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Le calcul politico-électoral d'Obama

par Kharroubi Habib

Barack Obama a voulu que la reprise des pourparlers directs palestino-israéliens ait lieu le 02 septembre. Il a fait le forcing diplomatique pour obtenir satisfaction et c'est ce qu'il est parvenu à arracher aux concernés.

 Officiellement, le président américain a fixé cette date à la reprise des pourparlers directs pour éviter qu'elle ne soit remise en cause au moment de la fin fixée par le gouvernement israélien du gel provisoire de l'extension de la colonisation juive en territoires palestiniens occupés, devant intervenir le 25 septembre.

 Cette raison ne semble pas être la seule qu'Obama ait eue en tête pour faire choix du 02 septembre comme date de la reprise des pourparlers directs. Il y a, à n'en point douter également, du calcul politico-électoral derrière son choix. Celui de faire coïncider l'évènement avec la fin du retrait d'Iran des troupes combattantes américaines dont il a fait l'annonce officielle au peuple américain mardi par un discours à la nation.

 L'arrière-pensée qui l'a conduit à faire coïncider ces deux évènements est que l'opinion américaine ait matière à y voir que son président a tenu son engagement pour le premier et obtenu un «succès diplomatique» d'importance pour le second.

 L'on fera remarquer qu'Obama a fait précéder la survenance de ces deux évènements par sa visite très médiatisée à la Louisiane, au prétexte du cinquième anniversaire de la catastrophe naturelle qui a ravagé cet Etat de l'Union.

 Les trois évènements sont exploités par le président américain en autant d'opportunités qui lui font faire la preuve à ses compatriotes qu'il agit et réussit mieux que son prédécesseur. Il fallait à Obama en effet une dose de politique spectacle autour de ces dossiers de la Louisiane meurtrie, du retrait des «boys» d'Irak et de la reprise des pourparlers directs palestino-israéliens pour contrer la campagne axée sur le procès en règle de sa conduite de la politique américaine que les républicains mènent contre lui, et qui n'est pas sans avoir suscité une inquiétante adhésion populaire.

 Septembre, c'est l'entame officielle de l'empoignade électorale entre démocrates et républicains, avec pour point de mire les scrutins de novembre devant les départager et qui s'annoncent périlleux pour le président américain et le camp démocrate. Avec les trois «shows» politico-médiatiques dont il est la vedette en cette période, Barack Obama pense parvenir à redorer son image auprès de l'opinion américaine et du même coup «booster» la campagne électorale du camp démocrate.

 Le calcul peut à court terme produire l'effet escompté. A long terme, il risque au contraire d'avoir un impact désastreux pour la popularité d'Obama, au cas où il s'avère que le retrait d'Irak décidé par lui n'a aucunement mis fin à la guerre dans ce pays et que la reprise des pourparlers directs palestino-israéliens ne se conclut pas par l'accord de paix espéré. Or, c'est précisément ce qu'analystes et observateurs redoutent pour l'un et pour l'autre des deux évènements que Barack Obama entend exploiter pour essayer de relancer sa popularité et convaincre l'Amérique qu'il fait du bon «job» tant en politique intérieure qu'à celle de l'international.