie sur le reste de la planète. En ayant accepté le principe de négocier dans le cas du conflit syrien avec les adversaires qui lui contestent ce rôle, l'Occident a dévoilé qu'il n'est plus en situation de leur imposer unilatéralement des diktat et fait accompli. Il n'a pas pour autant renoncé à préserver son statut. Raison pour laquelle il multiplie les entraves à l'organisation de la conférence internationale de Genève dont la tenue signifiera qu'il est contraint au compromis avec les puissances qui ont contré ses desseins en Syrie. Pourtant faute d'un compromis auquel se rallieraient toutes les parties étrangères et poussés par elles les belligérants syriens, le conflit syrien connaîtra inéluctablement des développements qui le transformeront non plus en guerre par procuration menée par alliés locaux, mais en une confrontation directe entre les grandes puissances qui se disputent la direction du monde. Un scénario contre lequel le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a mis en garde en déclarant qu'il est malheureusement envisagé par des «esprits échauffés» qui travaillent à créer les conditions à l'intervention directe de forces étrangères en Syrie. |
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