Il
arrive qu'on aime des gens qui nous détestent et qu'on déteste des gens qui
nous aiment! Allons y comprendre quelque chose! La nature humaine est comme une tempête de sentiments
mitigés qui, au-dessus de la mêlée de la raison, agit comme une girouette.
Aimer, ma foi, est un sacrifice. Aimer signifie qu'on s'aime déjà soi-même et
qu'on a ce pouvoir de ne haïr que par nécessité ou plutôt par faiblesse. Aimer
contient lui-même une semence de tolérance et un brin de folie. Si l'on
commence, par exemple, à trop raisonner, on cessera d'aimer et on trouvera tous
les défauts chez l'être ou la chose qu'on croit parfait (e).
Aimer
ne se conjugue qu'avec le présent de la démesure et de la folie. Et si jamais
quiconque sort des rails de la folie, il tombe dans la routine des jours morts
et sans espoir. Et c'est là que la désillusion devient le grand titre du
restant de ses jours. Et il n'y a pire ennemi de l'espérance que la
désillusion. Car, quand on déchante, plus rien ne redevient comme avant. On
s'estime toujours lésé, dans la posture victimaire de quelqu'un qui se bat
contre un monde de fantômes et de ténèbres, c'est-à-dire, un monde de mensonges
et de trahisons où aucune place n'est réservée à la vérité. On est complètement
dans le déni du bien, du beau et du bon. On se place dans l'esprit des gens
désabusés qui n'ont d'amis ou de confidents qu'éphémères et peu fiables. Faute
d'amour de soi et des autres, on n'est somme toute, que des hommes de
ressentiment...