Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Ghaza: L'entité sioniste poursuit ses massacres

par Mohamed Mehdi

  Au 189e jour depuis le début de l'agression contre Ghaza, le bilan des victimes a atteint 33.634 martyrs et 76.214 blessés, a annoncé vendredi le ministère de la Santé de l'enclave.

Le besoin, chez l'entité sioniste, de commettre davantage de crimes s'est exprimé lors de deux premiers jours de l'Aïd. Le ton était déjà annoncé la veille de la fête religieuse où la sauvagerie nazie a fait 122 martyrs et 56 blessés, a précisé le ministère de la Santé.

Le premier jour de l'Aïd El Fitr n'a pas été épargné par la machine génocidaire sioniste qui fait au moins 63 martyrs, dont 3 fils et 4 petits-enfants d'Ismaïl Haniyeh, le chef du Bureau politique du Mouvement de la Résistance islamique (Hamas), ainsi que 45 autres blessés. Les bombardements de jeudi, 2e jour de l'Aïd, ont fait 89 martyrs et 120 blessés.

Le Hamas a confirmé que 7 membres de la famille de Ismaïl Haniyeh, ses trois enfants Hazem, Amir, Mohammad, et leurs enfants, Mona, Amal, Khaled et Razan, ont été tués, à la suite d'un «lâche bombardement sioniste qui les a pris pour cible, dans le camp de Al-Shati, le premier jour de l'Aïd Al-Fitr». «Le sang de mes fils n'est pas plus précieux que celui des autres martyrs de notre peuple martyr à Gjaza, car ils sont tous mes enfants», a déclaré Haniyeh dès qu'il a été informé de l'attaque sioniste.

Des journalistes ciblés à Al Nuseirat

Vendredi, l'armée israélienne a bombardé plusieurs régions à Ghaza, en particulier dans le nord de l'enclave, comme à Jabaliya et dans d'autres zones, où l'entité sioniste est supposée permettre l'entrée de plusieurs dizaines de camions d'aide.

Dans le centre de l'enclave, où l'armée sioniste a entamé, dès jeudi soir, une « nouvelle opération militaire», l'aviation a bombardé à plusieurs reprises le camp Nuseirat, soutenue par de violents tirs d'artillerie. Même les navires de guerre ont participé à l'attaque en cours contre le centre de l'enclave. Plusieurs habitations ont été également dynamitées par les soldats de l'armée israélienne à Al-Nuseirat. D'autres bombardements ont été signalés dans le quartier Al-Daraj. Al Jazeera a fait état d'un martyr et de plusieurs blessés dans le bombardement de Nuseirat, et d'au moins 29 martyrs et plusieurs blessés dans le ciblage d'une maison de la famille Al-Tabatibi, dans la zone Al-Sidra, dans le centre de Ghaza.

Au moins 3 journalistes ont été ciblés alors qu'ils couvraient les bombardements de Nuseirat. Le journaliste de TRT (Chaîne turque), Sami Shehadeh, a été amputé du pied après avoir été blessé lors de ces attaques.

«Il fait partie d'un groupe de journalistes, dont le correspondant de TRT Arabi Sami Berhum, qui ont été blessés alors qu'ils couvraient les attaques israéliennes sur le camp situé au centre de Ghaza», précise Al Jazeera English.

Renier ses engagements, c'est l'ADN d'Israël

Pendant ce temps, Israël continue à user de l'arme de la faim et à renier ses engagements, dont les plus récents, faits depuis moins d'une semaine, de laisser entrer davantage d'aide humanitaire et d'ouvrir deux points de passage. Le monde entier, les alliés de l'entité sioniste en particulier, sont incapables de prendre des décisions fermes pour mettre cet Etat voyou devant ses responsabilités au regard du droit international.

Une déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU a appelé, jeudi, à la levée des obstacles à l'aide arrivant à Ghaza. «Les membres du Conseil de sécurité ont réitéré leur profonde préoccupation face au bilan humain du conflit, à la situation humanitaire catastrophique et à la menace d'une famine imminente à Ghaza et ont appelé à la levée immédiate de tous les obstacles à l'acheminement de l'aide humanitaire à une échelle suffisante de la population civile et à la distribution, sans entrave, de cette assistance», indique le communiqué.

