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Conflit palestinien: il n'est de désapprobation sans sanctions

par Kharroubi Habib

Des pays occidentaux ont réagi aux mesures de représailles annoncées par le cabinet israélien suite à la décision de l'ONU d'élever le statut de la Palestine à celui d'Etat observateur non membre aux Nations unies. Ce sont la France, l'Espagne et la Suède qui ont voté en faveur de ce statut, mais également la Grande-Bretagne qui s'y est opposée. Tous ont protesté contre ces mesures, ce qui est la moindre des choses, au vu de l'illégalité dont elles sont entachées. Mais cette fois les gouvernements de ces pays ont tenu à montrer la fermeté de leur désapprobation autrement que par la voie d'un communiqué. Ils ont usé d'un procédé auquel Israël n'est nullement habitué, celui de la convocation de ses ambassadeurs qui se sont vu notifier cette « désapprobation » et les « préoccupations » que les mesures annoncées suscitent. Paris, Londres, Madrid et Stockholm ont ainsi signifié qu'ils n'entendent pas continuer à faire preuve de complaisance à l'égard d'Israël dont les décisions font obstacle à la solution à deux Etats dans le conflit palestino-israélien. Il faut bien entendu saluer leur geste de fermeté surtout venant de Paris et Londres, peu coutumiers d'une telle attitude à l'égard de l'Etat sioniste. Mais sans s'empresser d'y voir le signe que les pays concernés sont déterminés à aller plus loin à l'égard d'Israël que l'expression de la désapprobation. D'ailleurs à l'intention de ceux qui ont sauté ce pas, le président français a été on ne peut plus clair en affirmant que « la France n'entrera pas dans la logique des sanctions contre Israël ». Autant dire que la « fermeté » de Paris s'en tiendra à la remontrance verbale, un point c'est tout. Ce qui n'empêchera pas Netanyahu et ses ministres de dormir tranquillement et poursuivre leur politique de rétorsion contre les Palestiniens. La seule chose capable de faire reculer le cabinet israélien serait que la désapprobation internationale, celle notamment des pays occidentaux, se traduise par des sanctions contre son pays, diplomatiques, mais aussi économiques et autres. Les pays occidentaux ont démontré qu'ils n'hésitent pas à pratiquer la politique des sanctions à l'encontre d'Etats dont les agissements bafouent la légalité internationale. Pourquoi s'y opposeraient-ils donc quand c'est Israël qui est en cause et qu'ils admettent que sa conduite fait reculer la cause de la paix au Proche-Orient ?

S'il faut prendre acte de la nouveauté positive qu'est la fermeté de la réprobation occidentale exprimée suite aux mesures annoncées par Israël, les amis du peuple palestinien ne doivent pas s'en contenter, mais réclamer de ceux qui l'ont manifestée qu'ils conforment leurs paroles et actes sur la question palestinienne. Faute de quoi Israël n'abandonnera jamais son dessein d'empêcher le projet de deux Etats de se réaliser. L'illégalité des constructions projetées par l'Etat sioniste étant reconnue par la communauté internationale, il s'agit maintenant de forcer son gouvernement à y renoncer. Les paroles ne suffisent pas même si la Cour internationale de justice saisie par l'Autorité palestinienne en condamne la décision. Il faut faire sentir à Israël qu'il n'est plus en situation de faire ce qu'il veut en ignorant la communauté internationale.

En Israël même des voix s'élèvent pour mettre en garde le pays contre l'excès d'aveuglement et d'arrogance dont il fait preuve et qui lui font mésestimer le revirement d'opinion défavorable à sa cause qui s'est opéré dans le monde et particulièrement au sein des sociétés des pays occidentaux jusque-là inconditionnels partisans de l'Etat sioniste. Pour une bonne part, la fermeté manifestée cette fois par la France et la Grande-Bretagne s'est imposée à leurs dirigeants au constat de ce revirement d'opinion qui s'exprime dans leurs pays respectif et les contraint à plus d'équité dans le conflit palestino-israélien.