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Ghaza: L'armée sioniste utilise des boucliers humains à l'hôpital Al-Shifa

par Mohamed Mehdi

Au 170e jour de l'agression israélienne contre Ghaza, correspondant au 14e jour du Ramadhan, le nombre de victimes du génocide sioniste est passé à 32.226 martyrs et 74.518 blessés, a indiqué hier le ministère de la Santé à Ghaza. Rappelons qu'il faut prendre en compte dans ce bilan au moins 7.000 martyrs disparus sous les décombres. Durant les précédentes 24 heures (journée de samedi), l'armée de l'occupation « a commis 8 massacres dans la bande de Ghaza, faisant 84 martyrs et 106 blessés ». Hier, l'armée sioniste a bombardé plusieurs régions du nord au sud de Ghaza, dès les premières heures de la journée, faisant plusieurs dizaines de martyrs et autant de blessés. Le complexe médical Al-Shifa, de la ville de Ghaza, était encore assiégé pour le 7e jour consécutif par les chars et les troupes sionistes. Hier également, deux autres hôpitaux ont été pris d'assaut. Il s'agit de l'hôpital Al-Amal à Khan Younes au sud de l'enclave, et l'hôpital Al-Nasr dans la ville de Ghaza.

Dimanche, peu après minuit, un correspondant d'Al Jazeera a rapporté que 7 Palestiniens ont été tués dans un bombardement de l'occupation israélienne qui a visé une maison dans le quartier d'Al-Hakar à Deir Al-Balah, dans le centre de l'enclave de Ghaza. Le journaliste a aussi souligné qu'un grand nombre de blessés ont été transférés à l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa à la suite de ce bombardement. Des bombardements (des tirs de l'artillerie) ont été signalés dans la région de Bani Suhaila, à Khan Younes. Dans les heures qui ont suivi, les bombardements devenaient plus violents. Il s'agit de bombardements aériens et terrestres, en plus des tirs d'hélicoptères, dans le centre et l'ouest de la ville de Khan Younes. C'est dans cette partie de la nuit que des véhicules militaires israéliens se dirigeaient dans une « zone proche du complexe médical Nasser », à l'ouest de Khan Younes. Au gouvernorat de Rafah, à la frontière entre Ghaza et l'Egypte, les bombardements de l'armée sioniste étaient également très intenses et sur plusieurs régions. Le correspondant d'Al Jazeera a rapporté plusieurs martyrs, des blessés et des disparus dans un bombardement israélien qui a visé une maison dans le quartier d'Al-Geneina, à l'est de la ville de Rafah. Précisant que les corps de 6 martyrs et d'un certain nombre de blessés avaient été retrouvés sous les décombres de la maison de la famille Farwaneh soumise à un bombardement. Dans la ville de Rafah également, une dizaine de martyrs sont tombés et plusieurs blessés dans des bombardements sionistes visant trois maisons, depuis l'aube de la journée de dimanche. L'aviation militaire sioniste a également mené hier plusieurs raids visant des terres agricoles au sud de la ville de Rafah, près de la frontière égyptienne, indique un correspondant d'Al Jazeera. Le journaliste a également ajouté que des navires de guerre israéliens avaient ouvert le feu sur des bateaux de pêche palestiniens à l'ouest de la ville de Rafah. Par ailleurs, les Brigades Al-Qods, la branche militaire du mouvement du Jihad islamique, ont déclaré, dimanche, que leurs combattants avaient ciblé un véhicule militaire israélien avec un missile guidé au rond-point d'Abu Al-Saud, au sud du complexe Al-Shifa dans la ville de Ghaza.

Deux autres hôpitaux pris d'assaut

Depuis l'assaut du 18 mars, le complexe médical Al-Shifa, dans la ville de Ghaza, est toujours assiégé par les troupes et les blindés de l'armée sioniste. Hier, le correspondant d'Al Jazeera a rapporté que trois personnes blessées, après avoir été ciblées par des tirs de snipers sionistes embusqués à proximité de l'hôpital, ont été transférées à l'hôpital Ahli Arab (Baptiste) dans la ville de Ghaza. Pour le septième jour consécutif, l'armée d'occupation israélienne continue d'assiéger l'hôpital Al-Shifa, qui abritait plus de 7.000 malades et personnes déplacées, dont plusieurs dizaines ont été arrêtées, et d'autres utilisées comme des boucliers humains dans les opérations, et continue de bombarder les maisons entourant l'hôpital, faisant des dizaines de martyrs et de blessés. Deux autres hôpitaux ont été pris d'assaut, a indiqué hier la Société palestinienne du Croissant-Rouge (PRCS). « Les forces d'occupation ont pris d'assaut l'hôpital Al-Amal à Khan Younes et ont rasé ses environs au bulldozer. Elles ont également pris d'assaut l'hôpital Al-Nasr dans la ville de Ghaza, au milieu de violents bombardements et de tirs nourris », a déclaré un porte-parole du PRCS à Al Jazeera. « L'occupation israélienne continue de cibler le secteur médical dans la bande de Ghaza. Toutes nos équipes médicales sont en danger et ne sont pas autorisées à bouger. Nous renouvelons notre demande de protection du personnel médical dans la bande de Ghaza », a-t-il ajouté. Moins de deux heures plus tard, le PRCS a annoncé le martyr d'un membre de son personnel qui travaillait dans la salle des opérations d'urgence de l'hôpital Al-Amal, ainsi que le martyr d'une personne déplacée après avoir été touchée à la tête par des balles d'un tireur d'élite de l'armée sioniste à l'intérieur de l'hôpital Al-Amal. La même source a rapporté que les forces d'occupation ont tiré des bombes fumigènes sur l'hôpital Al-Amal pour forcer le personnel, les blessés et les personnes déplacées à le quitter. Réagissant à cette nouvelle vague d'attaques contre les établissements de santé à Ghaza, le Mouvement de la Résistance islamique (Hamas) a estimé, hier, dans un communiqué que « l'expansion de la guerre fasciste contre le secteur de la santé et les hôpitaux par l'occupation est une guerre d'extermination contre notre peuple, et des tentatives de le déplacer de ses terres ».

