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Palestine : il est temps de trancher

par Kharroubi Habib

George Mitchell, l'envoyé spécial américain pour le ProcheOrient, est réparti vendredi une nouvelle fois bredouille d'une énième navette en Israël et à Ramallah. La même déconvenue a conclu la visite effectuée aux mêmes lieux par Catherine Ashton, la haute représentante de l'Union européenne aux Affaires étrangères.

 Il s'agissait pour les deux émissaires d'obtenir de leurs interlocuteurs israéliens et palestiniens le compromis qui sauverait les négociations directes entre eux entamées le 02 septembre à Washington et menacées de suspension du fait du refus israélien de prolonger le gel partiel de la colonisation en Cisjordanie. Benjamin Netanyahu oppose une fin de non-recevoir à cette demande en dépit des fortes pressions internationales qui se sont exercées sur lui. Il a tout juste concédé que les constructions qui ont repris après la fin du moratoire de leur gel «seront modérées et faites avec retenue». Ce qui pour les Palestiniens équivaut purement et simplement à une reprise de la colonisation de leurs territoires, dont ils ont fait de l'arrêt total la condition irrévocable pour la poursuite des négociations directes.

 A ce point où la rupture se profile dans le processus de négociation, la responsabilité israélienne est clairement établie et quasi unanimement dénoncée par l'opinion et la communauté internationales. Il n'y a que des congressistes américains pour ne pas en convenir et agissent pour faire forcer les Palestiniens à rester à la table des négociations, alors que les constructions juives en Cisjordanie ont repris de plus belle sous la forme que des commentateurs israéliens qualifient de «colonisation light». Reste à savoir si Mahmoud Abbas et l'Autorité palestinienne s'en tiendront à leur position de principe, qui est de ne pas continuer à négocier alors que se poursuit la colonisation des terres palestiniennes.

 Ils ont raison d'avoir durci le ton et refusé d'accepter le fait accompli israélien, comme on veut les y pousser. La balle est dans le camp israélien mais aussi dans celui de la communauté internationale. Un des principaux membres du Fatah, Jibril Rejoub, l'a clairement énoncé en faisant valoir que «si le monde est incapable de faire entendre raison à Israël, alors il devrait reconsidérer la légitimité de la poursuite de l'existence de cet Etat qui a été établi avec l'aval de la communauté internationale». Les Palestiniens n'ont pas à se contenter des déclarations dilatoires sur la poursuite de la colonisation. S'ils le font, ce serait de leur part tomber dans le piège de Netanyahu, qui cherche à ce que les négociations directes se poursuivent jusqu'aux élections de mi-mandat aux Etats-Unis en novembre prochain. La perspective d'une déroute démocrate, et donc d'un affaiblissement de Barack Obama que les sondages et commentaires prédisent, lui permettra après ces élections de ne plus faire l'objet de pression de la part de Washington, tant sur la question de la colonisation que sur tout le reste qui est en jeu dans les négociations israélo-palestiniennes.

 En différant de date en date sa réunion sur le dossier palestinien, la Ligue arabe participe consciemment ou pas à faire gagner du temps au Premier ministre israélien. Alors qu'il est urgent que Palestiniens et Arabes fassent savoir au monde qu'il a à tirer les conclusions de l'intransigeance israélienne et que ce n'est pas à eux qu'il faut imputer la responsabilité de l'arrêt du processus de paix.