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Agression contre Ghaza: Effondrement du système de santé

par Mohamed Mehdi

Au 185e jour de l'agression sioniste à Ghaza, le nombre de victimes a atteint 33.207 martyrs et 75.933 blessés, a annoncé, lundi, le ministère de la Santé de l'enclave assiégée, précisant que ce bilan comprend les 32 Palestiniens martyrs et les 47 autres blessés au cours des dernières heures.

Lundi la famille du prisonnier martyr, Walid Daqqa, a déclaré que les autorités d'occupation israéliennes détenaient le corps et empêchaient sa famille d'ouvrir une maison funéraire dans la ville de Baqa en Cisjordanie occupée. Atteint d'un cancer, Walid Daqqa (62 ans) est tombé en martyr dans les prisons israéliennes, faute de prise en charge médicale, après avoir passé 38 ans dans les geôles sionistes. Hier, l'armée d'occupation israélienne a bombardé plusieurs régions de Ghaza, en particulier Khan Younes, au sud, après avoir retiré ses troupes de cette zone où elle a dû enregistrer d'importantes pertes.

Dès les premières heures de la journée de lundi, l'occupation a lancé de violents raids aériens et des tirs d'artillerie sur Rafah, au sud, dans les environs de l'hôpital koweïtien dans la ville, ainsi que la région de Brahma, selon un correspondant d'Al Jazeera.

La même source a rapporté le martyr de plusieurs Palestiniens ainsi que des blessés à la suite d'un bombardement d'artillerie visant l'est de la ville d'Al-Qarara à Khan Younes.

Des bombardements intenses ont été également signalés dans le centre de l'enclave de Ghaza, depuis la nuit de dimanche au lundi, et se sont poursuivis hier dans la journée. Un journaliste d'Al Jazeera a déclaré que les avions d'occupation avaient lancé deux raids visant le nord du camp de Nuseirat, ainsi que le martyr de deux Palestiniens et des blessés dans un bombardement de l'artillerie israélienne sur le camp d'Al-Maghazi.

Toujours dans le centre de Ghaza, un enfant est tombé en martyr et d'autres ont été blessés à la suite de bombardements d'artillerie contre des zones à l'est de la ville de Deir al-Balah.

On dénombre également un martyr et des blessés à la suite d'un raid lancé par les forces d'occupation israéliennes dans la zone d'Abu Khadra, dans le centre de la ville de Ghaza.

Après le retrait, dimanche, des troupes sionistes de Khan Younes, des milliers de Palestiniens de Ghaza ont tenu, le jour même, à revenir à leurs quartiers et leurs maisons même complètement détruites.

Lundi, en investissant les décombres et les rues de Khan Younes, la population et les agents de la Protection civile ont retrouvé les corps de 56 martyrs, nombreux dans état de décomposition avancé, dans diverses zones de la ville.

D'autres corps de martyrs ont été retrouvés, hier aussi, sous les décombres du complexe médical Shifa, dans la bande de Ghaza.

Selon le journal israélien Haaretz, l'armée israélienne a évacué ses forces de la ville de Khan Younes «sans y atteindre ses principaux objectifs» après une présence renforcée de 4 mois. La raison de ce retrait, selon ce journal, qui cite des officiers supérieurs de l'armée sioniste, est «due à la fatigue au combat, et non à un signe de bonne foi envers les négociations d'un accord d'échange de prisonniers».

Les officiers ont également indiqué au journal que la «présence de forces en très grand nombre» n'a pas été utile aux combats, puisque les troupes «n'arrivent pas à avancer vers de nouvelles positions», en raison de la forte opposition des combattants de la résistance Palestinienne, et que cela était de plus en plus «dangereux pour la vie des soldats» sionistes.

Ces échecs répétés dans les combats au sol, depuis 158 jours, les Israéliens les attribuent au chef d'état-major de l'armée d'occupation, Herzi Halevy, appelé à «démissionner après la guerre», selon la chaîne israélienne Kan citée par Al Jazeera.

