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Education: «La mise à niveau» des écoles privées au cœur des préoccupations

par M. Aziza

Pour mieux encadrer les établissements scolaires du secteur privé, le ministre de l'Education nationale a décidé d'élaborer un nouveau cahier des charges régissant les écoles privées.

C'est ce qu'avait annoncé le ministre de l'Education nationale, lors de sa récente visite d'inspection dans la wilaya de Médéa. Il faut juste rappeler que plusieurs mesures organisationnelles ont déjà été prises par le ministère de l'Education pour encadrer ces établissements et répondre à certaines préoccupations. A commencer par la décision interministérielle qui a été signée par les ministères du Commerce et de l'Éducation. Cette dernière a fixé le modèle-type du contrat de scolarisation liant les établissements privés d'éducation et d'enseignement et les parents d'élèves. Ils sont arrivés à un accord, suite à cette décision, qui stipule que les parents d'élèves scolarisés dans des écoles privées algériennes ne seront plus tenus de régler les frais de scolarité de leurs enfants, en cas de force majeure. Une mesure qui a été prise suite à un litige entre les parents d'élèves et les responsables des écoles privées, durant la période du Covid. Cette mesure a été suivie par de nouvelles règles, notamment l'interdiction d'enseigner le double programme, l'interdiction de faire classe avec des manuels autres que ceux du programme national officiel. Aujourd'hui, on parle carrément d'un nouveau cahier des charges qui va permettre la mise à niveau des écoles privées, sachant que leur existence est relativement récente, cela a commencé à partir de 1990. Le ministre de l'Education a précisé que «cette démarche s'inscrit dans le sillage des efforts menés depuis plusieurs années par l'Etat en vue de parfaire davantage l'enseignement», ajoutant qu'« il y a un besoin dans ce domaine qui requiert de la rigueur et la nécessité pour les futures écoles de répondre aux critères exigés et de se conformer à la législation ».

Nous avons contacté certaines écoles privées, mais ces dernières ont affirmé qu'elles n'ont aucune idée sur le contenu de ce nouveau cahier des charges qui est en cours d'élaboration, parce que tout simplement, elles n'ont pas été consultées. Certains ont affirmé qu'ils sont pourtant capables d'enrichir ce nouveau cahier des charges à travers des propositions constructives dans ce sens. D'autres ont affirmé que certains attendent impatiemment la promulgation de ce nouveau cahier des charges, notamment ceux qui veulent ouvrir de nouveaux établissements privés. Contacté par nos soins, le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (SATEF), Boualem Amoura, a affirmé que l'élaboration d'un nouveau cahier des charges régissant les écoles est nécessaire pour mettre de l'ordre dans ce secteur. Et surtout veiller au respect des critères exigés par la réglementation, du point de vue infrastructure ou en matière d'enseignement pédagogique. M. Amoura a regretté le fait que certaines écoles privées ne disposent même pas de cour. « Les gérants de ces écoles construisent des écoles de deux ou trois étages, voire des appartements, sans prévoir un grand espace pour la cour », dit-il. Et d'affirmer : « vous trouvez les trois paliers ensemble (primaire, moyen et lycée) dans le même établissement. Ce qui n'est pas normal, car souvent les élèves du primaire imitent les élèves des paliers supérieurs ». Et de préciser que généralement certaines écoles privées recrutent des vacataires et des enseignants sortis fraîchement de l'université sans prévoir une formation pour ces derniers.

Meziane Meriane, ancien syndicaliste et pédagogue, a affirmé que le nouveau cahier des charges doit répondre aux aspirations et aux besoins formulés par les parents d'élèves. Il rappelle que certains parents d'élèves ont affiché leur mécontentement suite à l'interdiction de l'enseignement du programme français qui est proposé dans ces écoles. En précisant que ces derniers ont voulu préparer leur progéniture pour aller étudier dans des universités françaises. Pour Meziane, il fallait laisser ce choix aux parents puisqu'il s'agit d'école privée.

Ce qui n'est pas, apparemment, l'avis des responsables du ministère de l'Education. Le ministre avait affirmé que « l'enseignement privé et l'enseignement public sont complémentaires et répondent aux mêmes normes et programmes, et partagent les mêmes objectifs, à savoir assurer un meilleur enseignement pour les élèves scolarisés ». Pour ce qui est de la complémentarité entre le secteur privé et public, M. Meriane a précisé qu'effectivement les écoles privées peuvent contribuer à l'amélioration de la qualité de l'enseignement en Algérie, par le fait que le nombre des élèves est limité dans les classes (des petits groupes) ce qui permettra aux enseignants de suivre les élèves, d'analyser leurs besoins afin d'y remédier.