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Complicité criminelle

par Ali Babès

Les jours passent et se ressemblent pour la population palestinienne de Ghaza : l'agression d'Israël ne semble pas avoir de fin ni de répit. Hier, le nombre de victimes d'un pogrom permanent, et devant la communauté internationale restée lâchement sans réagir, dépassait les 900 martyrs.

Oui, en l'espace d'un peu plus de deux semaines, les Israéliens ont tout simplement tué, massacré près d'un millier de personnes, des Palestiniens, sans que les zélés porte-voix d'une démocratie à oublier ne bougent le petit doigt pour dire ce qu'il faut dire à un Etat-voyou : stop !

Le plus dramatique dans cette situation qui nous fait mal, c'est que les pays arabes, en dehors des populations de la rue, sont restés sans voix. Les dirigeants des pays arabes, notamment ceux qui peuvent, s'ils avaient le courage de le faire, agir en conséquence, comme la Syrie ou l'Egypte, proches voisins d'un peuple martyrisé, n'ont rien fait. Où est la solidarité des pays arabes quand un jeune Etat, à qui Israël refuse la naissance, est systématiquement l'objet des expériences et des tests des armes de destruction massive fabriquées par les Etats-Unis et testées par Tsahal ? Les pays arabes, par leur silence, sont complices d'un vaste complot contre le peuple palestinien qui, aujourd'hui, est devenu le cobaye des Israéliens qui l'aspergent de bombes au phosphore. Que peuvent faire de plus que témoigner, des médecins norvégiens de retour de l'enfer de Ghaza où ils ont vu les effets des armes chimiques sur les petits enfants palestiniens ?

Et au moment où Israël parle d'intensifier son agression, de raser la ville de Ghaza, les dirigeants arabes s'illustrent par leur immobilisme. Comme s'ils regardent les trains passer sans y monter. Ce sont les autres, les alliés de l'ennemi naturel, qui prennent les commandes.

Sinon, comment interpréter que Tony Blair, l'ex-PM anglais, réapparaisse soudain à la tête du Quartette, environ 16 jours après le début de l'agression sauvage d'Israël contre les Palestiniens, et qu'il prenne l'initiative en parlant d'un possible cessez-le-feu, au moment où tout le monde était braqué sur ce que ferait l'Egypte pour sortir les discussions de l'ornière ?

A plusieurs données, ce qui se passe actuellement entre le Hamas, l'Egypte et Israël ne reflète qu'une chose : que les Israéliens, malgré leurs crimes de guerre, contre l'humanité qu'ils sont en train de commettre chaque jour, veulent paraître comme les «victimes» du Hamas, un mouvement politique qui a réussi à gagner des élections législatives. Avec des complicités, y compris de pays arabes, Israël a donc développé un discours politique dans lequel les Européens comme les Américains se reconnaissent : lutte contre le terrorisme, c'est-à-dire liquider le Hamas, qui a pris le pouvoir par les urnes.

Et nous en sommes arrivés aujourd'hui à cette situation de massacre d'une population innocente, d'un peuple tout entier, parce que personne ne veut du Hamas. Et dans le même temps, faire des tests d'armes nouvelles sur les Palestiniens. Cela est possible quand ceux qui doivent agir restent les bras croisés. Sans esquisser le moindre geste, même pas rugir, ne serait-ce que pour la forme, pour dire qu'on est là.