Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

A ne pas oublier...

par Par K. Selim



Le rapport Goldstone, adopté par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies malgré d'intenses pressions israéliennes et occidentales, ne passera pas l'écueil du veto étasunien au Conseil de sécurité. Ce n'est pas une surprise. Aucune incrimination d'Israël n'est acceptable pour les Américains qui s'y sont opposés, encore moins pour les Européens qui croient, piteusement, sauver la face en s'abstenant.

Le monde entier ne peut que constater que la notion des droits de l'homme des Occidentaux est absolument à géométrie et à «ethnie» variables. Le double standard des Occidentaux en matière des droits de l'homme n'est pas une simple perception des Arabes, comme on tente de nous le faire accroire, c'est une réalité d'airain. Mais cela n'a rien de nouveau. On se serait juste attendu à ce que les dirigeants de l'Autorité palestinienne ne soient pas naïfs et qu'ils constatent que même au niveau du verbe, le président Barack Obama a cédé aux pressions israéliennes.

Il n'y avait aucune raison «réaliste» ni aucun «gain» à escompter à céder aux pressions des Américains au sujet du rapport Goldstone. Le fait que le rapport ait été adopté vendredi sans problème par la majorité des Etats au Conseil des droits de l'homme montre que les arguments développés par Mahmoud Abbas et ses proches au sujet des raisons qui ont motivé le report initial n'ont pas de fondements sérieux.

Le carnage subi par la population palestinienne de Ghaza a révulsé le monde entier et on pouvait s'attendre, malgré la pression des Occidentaux, à ce que le monde l'exprime clairement. Il l'a fait. Clairement. L'Autorité palestinienne est peut-être soulagée, le laborieux processus de réconciliation interpalestinien mené sous l'égide de l'Egypte est peut-être sauvé, mais l'épisode laissera des traces.

Il serait souhaitable que Mahmoud Abbas et son groupe «d'éternels» négociateurs en tirent de véritables enseignements. La première est que les Américains, en exerçant des pressions sur Mahmoud Abbas, ont montré qu'ils n'ont pas le moindre souci de sa crédibilité. La seconde, plus grave, est qu'en cédant à cette pression, l'Autorité palestinienne a cru pouvoir agir en solo, sans même en référer aux autres instances du Fatah et encore moins à l'opinion palestinienne. C'est la colère des Palestiniens, toutes tendances confondues, y compris celle des fathaouis, apparemment non prévue par Mahmoud Abbas et ses négociateurs, qui les a contraints à tout faire pour rattraper le coup et à remettre le rapport Goldstone en selle. Mahmoud Abbas, homme si hautain, s'est même rendu compte qu'il doit parler aux Palestiniens et on lui a organisé un meeting à Djenine.

Et oui, malgré l'occupation qui rend la vie impossible, malgré un encerclement imposé à la population de Ghaza, les Palestiniens n'ont pas perdu leur lucidité. Ils ont signifié à Mahmoud Abbas qu'ils n'ont pas de cadeau à faire aux assassins. Il semble qu'en faisant tout pour rattraper son incroyable faute, l'Autorité palestinienne s'est rendu compte que l'opinion des Palestiniens vaut autant, sinon plus que celle d'Obama. Il faut espérer qu'elle ne l'oubliera plus...