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Vers l'Etat unique régi par les principes de l'apartheid

par Kharroubi Habib

 

Dans un document rédigé en prévision d'une réunion des donateurs internationaux en marge des travaux de l'Assemblée générale de l'ONU, l'Autorité palestinienne a averti que le statu quo qui perdure dans la question palestinienne n'est plus tenable politiquement et économiquement pour le peuple palestinien et elle-même. Les rédacteurs du document ont fait valoir que l'impasse dans les discussions de paix avec Israël menace la solution à deux Etats prônée par la communauté internationale et acceptée par les Palestiniens et est en train de générer les conditions à l'instauration d'un Etat unique régi par les principes de «l'apartheid». Sans un accord politique juste et durable, ajoutent-ils, les «Israéliens et les Palestiniens vont inévitablement se retrouver dans un seul Etat de cette sorte».

Pour contrer ce dessein à la réalisation duquel concourent la poursuite de l'occupation israélienne et la politique à laquelle elle donne lieu contre les Palestiniens et la solution à deux Etats, l'autorité que préside Mahmoud Abbas appelle les pays donateurs à faire pression sur Israël pour qu'il cesse d'aller sur cette voie. C'est le même message que Mahmoud Abbas a délivré à la communauté internationale du haut de la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU. Modéré dans le ton, pragmatique dans la demande, le président palestinien s'est attelé à faire comprendre que l'impasse avec Israël condamne inexorablement la solution à deux Etats d'où l'initiative de l'Autorité palestinienne demandant à l'ONU la reconnaissance internationale de l'Etat palestinien aux frontières basées sur le tracé d'avant 67 des territoires qu'il englobe. A ceux qui s'opposent à sa demande sous prétexte qu'elle perpétue le refus de reconnaissance par les Palestiniens de l'Etat d'Israël, Mahmoud Abbas a réaffirmé sans ambiguïté que tel n'est pas son objectif, mais qu'elle a été dictée à l'autorité qu'il préside au constat qu'elle est la seule carte qui lui restait entre les mains pour tenter de faire bouger les lignes sur la question palestinienne.

En passant outre les pressions qui se sont exercées sur lui et l'Autorité palestinienne et les menaces de rétorsion qui les ont accompagnées pour les forcer à renoncer à saisir les Nations unies, Mahmoud Abbas a mis la communauté internationale face à ses responsabilités. Saisie d'une demande palestinienne dont le bien-fondé est irrécusable au vu du droit international et de ses propres engagements sur le dossier palestinien, elle ne peut refuser de la satisfaire sauf à démontrer qu'elle ne se prononce et agit que sur injonction. Si comme Israël, les Etats-Unis et leurs alliés européens le prétendent la question palestinienne n'est pas et ne doit pas être du ressort des Nations unies, pourquoi alors celles de la Syrie et du programme nucléaire iranien le sont-elles ?

La paix au Moyen-Orient et dans le monde serait semble-t-il en cause du fait du conflit syrien et de la crise iranienne. Raison que ces puissances invoquent pour tenter d'entraîner la communauté internationale à avaliser leurs projets interventionnistes dans ces deux cas. Mais elles dénient dans le même temps tout danger de cette nature à l'entêtement israélien à refuser aux Palestiniens la création de leur Etat national. Un déni pourtant qui n'a jamais été absent des causes ayant généré des situations conflictuelles dans la région mettant en danger cette paix. A leurs yeux, Israël peut tout se permettre et la communauté internationale sommée de l'accepter.

Ce diktat a été de nouveau délivré à la 67ème Assemblée générale de l'ONU. Beaucoup d'Etats membres de cette Assemblée s'y plieront, hélas, malgré le pathétique appel d'Abbas à leur conscience et leurs devoirs à l'égard du peuple palestinien dont ils admettent par ailleurs la justesse et la légitimité de sa revendication et de sa démarche pacifique.