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Victime et bourreau !

par Abdelkrim Zerzouri

L'ambassadeur d'Israël auprès de l'ONU a demandé, le samedi 13 avril, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU « pour condamner sans équivoque l'Iran pour ces graves violations et agir immédiatement pour désigner le CGRI (le Conseil des Gardiens de la Révolution iranien, NDLR) en tant qu'organisation terroriste», a-t-il écrit dans sa lettre transmise à l'ambassadrice maltaise Vanessa Frazier, qui préside le Conseil de sécurité de l'ONU en ce mois d'avril. Cela aurait été logique pour tout autre pays d'introduire pareille demande, mais quand il s'agit d'Israël, on est en droit de s'interroger sur les véritables visées d'une pareille action. Tout simplement parce que l'entité sioniste n'a jamais reconnu les résolutions de l'ONU. Parce que l'entité sioniste foule aux pieds les résolutions de l'ONU, pour ne parler que des plus récentes, qui l'appellent depuis plus de cinq mois à cesser les massacres de civils à Ghaza, sans trouver aucun écho. Parce que l'ONU appelle à un cessez-le-feu à Ghaza alors qu'Israël continue à tirer sur tout ce qui bouge dans les territoires palestiniens occupés. Parce que l'entité sioniste continue à installer des colonies dans les territoires palestiniens occupés alors que l'ONU condamne cette entreprise colonialiste. Il existe de nombreuses raisons qui sonnent « faux » quand Israël va au Conseil de sécurité de l'ONU pour plaider une cause de victime, pourtant c'est que l'entité sioniste s'est empressée à faire, immédiatement, après l'attaque des drones iraniens sur des cibles militaires israéliennes.

Pourquoi cette attaque des Iraniens contre des cibles israéliennes ? Habituellement, l'Iran ne répondait pas aux provocations israéliennes, qui sont très nombreuses, se limitant à prendre acte et se réserver le droit de répondre. Mais cette récente attaque contre sa représentation diplomatique à Damas en Syrie ne devait pas passer comme les autres. C'est ce qu'ont laissé entendre les dirigeants iraniens après l'enterrement des victimes de cette attaque contre un lieu protégé par les Conventions de Vienne de 1961 et 1963 sur les relations diplomatiques et consulaires. L'Iran avait demandé également, le 1er avril dernier, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité à la suite de l'attaque contre son consulat à Damas, en Syrie, qui a fait « plusieurs morts et blessés parmi les membres de son personnel, y compris des conseillers militaires de haut rang ». L'attaque en question a été condamnée par la quasi-totalité des délégations qui ont appelé au respect de l'inviolabilité des installations et du personnel diplomatiques et consulaires. Lors de cette réunion d'urgence du Conseil de sécurité, la représentante de Malte a jugé que la situation est « intenable », relevant que « la désescalade doit être la priorité absolue et cela démarre par la mise en œuvre de la résolution 2728 (2024), ce qui signifie un cessez-le-feu dans la bande de Ghaza ». Non sans avertir dans ce sillage qu'«il faut éteindre l'incendie de la guerre avant qu'il ne soit trop tard ». Le même Conseil de sécurité qui devait se réunir hier dimanche 14 avril à 20 heures (GMT) suite à la demande du représentant d'Israël tient justement l'occasion pour forcer la mise en œuvre de la résolution 2728. Sinon, il y a un risque d'éclatement de la poudrière du Moyen-Orient.