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Malgré les mesures prises: Le prix du poulet n'a pas baissé

par M.Aziza

  En raison de la forte demande en cette période et la baisse due à des pertes dans la production, les prix des produits avicoles, notamment le poulet, sont toujours élevés et risquent, à priori, de se maintenir à ce même niveau dans les prochains jours. Pourtant, de gros efforts ont été consentis et des décisions rigoureuses ont été prises par les autorités pour réguler le marché.

C'est ce qu'a affirmé au Quotidien d'Oran le président du Comité national de la volaille, Saïd Habrih, écartant ainsi une baisse des prix, selon ses pronostics, durant les jours à venir. Et d'affirmer que le coût d'un kilogramme de poulet oscille actuellement entre 360 et 370 DA pour les éleveurs de volailles. Et d'affirmer qu'au niveau des abattoirs, les prix tournent autour de 450,5 et 480 DA le kilogramme, avec un prix de vente final chez le détaillant, c'est-à-dire à un prix de vente au consommateur, de l'ordre 500 DA le kilogramme. M.Habrih a affirmé qu'une baisse de prix pour le moment pénaliserait à coup sûr les éleveurs qui subissent depuis quelques mois des pertes importantes en matière de production. Certains ont perdu 50% de leur production pour des problèmes sanitaires et surtout en raison de l'inefficacité des barrières sanitaires. Soulignant que ce problème a été évoqué à maintes reprises auprès des autorités concernées. Mais, regrette-t-il, «nos préoccupations ne sont toujours pas prises en compte».

Notre interlocuteur a affirmé que les pouvoirs publics ont dû recourir à l'importation du poulet justement pour réguler les prix, mais la forte demande en cette période ne permet pas une baisse conséquente des prix du poulet. L'on parle de la distribution de 10.000 tonnes de poulets congelés, issus de l'importation sur le marché, affirmant que cette opération permettra peut-être de répondre à la demande, mais elle n'est pas en mesure de faire baisser les prix considérablement.

Le président du comité de la volaille appelle les responsables à investir le terrain afin de relever tous les problèmes auxquels se trouvent confrontés les aviculteurs, pour trouver des solutions durables capables d'organiser et développer la filière ce qui entraînera automatiquement la régulation du marché.

Le poids de l'informel pointé du doigt

Contacté par nos soins, Hacène Menouar, président de l'association El Aman pour la protection des consommateurs, a affirmé que la régulation du marché de la volaille serait toujours compliquée si le problème de filière n'est pas pris en compte dans sa globalité. C'est-à-dire, dans ce volet relatif à la production, la sécurité sanitaire, l'équilibre entre l'offre et la demande et la régulation des prix. D'autant plus, dit-il, que 50% de l'activité est entre les mains de l'informel, d'où la nécessité, dit-t-il, d'établir un recensement exhaustif du nombre de producteurs dans la filière et faire intégrer les acteurs de l'informel dans le circuit légal, pour connaître le niveau réel de la production. Idem, dit-il, pour les abattoirs où la mainmise des réseaux de l'informel est toujours assez importante. M.Menour a précisé que les pouvoirs publics ont pris des décisions importantes pour assurer une baisse des prix du poulet et augmenter la production, notamment avec la réduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur la production avicole, dans le cadre de loi de finances 2024, mais cela concerne seulement une partie des éleveurs. C'est-à-dire, ceux qui sont dans le circuit formel. Et de regretter le fait que les acteurs de l'informel ne payent même pas cette taxe. Le comble c'est le fait qu'ils ne sont pas contrôlés.

Ce sont les producteurs eux-mêmes qui fixent les prix, ce qui rend la régulation assez compliquée. Notre interlocuteur affirme qu'il est aujourd'hui nécessaire d'identifier et de recenser les producteurs et également les capacités et les moyens. Il souligne également la nécessité de développer la chaîne de distribution qui doit activer de façon organisée et dans la légalité.

Par ailleurs, les professionnels qui se sont engagés dans la production du poulet sans antibiotiques en Algérie, connu sous le nom « le poulet vert » prévoient l'élargissement de leur activité à travers le territoire national. Des unités de vente sont aujourd'hui présentes dans quelques wilayas seulement. Certains estiment que si la demande augmente sur ce produit «bio», il y aura certainement une baisse des prix du poulet vert. Notamment, si les professionnels de cette branche s'associent avec des chercheurs universitaires pour développer localement la culture des plantes naturelles utilisées dans la production du poulet, sachant qu'elles sont aujourd'hui importées. Ces plantes permettent aux animaux de l'élevage à être plus résistants et réduit considérablement le recours aux antibiotiques.

Le président de l'association El Aman est favorable à cette option, en précisant que la promotion de ce genre d'expérience est à encourager, car elle pourrait être une alternative pour faire augmenter la production du poulet en Algérie et de ce fait assurer une régulation du prix. Mais surtout répondre au souci sanitaire. Le poulet vert actuellement n'est pas disponible partout, et son introduction sur le marché se fait progressivement. Justement, dit-il, pour son développement, les pouvoirs publics doivent accompagner les professionnels qui veulent se lancer dans ce genre d'expérience par des avantages fiscaux ou d'autres mesures d'encouragement.