Le Hamas a appelé la « communauté internationale » à « se lever » pour dissuader «cette entité voyou» de continuer « ses crimes contre notre peuple palestinien sans défense et activer tous les mécanismes de responsabilisation et de punition contre elle».

Témoignages accablants

Dans un communiqué publié le 23 mars, l'organisation Euro-Med Human Rights Monitor (Euro-Med Monitor), a déclaré être en possession de « plusieurs témoignages concordants » indiquant que « l'armée israélienne utilise des civils palestiniens comme boucliers humains lors de ses opérations au complexe médical Al-Shifa et dans ses environs ». « L'armée israélienne continue d'utiliser des civils palestiniens comme boucliers humains dans le cadre de ses opérations militaires à l'intérieur du complexe médical d'Al-Shifa et de ses environs, dans la ville de Ghaza », affirme Euro-Med Monitor. « Euro-Med Human Rights Monitor a documenté plusieurs témoignages concordants concernant l'utilisation délibérée par l'armée israélienne de civils palestiniens comme boucliers humains contre leur gré, et les forçant à des situations dangereuses pour sécuriser et protéger ses forces et ses opérations militaires à l'intérieur du complexe médical d'Al-Shifa », ajoute le document.

Les témoignages rapportés révèlent que « les forces israéliennes ont utilisé des civils, notamment des patients et des personnes déplacées à l'intérieur du complexe médical d'Al-Shifa, comme boucliers humains, les exploitant pour protéger leurs opérations militaires au sein de l'hôpital, formant des barrières derrière leurs forces et leurs véhicules militaires, ou les envoyant sous la menace vers des maisons et des bâtiments entourant le complexe médical pour les évacuer, avant les raids de l'armée israélienne », lit-on dans le communiqué.

Un des témoins, qui se réfugiait dans le complexe médical Al-Shifa, a déclaré à Euro-Med Monitor, que les soldats sionistes « lui avaient ordonné, ainsi qu'à trois autres jeunes hommes, d'entrer dans plusieurs pièces de l'hôpital, après que des caméras aient été fixées sur leur tête. Ils ont ensuite été contraints de se déplacer sur ordre à distance émis par l'armée israélienne vers des lieux spécifiques pour inspection ». Le témoin précise qu'il a été « forcé de se déplacer pendant plusieurs heures consécutives dans le bâtiment de chirurgie générale », avant d'être « évacué de force avec sa femme et sa fille », ajoutant qu'il n'a « rien pu savoir sur le sort des autres jeunes hommes utilisés comme boucliers humains lors du même incident ». Un autre témoin, un homme âgé d'une soixantaine d'années, a déclaré que l'armée israélienne a « forcé son fils aîné à pénétrer dans les sous-sols » de l'hôpital, et « dans les zones d'égouts », et qu'il avait vu « d'autres détenus placés dans des véhicules blindés pendant les combats ». « D'autres ont été contraints de se placer derrière les forces armées et les véhicules militaires stationnés aux entrées du complexe pour fortifier et empêcher toute prise pour cible », ajoute le rapport. Aussi, « l'épouse d'un infirmier forcé par l'armée israélienne d'évacuer le complexe vers la ville de Deir al-Balah (...) a vu les forces israéliennes utiliser son mari comme bouclier humain pour ouvrir les portes » dans les différents bâtiments de l'hôpital Al-Shifa, «pendant plusieurs heures consécutives ». La dame affirme que « le sort de son mari reste inconnu » et « qu'elle craint pour sa sécurité ». Dans son communiqué, Euro-Med Monitor appelle la communauté internationale à « assumer ses responsabilités internationales en mettant fin au génocide perpétré contre tous les résidents de la bande de Ghaza », et à « prendre des mesures immédiates et sérieuses pour mettre fin à tous les crimes de l'armée israélienne commis contre des civils et des biens civils protégés par les accords internationaux ».