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GAG GEOPOLITIQUE

par M. Saadoune

Les mesures de «représailles» prises par Israël après la reconnaissance de la communauté internationale d'un statut d'Etat observateur à la Palestine ne sont pas une surprise. Elles ne dérogent pas à la politique habituelle d'un occupant raciste qui œuvre à déloger les Palestiniens de leur terre. Le vote de l'Assemblée générale des Nations unies qui a été un échec des efforts d'une diplomatie américaine entièrement tendue à la défense de la politique d'Israël a cependant mis en relief, pour ceux qui ne veulent pas voir, le fait qu'Israël ne veut pas d'une solution politique. Pour le reste, il n'y a rien de nouveau sous le soleil de l'oppression.

La création de nouvelles colonies sur les territoires palestiniens n'est pas une nouvelle politique, elle est dans la continuité d'une action de purification ethno-religieuse. Il ne faut donc pas donner une importante démesurée à «l'irritation» très médiatique de certaines capitales occidentales après l'annonce de nouvelles colonies à Jérusalem et en Cisjordanie. La convocation de l'ambassadeur israélien dans certaines de ces capitales n'est en aucun cas l'annonce d'un changement de politique. On est surtout dans le minimum d'expression médiatique à destination d'une communauté internationale qui supporte de moins en moins l'exception au respect du droit international que les Occidentaux consentent à Israël. Et pour ne pas laisser le moindre doute, le président français s'est empressé de dire que son pays n'allait pas entrer dans la logique des sanctions. Personne n'en doutait, bien sûr, même si l'on peut observer qu'en matière de sanctions et quand il ne s'agit pas d'Israël, la tendance est à dégainer très vite.

L'irritation des Occidentaux n'ira pas très loin, les lobbies pro-israéliens se chargeront d'ailleurs de rappeler aux décideurs de ces pays les très larges «limites» à ne pas dépasser. A la limite, on pourra concéder que cette «irritation» ostentatoire est le signe que les capitales occidentales se rendent compte que la défense d'Israël devient très compliquée dans un monde où l'on a appris, sur ce dossier en particulier, à s'informer ailleurs que dans les couvertures des médias dominants. Les capitales occidentales en sont réduites à marquer à destination de cette vraie communauté internationale qu'elles ne sont pas satisfaites des actions d'Israël. Sans plus. Pas question d'agir ou de peser pour l'obliger à respecter le droit international.

Pour les opinions dans le monde arabe, cette attitude des Occidentaux ne suscite presque pas de commentaires, c'est dans l'ordre des choses. Ces opinions s'irritent davantage du manque de courage de leurs gouvernements à dire aux Occidentaux, Américains en premier, que personne n'est dupe au sujet de leur politique à l'égard d'Israël. Même quand certains de ces pays occidentaux ont accepté de voter la résolution en faveur de l'Etat palestinien à l'Onu, ils l'ont fait uniquement dans un souci de «favoriser» Abbas au détriment du Hamas. Ils ne l'ont pas fait parce qu'ils considèrent que le droit international qu'on ne cesse de brandir est constamment bafoué. Les opinions s'irritent de voir les Etats arabes peu offensifs sur le dossier palestinien, de les voir continuer, hypocritement, à s'en remettre aux Etats-Unis, ce qui est le plus grand gag géopolitique de l'histoire. Contrairement à ce que véhiculent les responsables de ces Etats, ils ne sont pas démunis d'atouts. Ce qui leur manque, c'est la volonté.