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Obama donnera-t-il à Hariri des garanties ?

par Kharroubi Habib

Malgré la reprise des négociations indirectes entre Israéliens et Palestiniens par l'intermédiaire de George Mitchell, l'envoyé spécial américain pour le Proche-Orient, les tensions sont extrêmement fortes dans la région. La situation s'est tendue entre l'Etat hébreu et le Liban suite à des déclarations de responsables israéliens affirmant que le gouvernement libanais sera tenu pour responsable et non le mouvement chiite Hezbollah en cas de conflit armé. Un conflit que le gouvernement Netanyahu prémédite manifestement d'engager en prenant prétexte du surarmement auquel procèderait le mouvement chiite Hezbollah grâce aux fournitures de missiles Scud que lui livrerait la Syrie.

 Même le placide Premier ministre libanais Saâd Hariri s'inquiète de la montée des tensions provoquée par les agissements israéliens. Au point qu'il a décidé de se rendre à Washington pour exprimer les craintes libanaises de l'éclatement d'un nouveau conflit et tenter d'obtenir des garanties de Washington contre une aventure israélienne au Liban.

 Avant de faire son déplacement en Amérique, Hariri a reçu à Beyrouth Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, venu dans la région «pour renouveler la disposition de la France à contribuer à faire baisser la tension».

 Les inquiétudes dont Hariri s'est fait l'interprète sont réelles. Israël, et nous l'avons envisagé il y a quelques semaines, est en quête d'une diversion à sa mise en accusation à l'international pour la poursuite de sa politique anti-paix dans les territoires palestiniens. Quitte à déclencher une guerre contre le Liban voisin. C'est pour préparer l'opinion internationale à cette sinistre éventualité que sa propagande a enfourché le thème du surarmement auquel serait en train de parvenir le Hezbollah avec la complicité de Damas et sur lequel les autorités libanaises font silence.

 A la Maison-Blanche, où le Premier ministre libanais va être reçu, l'on est parfaitement renseigné des intentions israéliennes. L'on sait tout aussi bien qu'une nouvelle opération militaire israélienne dans la région ruinerait les perspectives de paix que Barack Obama s'est engagé devant le monde à réaliser. C'est pourquoi l'empressement américain à confirmer, sans apporter aucune preuve, les accusations israéliennes contre la Syrie à propos de la fourniture de missiles au Hezbollah, nous semble une erreur qui a conforté les gouvernants israéliens dans leurs préparatifs d'une conflagration régionale.

 Début mai, le ministre français Bernard Kouchner avait qualifié de «dangereuse» la situation au Proche-Orient, mais en en attribuant la cause au seul Hezbollah, sans prendre en considération les bruits de bottes que Tel-Aviv faisait résonner. Depuis, les seules pressions américaines ou françaises qui s'exercent dans la région sont faites en direction de Beyrouth et Damas pour tenter de les amener à s'incliner devant les diktats de l'Etat d'Israël. L'Etat hébreu n'a pas fait l'objet de la moindre remontrance de la part des Etats-Unis ou de la France sur les survols quasi quotidiens de son aviation du territoire libanais, pourtant dénoncés par la Finul déployée à la frontière israélo-libanaise.

 Dans ces conditions, n'est-ce pas le Hezbollah qui a raison de voir dans les actes israéliens une provocation cherchant à le pousser à s'engager vers l'irréparable ?