Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Réagissant à l'attaque de son consulat de Damas: L'Iran contre-attaque

par Mohamed Mehdi

Pendant quelques heures, dans la nuit de samedi à dimanche, le monde a-t-il oublié le génocide en cours à Ghaza ? Certainement pas, mais tous les regards étaient rivés vers la riposte iranienne lancée en réponse à l'attaque de l'entité sioniste, survenue le 1er avril dernier, de son consulat de Damas. Une attaque qui a fait, rappelons-le, au moins 13 victimes dont des hauts gradés des Gardiens de la révolution iraniens.

Selon différentes sources, l'arsenal utilisé par l'Iran dans son attaque contre des «objectifs ciblés» dans l'entité sioniste, correspond à pas moins de 300 projectiles, dont plus 150 drones et ainsi que des dizaines de missiles balistiques. Le représentant de l'Iran auprès des Nations unies, Amir Saeed Irani, a déclaré dimanche que la réponse de Téhéran était une «légitime défense», «comme le stipule l'article 51 de la Charte des Nations unies».

Le même responsable a mis en garde Israël «contre toute action militaire». «Nous nous engageons à répondre à toute menace, et nous nous engageons à répondre légalement à toute agression qui vise nos intérêts et notre intégrité territoriale », a-t-il ajouté.

Pour le Commandant des Gardiens de la révolution iraniens, l'opération «a été limitée et réussie». «Nous avons frappé les sites qui constituaient le point de départ pour cibler notre consulat en Syrie. Nous aurions pu lancer une vaste opération, mais nous avons identifié des cibles spécifiques dans les territoires occupés».

Le Chef d'état-major iranien a, de son côté, affirmé que l'opération était «terminée» et qu'elle a conduit «à la destruction de deux sites militaires israéliens importants». «Mais nous réagirons avec force si Israël cible nos intérêts», dit-il encore, ajoutant que «si Washington participe à une attaque contre nous, nous ciblerons ses bases dans la région».

Les alliés d'Israël participent à l'interception des drones iraniens

L'entité sioniste a annoncé, hier, avoir pu intercepter «99%» des missiles et des drones lancés par l'Iran. La réalité est que plusieurs pays ont participé à protéger Israël dans cette attaque, considérée comme la première que l'Iran mène directement dans les territoires occupés.

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré dimanche que ses forces armées avaient intercepté des «dizaines de drones et de missiles en provenance d'Iran, d'Irak, de Syrie et du Yémen, qui se dirigeaient vers Israël».

Austin a ajouté : «Nous ne cherchons pas le conflit avec l'Iran, mais nous n'hésiterons pas à agir pour protéger nos forces et soutenir la défense d'Israël».

Selon ABC News, les forces navales américaines «ont abattu environ 70 drones d'attaque iraniens lancés en direction d'Israël». Un responsable américain anonyme, cité par Al Jazeera, a déclaré qu'un destroyer de la marine en Méditerranée orientale avait également abattu un nombre indéterminé de missiles balistiques tirés par l'Iran. Outre l'assistance militaire américaine, la France et le Royaume-Uni ont également participé à l'interception des missiles et des drones iraniens. Même la Jordanie a déclaré avoir éliminé des projectiles au-dessus de son espace aérien.

Réactions occidentales : le double standard

Dans le chapitre des réactions internationales, il faut noter celles dénonçant l'opération iranienne qui relèvent clairement de l'attitude du «double standard», élevée au grade de quasi «principe diplomatique», par des puissances occidentales.

Le silence tout court des Etats-Unis et de la France, lors de l'attaque israélienne du 1er avril dernier, s'est vite transformé, hier, en «ferme condamnation» de l'Iran et en «solidarité» avec Israël.

Le président américain, Joe Biden a, dans une publication sur X (ex-Twitter), «condamné ces attaques avec la plus grande fermeté», les qualifiant d'«éhontées» et réaffirmant son soutien «inébranlable» à Israël.

