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Une statue pour le déshonneur

par El-Houari Dilmi

La polémique enfle à propos de l'élévation d'une statue martiale du général Marcel Bigeard à Toul (Meur-the-et-Moselle). Une statue pour le sinistre bourreau de milliers d'Algériens, et assassin de l'un des noms glorieux de la guerre de libération nationale Larbi Ben M'hidi. La statue sera érigée à Toul, une petite commune en Meurthe-et-Moselle, le 18 juin prochain, anniversaire de sa mort. Une partie des citoyens de sa région natale s'est élevée contre « l'hommage scandaleux » fait à un militaire qui a « déshonoré l'uniforme français ».

Présenté comme le parangon du système de torture institutionnalisé durant la guerre d'Algérie, le bourreau sanguinaire aux mains tachées du sang des Algériens n'a jamais répondu de ses actes, jusqu'à sa mort en 2010. Connu pour être l'artisan de nouvelles techniques de torture sordides, Maurice Bigeard est ressuscité par les nostalgiques de « l'Algérie française », dans une énième insulte à l'Histoire et à la mémoire des milliers de victimes de la torture en Algérie.

Des militants français des droits de l'homme ont dénoncé « les pires méthodes d'interrogatoires des prisonniers vietnamiens et algériens, il ne peut en aucun cas servir de modèle pour la jeunesse à cause des actes de torture commis durant la guerre d'Algérie ». Pour Alain Ruscio, spécialiste des guerres coloniales, Macron a employé le mot de « système ». « C'est un grand pas en avant par rapport à Sarkozy. La torture a été un système en Algérie ».

Et alors que le dossier de la mémoire constitue la principale pierre d'achoppement dans les relations algéro-françaises, cette énième provocation puérile va encore allonger le long et sinueux chemin vers un apaisement des cœurs et des esprits entre l'Algérie et l'ex-puissance coloniale. Une relation d'autant plus tourmentée que le Quai d'Orsay qui vient de mettre « les pieds dans le plat » en autorisant des investissements au niveau des territoires occupés sahraouis, au mépris total du droit international.