«Ils ont pris note de l'annonce faite par Israël d'ouvrir le passage d'Erez et d'autoriser l'utilisation du port d'Ashdod pour les livraisons d'aide à Ghaza, mais ont souligné qu'il fallait faire davantage pour apporter l'aide nécessaire étant donné l'ampleur des besoins à Ghaza », ajoute le communiqué. A noter qu'Israël a annoncé, la semaine dernière, qu'il rouvrirait temporairement le passage de Beit Hanoun (Erez), avec le nord de Ghaza. Dans un article publié mercredi 10 avril 2024, le ‘New York Times' note que «des images satellite prises mardi montrent que la route menant à Erez du côté de Ghaza reste bloquée par les décombres d'un bâtiment détruit, un cratère et d'autres dégâts». Cela sous-entend clairement que l'entité sioniste n'a pas l'intention de rouvrir ce point de passage dans l'immédiat pour permettre l'entrée de l'aide humanitaire au nord de Ghaza où la famine est quasiment installée.

Le journal américain précise aussi qu'Israël «n'a pas exploité le port d'Ashdod pour acheminer l'aide à Ghaza comme il l'avait promis, et il n'y a aucune indication de préparatifs à cet effet».

«Nous n'avons jamais vu une telle cruauté»

«En tant que chirurgiens humanitaires, nous pensions avoir été témoins de toutes sortes de cruautés dans le monde, mais aucun d'entre nous n'a jamais vécu une expérience comparable à celle que nous avons vécue à notre arrivée à Ghaza», écrivent, Feroze Sidhwa, chirurgien en traumatologie et en soins intensifs à l'hôpital général de San Joaquin à Stockton, en Californie, et Mark Perlmutter, chirurgien orthopédiste et de la main à l'UNC Health Nash à Rocky Mount, en Caroline du Nord.

Dans leur témoignage, qui a été publié le jeudi 11 avril, sur le site ‘Common Dreams', les deux chirurgiens relatent un séjour à l'hôpital européen de Khan Younes qu'ils ont pu atteindre le 25 mars.

«Nous avons été immédiatement submergés par les eaux usées débordées et par l'odeur distincte de poudre à canon dans l'air. Nous avons fait le court trajet depuis le terminal de Rafah jusqu'à Khan Younes, où l'hôpital européen de Ghaza est l'un des derniers hôpitaux semi-fonctionnels pour les 2,5 millions d'êtres humains - dont la moitié sont des enfants - dans la bande de Ghaza. (...) Nous sommes sortis de la camionnette dans une mer d'enfants, tous plus petits et plus minces qu'ils n'auraient dû l'être. Même malgré leurs cris de joie à l'idée de rencontrer de nouveaux étrangers, le bourdonnement des drones israéliens, semblable à celui d'une motoneige, pouvait être entendu au-dessus de leur tête. C'est vite devenu un bruit de fond, un rappel omniprésent que la violence et la mort peuvent pleuvoir sur n'importe qui à tout moment dans ce territoire assiégé et saccagé», racontent-ils. Les deux témoins expliquent que, pendant la période de Ramadhan qu'ils ont vécue à Ghaza, «le moment des attaques (israéliennes, ndlr) coïncidait toujours avec ‘l'iftar', lorsque les familles rompaient le jeûne quotidien et étaient les plus vulnérables».

«Nous avons parcouru les quartiers et avons immédiatement découvert des preuves d'horribles violences délibérément dirigées contre des civils et même des enfants. Un garçon de trois ans touché à la tête, une fillette de 12 ans touchée à la poitrine, une infirmière en soins intensifs touchée à l'abdomen, le tout par des tireurs d'élite les mieux entraînés au monde», précise le témoignage. En arrivant à Ghaza, ils ont été «choqués par la violence infligée aux gens».

«Des explosifs incroyablement puissants ont déchiré les roches, les sols et les murs et les ont projetés à travers les corps humains, pénétrant la peau avec des vagues de saleté et de débris», ajoutent MM. Sidhwa et Perlmutter.

Malgré une «longue expérience» de «plus de 40 missions chirurgicales dans des pays en développement sur trois continents», c'est à Ghaza qu'ils ont connu «la douleur de ne pas pouvoir soigner une enfant qui va mourir lentement, mais aussi seule, car elle est la seule survivante de toute une famille élargie», conclut le témoignage.