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Les «redresseurs» FLN font école au RND

par Kharroubi Habib

Belkhadem a dû accueillir avec une satisfaction narquoise le fait que ses «redresseurs» ont fait des émules dans les rangs du parti «frère ennemi», le RND. La formation que dirige Ahmed Ouyahia voit en effet se constituer en son sein un groupe de contestataires composé pour l'instant de pas moins de trente-cinq membres de son conseil national qui, à l'instar des «redresseurs» du FLN, s'est fixé pour objectif de contraindre à la démission le secrétaire général du parti.

Dans une déclaration publique, ce groupe de contestataires RND, exploitant l'indéniable malaise qui est celui des militants du parti des suites du faible score électoral enregistré par celui-ci sous la houlette d'Ouyahia, somme ce dernier «d'assumer ses responsabilités» et de se «démettre de ses fonctions». Mais à ce grief factuel, les détracteurs du patron du RND ajoutent d'autres qui sont à l'identique de ceux formulés à l'encontre de Belkhadem par ses adversaires dans le FLN. A Ouyahia, il est, tout comme à Belkhadem, reproché une gestion antidémocratique du RND, des pratiques de «chef de bande prédateur politique féroce, à l'appétit insatiable». Il lui est imputé de même d'être «habité par une ambition non pas pour le pays mais pour lui-même».

Selon ses contestataires, «cette ambition déraisonnable, démesurée car délirante, entraîne dans son itinéraire propre le délabrement du parti, ainsi que nombre d'injustices à l'encontre des militants». Et ils ajoutent que son «ego hypertrophié a occulté complètement la promotion programmée du RND, qui a été en fait réduit à ne servir que les desiderata de son chef dans sa course effrénée vers la magistrature suprême».

La fronde qui s'organise au sein du RND n'a rien de spontané, et tout comme celle qu'a eu à affronter Belkhadem dans le FLN, elle a été inspirée de «quelque part» à ses initiateurs. Venant après la «douche écossaise» qu'ont été les résultats électoraux du RND pour Ahmed Ouyahia, elle vaut signal pour ce dernier, qu'il ne doit pas se croire inamovible patron du second parti du pays et nourrir de ce fait une ambition nationale que d'aucuns lui dénient.

Le RND, sous la férule, dit-on, autoritaire d'Ouyahia, a donné l'impression d'être une formation disciplinée, exempte des dissensions et des luttes claniques du genre de celles qui ont miné l'ex-parti unique. Ce n'était qu'apparence. Car le RND obéit à la même loi imposée au FLN et à laquelle ne dérogent pas ses «caciques» quand le vrai pouvoir politique décide, pour ses raisons propres, de s'ingérer dans sa vie organique.

La fronde qui s'organise contre Ouyahia ne se résume pas à la manifestation vindicative fomentée par quelques aigris et déçus de ne pas avoir été retenus en tant que candidats du parti aux élections législatives. Ses véritables instigateurs lui ont assigné pour objectif de faire douter Ouyahia qu'il dispose avec le RND du tremplin qui lui permet de se préparer à prendre son envol pour l'échéance 2014. Il est vrai que les accusations portées contre lui par ses détracteurs, dont il faut gager que le nombre va aller en grossissant, noircissent singulièrement l'image déjà peu flatteuse qui est la sienne dans l'opinion populaire.

Il n'est pas fortuit tout de même que les deux personnalités du sérail politique officiel auxquelles il est prêté l'envie de vouloir être candidats à la présidentielle de 2014, se retrouvent en butte à des menées déstabilisatrices dont les processus et les angles d'attaque s'apparentent «étrangement». Ce qui ne veut pas dire pour autant que les «tireurs de ficelles» soient les mêmes concernant Belkhadem et Ouyahia.