Le mois de Ramadan s'achève
dans une ambiance mouvementée, contrastant avec le parfum habituel de quiétude
et de bon vivre. Cette constatation est partagée par les Oranais à plus d'un
titre et de tous bords ou couches sociales. Pour la première fois cette année,
un regain du commerce a été observé à travers toute la wilaya ces derniers
jours de jeûne. Signe du temps ou évolution des mœurs commerciales, quelques
boutiques et autres échoppes de Médina Jadida ont ouvert la nuit depuis le 20e
jour du mois sacré. Que ce soit les magasins d'habillement pour hommes ou
femmes, ou même pour les « ferrachas », vendeurs sur
le trottoir. Certains vendeurs à la sauvette investissent les lieux quelque
temps après la rupture du jeûne. Pour Ahmed, vendeur de vêtements pour femmes :
cette année, on a misé sur l'ouverture de nuit et on n'a pas été déçu. Tout au
contraire, on fait un chiffre d'affaires très correct, car beaucoup de femmes
préfèrent faire leurs achats après le ftour, car
elles se sont dégagées des pressions et soucis de la journée, travail, faire à
manger ou autre tâche quotidienne. Elles font leur shopping en toute
tranquillité. Pour Houaria, femme au foyer rencontrée
sur place : « J'en ai entendu parler sur les réseaux sociaux que Médina Jadida
ouvrait le soir. Alors, après avoir terminé de débarrasser la table, je suis
venue avec ma fille et franchement je suis contente. J'ai pu acheter pour moi
et ma fille des habits pour l'Aïd en toute tranquillité, surtout que la
sécurité est présente et aussi tout est superbement éclairé;
d'ailleurs à Seblat Tolba,
on dirait le jour ». Même son de cloche pour les magasins spécialisés en
vêtements pour hommes. Pour Abou Reda, commerçant
près de la Tahtaha, dès la fin de la prière des tarawihs, les magasins sont pris d'assaut par les acheteurs
de tout âge confondu. Tous cherchent une djellaba ou une abaya
pour accomplir la prière de l'Aïd el Fitr. Pour
Farid, chauffeur de son état : « Moi, j'achète chaque année une nouvelle tenue
pour moi et mon fils pour l'Aïd, mais cette année, je déplore la flambée
vertigineuse des prix ». Avis partagé par de nombreux citoyens venus faire des
achats. Heureusement les prix des parfums et autres senteurs indispensables
pour cet événement si cher aux musulmans n'ont pas connu de hausse, a-t-il ajouté. Même les ferrachas
trouvent leur compte. Pour le jeune Rayane, vendeur
de sous-vêtements et chaussettes, vendre le soir nous permet à ma famille et
moi d'accroître nos revenus et d'avoir l'occasion d'agrandir un jour notre
petit commerce. Notons que certains vendeurs ne rentrent plus chez eux pour la
rupture du jeûne. Les multiples restaurants de solidarité leur offrent des ftours de grande qualité et leur évitent ainsi les
déplacements vers leurs maisons et de gagner en temps de trajets ou frais de
déplacement leur donnant ainsi l'opportunité d'ouvrir le soir. Dans ce sillage,
les chauffeurs de taxis trouvent aussi leur compte. Cette embellie commerciale
semble profiter à plusieurs autres secteurs d'activités tels que la vente de
glace et de jus qui s'en frottent les mains. De longues files d'attente se
forment devant les vendeurs de cornets de glace. Pour certains, cette flambée
du mercure ces deux derniers jours pousse les familles à sortir et à chercher à
consommer ce genre de produits frais. Idem pour les cafés et vendeurs de thé et
les fameux mokassarates «fruits secs», très en vogue
ces dernières années à Oran, après avoir connu des soirées moroses, les clients
affluent dès les premières minutes après l'appel à la prière du maghreb et surtout à la fin de la prière des tarawihs.
Du côté des bains maures et
des salons de coiffure, c'est le même son de cloche. Plusieurs de ces
établissements obligent leurs clients à patienter de longues heures pour
parvenir à profiter d'un moment de détente et de relaxation après une journée
derrière les fourneaux ou des achats pour l'Aïd. Concernant les supérettes et
autres alimentations générales qui ont ouvert la nuit ces derniers jours, elles
témoignent de la reprise des achats des ménages surtout pour les produits
entrant dans la confection de gâteaux de l'Aïd. Selon un commerçant à Maraval :
« Ces derniers jours, on a constaté une reprise grâce aux salaires qui viennent
d'être versés aux employés. Ces derniers ne regardent pas sur les dépenses et
tentent de faire plaisir à leurs familles en ces jours de fête ». La
conjugaison de plusieurs facteurs, versement des salaires, montée
du mercure, présence sécuritaire apaisante et remarquée, ont fait que les
familles se sentent bien et sont plus portées à sortir et de facto, à dépenser
au grand bonheur des commerçants.