Silencieuse lors de l'attaque israélienne du 1er avril contre une représentation diplomatique iranienne, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a également exprimé, dimanche sur X, sa «ferme condamnation de l'attaque flagrante et injustifiable de l'Iran contre Israël». «J'appelle l'Iran et ses mandataires à cesser immédiatement ces attaques. Tous les acteurs doivent maintenant s'abstenir de toute nouvelle escalade et œuvrer au rétablissement de la stabilité dans la région», a-t-elle ajouté.

Egalement silencieux sur l'attaque israélienne, le président français Emmanuel Macron a «condamné avec la plus grande fermeté l'attaque sans précédent lancée par l'Iran contre Israël, qui menace de déstabiliser la région», exprimant sa «solidarité avec le peuple israélien et l'attachement de la France à la sécurité d'Israël».

L'Allemagne, l'Italie et la Grande-Bretagne ont également condamné «avec la plus grande fermeté» l'attaque iranienne.

Al Jazeera English (AJE) a rapporté hier que le ministère iranien des Affaires étrangères a convoqué les ambassadeurs du Royaume-Uni, de la France et de l'Allemagne après la condamnation par ces pays de l'attaque menée par Téhéran contre Israël. «Le directeur pour l'Europe occidentale du ministère iranien des Affaires étrangères a accusé ces trois pays de faire «deux poids, deux mesures» en s'opposant, au début du mois, à une déclaration du Conseil de sécurité des Nations unies rédigée par la Russie, condamnant l'attaque israélienne contre une représentation diplomatique de l'Iran en Syrie», écrit AJE.

Appels à la retenue

D'autres pays ont également réagi hier à la réaction iranienne contre l'entité sioniste. Le Qatar a exprimé sa «profonde inquiétude» et appelé «toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue».

L'Arabie Saoudite a appelé «toutes les parties à épargner à la région et à ses habitants les dangers de la guerre», alors que l'Egypte a mis en garde contre le «risque d'expansion régionale du conflit».

La Russie a aussi appelé «toutes les parties impliquées» à la «retenue», affirmant compter sur les Etats de la région pour «trouver une solution aux problèmes existants, par des moyens politiques et diplomatiques».

La Chine a aussi exprimé sa profonde préoccupation concernant l'aggravation de la situation et a appelé les parties concernées à «faire preuve de calme et de retenue afin d'éviter une nouvelle escalade» des tensions.

Pour le Mouvement de résistance islamique (Hamas), l'opération militaire iranienne contre l'entité sioniste est un «droit naturel et une réponse méritée au crime de bombardement du consulat iranien à Damas».

Un porte-parole des Houthis du Yémen a qualifié l'attaque iranienne contre Israël d'acte légitime en réponse à l'attaque contre le bâtiment du consulat iranien à Damas en Syrie au début du mois.

Israël continue ses massacres à Ghaza

Pendant ce temps, à Ghaza, l'armée israélienne continue de massacrer les populations civiles. Le ministère de la Santé de l'enclave assiégée a annoncé, dimanche 191e jour de l'agression, que le bilan du génocide sioniste s'est alourdi à 33.729 morts et 76.371 blessés. La même source a fait état d'au moins «43 martyrs et plus de 62 blessés au cours des dernières 24 heures ».

Dimanche, au moins 5 Palestiniens, dont une femme, sont tombés en martyrs, et d'autres ont été blessés par l'artillerie de l'occupation israélienne visant des Palestiniens déplacés qui tentaient de regagner leurs foyers dans le nord de la bande de Ghaza.

Des sources locales, citées par l'agence Wafa, ont déclaré que les forces d'occupation, stationnées près de la rue Al-Rashid, dans la ville de Ghaza, ont tiré des obus d'artillerie, des bombes incendiaires et des bombes lacrymogènes sur des centaines de personnes déplacées alors qu'elles tentaient de retourner vers le nord de l'enclave.