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CDH de l'ONU: Une résolution interdit les exportations d'armes à Israël

par Mohamed Mehdi

Au 182e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, correspondant au 26e jour du Ramadhan, le bilan des victimes s'est élevé à 33.091 martyrs et 75.750 blessés, a annoncé vendredi le ministère de la Santé de l'enclave. Ces chiffres comprennent les 54 martyrs et 82 blessés dans les 5 massacres commis par l'occupation durant les précédentes 24 heures, ajoute la même source.

Vendredi, dès les premières heures de la journée, l'aviation sioniste a lancé une série de bombardements sur les zones occidentales du nord de Ghaza, suivis d'intenses tirs de l'artillerie. Le centre et l'ouest de la ville de Khan Younes, dans le sud de Ghaza, ont été également soumis à des bombardements d'artillerie aux premières lueurs de l'aube. Deux heures plus tard, c'était au tour des zones est et sud de la ville à être bombardées.

Le camp Nuseirat a été bombardé plusieurs fois hier. Un raid israélien visant les «tours des prisonniers» à l'ouest du camp de Nuseirat, a fait plusieurs martyrs et blessés. Dans un autre bombardement, on dénombre au moins 3 martyrs et plusieurs blessés dans le ciblage d'une maison du camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Ghaza. Les corps de 2 autres martyrs ont été retrouvés au nord du camp de Nuseirat, dans la région d'Al-Mughraqa, à la suite d'un bombardement israélien.

Les blessés des bombardements du camp Nuseirat ont été transférés à l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa à Deir Al-Balah au nord de Ghaza. Les bombardements israéliens à Ghaza ont détruit environ 62% des habitations de l'enclave, selon une évaluation de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).

«La guerre israélienne contre Gaza a entraîné le déplacement de plus de 75% de la population et la destruction d'environ 62 % des habitations. Des infrastructures critiques - notamment les bâtiments des Nations Unies abritant des familles déplacées - ont été attaquées», a ajouté l'Office onusien.

Le massacre des 7 humanitaires fait encore des vagues

Le massacre commis lundi soir à Deir al-Balah contre des membres de l'organisation caritative World Central Kitchen (WCK), ayant fait 7 martyrs dont 6 étrangers et un palestinien, continue de faire des vagues au niveau international.

Commentant ce crime, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a déclaré, jeudi, qu'attaquer des personnes impliquées dans la fourniture de l'aide humanitaire ou du matériel utilisé à cette fin pourrait constituer un crime de guerre.

La Pologne, qui compte un citoyen parmi les 7 victimes du bombardement contre les véhicules de WCK à Deir Al-Balah, a adressé une «note de protestation à l'ambassadeur d'Israël». Le vice-ministre polonais des Affaires étrangères a également déclaré à ce propos que son pays veut que «les procureurs polonais participent à l'enquête en Israël». «Nous exigeons que des mesures disciplinaires soient prises à l'encontre des militaires responsables. Les informations fournies par Israël jusqu'à présent ne sont pas satisfaisantes, mais nous constatons un changement de ton», a-t-il ajouté.

Jeudi, le Premier ministre polonais Donald Tusk a déclaré qu'Israël devrait s'excuser pour le meurtre d'un travailleur humanitaire polonais à Ghaza et fournir des informations complètes sur ce qu'il s'était passé, exigeant également que l'entité sioniste «verse une indemnisation pour sa mort». L'organisation caritative World Central Kitchen a appelé aussi à une «enquête indépendante», mettant en doute les «résultats» de l'enquête de l'armée israélienne qui explique que «le ciblage des humanitaires résulte d'un défaut et d'une erreur d'identification et de prise de décision».

28 pays dont L'Algérie pour l'interdiction d'exportations d'armes à Israël

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU (UNHRC) a adopté vendredi, une résolution interdisant les exportations d'armes vers Israël avec une majorité de 28 voix sur les 47 pays membres, 6 contre et 13 abstentions. C'est la première fois, depuis le 7 octobre, que le Conseil des droits de l'homme prend position concernant l'agression israélienne contre Ghaza.

La résolution de l'UNHRC appelle Israël à rendre des comptes pour d'éventuels crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis dans la bande de Ghaza, et exigeant l'arrêt de toutes les ventes d'armes au pays.

Les États-Unis et l'Allemagne figuraient parmi les six pays qui s'y sont opposés, tandis que la France, l'Albanie et 11 autres pays se sont abstenus. Le Conseil a déclaré que le vote était une mesure nécessaire, entre autres, «pour prévenir de nouvelles violations du droit international humanitaire et des violations et abus des droits de l'homme».

La résolution de vendredi, présentée par le Pakistan au nom des États membres de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), à l'exception de l'Albanie, condamne également «le recours à la famine des civils comme méthode de guerre à Ghaza», et dénonce «le refus illégal de l'accès humanitaire, l'entrave délibérée aux approvisionnements de secours et la privation d'objets indispensables à la survie des civils, notamment de la nourriture, de l'eau, de l'électricité, du carburant et des télécommunications, par Israël».

L'Algérie, qui a voté en faveur de la résolution de l'UNHRC, interdisant les exportations d'armes vers Israël, avait voté la veille (jeudi) contre un projet de résolution présenté par le groupe occidental concernant la situation des droits de l'homme en Iran.

Dans son explication du vote, le représentant permanent de l'Algérie auprès du bureau de l'ONU et des organisations internationales à Genève, Rachid Bladehane, a déclaré que l'Algérie était «profondément préoccupée par le double standard dans les orientations au sein du CDH s'agissant des droits de l'homme, cette question étant soulevée concernant certains pays alors qu'aucune mesure crédible n'est prise pour mettre fin au génocide en cours contre les Palestiniens».

«Il est frustrant d'observer l'application sélective des principes des droits de l'homme au sein du CDH et le passage sous silence de la tragédie en cours en Palestine, où des dizaines de milliers d'innocents continuent d'être tués en violation flagrante du droit international humanitaire et du droit international des droits de l'homme», a déploré M. Bladehane, annonçant que la délégation algérienne «votera contre ce projet de résolution».

Pour rappel, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, mercredi, un appel téléphonique du président de l'Etat de Palestine, Mahmoud Abbas, qui lui a fait part de sa reconnaissance et ses remerciements pour tout ce que fait l'Algérie, Président, peuple et Etat, «en faveur de la cause palestinienne, en particulier la récente résolution onusienne», indique un communiqué de la présidence de la République.

M. Tebboune a réitéré «les positions constantes de l'Algérie et la poursuite de son soutien à tous les efforts internationaux visant à rendre justice au peuple palestinien frère et à lui permettre de recouvrer ses droits légitimes», ajoute la même source.