«Prévalence accrue des maladies infectieuses et des épidémies»

Le Bureau central palestinien des statistiques (PCBS) a publié, dimanche, un communiqué à l'occasion de la Journée mondiale de la santé, le 7 avril 2024, dans lequel il dresse un tableau des plus sombres du secteur de la santé à Ghaza complètement détruit par les attaques ciblées et incessantes de l'armée d'occupation israélienne depuis plus de six mois. Le document note qu'en plus de l'arrêt de l'approvisionnement de fournitures médicales, de nourriture, d'eau et de carburant, «plus de 600 attaques» ont été menées par l'armée sioniste contre les établissements de la santé à Ghaza et Cisjordanie occupée. «Sur les 36 hôpitaux opérationnels à Ghaza, seuls 10 fonctionnent partiellement (4 dans le nord, 6 dans les régions du sud et du centre)», alors que «plus, 76% des centres de soins ont cessé leurs activités». Les hôpitaux de Ghaza fonctionnent «à 359 % de leur capacité», ajoute le rapport. «En Cisjordanie, 286 attaques contre les soins de santé ont empêché la fourniture de soins, notamment la fourniture de médicaments et d'équipements essentiels, la fermeture d'hôpitaux et l'obstruction de l'accès des ambulances», ajoute le communiqué du PCBS.

Par ailleurs, l'agression sioniste entraîné «le martyr de 489 membres du personnel médical et spécialistes, tandis que 600 autres ont été blessés, 310 ont été arrêtés, et plus de 126 ambulances ont été détruites et mises hors service», note le PCBS. Sur la situation sanitaire des Palestiniens de Ghaza, le document affirme qu'environ «350.000 souffrent de maladies chroniques, ont été privées d'accès aux soins de santé nécessaires, dont 71000 diabétiques, 225000 souffrant d'hypertension artérielle, 45000 atteints de maladies cardiovasculaires, en plus de ceux souffrant de cancer et d'insuffisance rénale, et d'autres maladies».

Sur au moins 31 décès dus à la malnutrition et à la déshydratation, 28 sont des enfants, affirme le PCBS, citant des chiffres de l'UNICEF. Et ajoute que la fermeture de tous les points de passage vers Ghaza par l'entité sioniste a fait qu'au moins «31% des enfants de moins de deux ans dans le nord souffraient de malnutrition aiguë (en février)», et de 25% chez les enfants de moins de cinq ans. «De plus, environ 5 % des enfants de moins de deux ans souffrent d'émaciation sévère dans le nord de la bande de Ghaza, ce qui est considéré comme la forme de malnutrition la plus grave. Quant à Rafah et Khan Younes, où il y a meilleures opportunités d'accès à l'aide, les taux de malnutrition chez les enfants de moins de deux ans ont atteint respectivement environ 10% et 28%», précise le rapport. A Ghaza, «plus de 90% des enfants de moins de cinq ans souffrent d'au moins une maladie infectieuse». L'agression israélienne a provoqué aussi «une prévalence accrue des maladies infectieuses et des épidémies», due «au surpeuplement des lieux de déplacement, à l'accès limité à l'eau potable et au mauvais assainissement, à la diversité alimentaire réduite, au manque de produits d'hygiène de base, à la perturbation des programmes de vaccination».

Citant l'OMS, le document estime à «plus de 640.000 le nombre de cas d'infections respiratoires aiguës», «près de 346.000 cas de diarrhée, dont 105.635 chez les enfants de moins de cinq ans» et «plus 31.348 cas d'infection par l'hépatite A». A cela, il faut ajouter les 34.830 cas de jaunisse, 83.450 de gale et de pédiculose (infestation parasitaire du cuir chevelu causée par les poux), 47.949 cas d'éruptions cutanées, et 7.293 de varicelle.