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Ghaza: Des dizaines de martyrs dans de nouveaux raids sionistes

par Mohamed Mehdi

Le bilan de l'agression israélienne en cours contre Ghaza, qui est à son 163e jour, passe à 31.645 martyrs et 73.676 blessés, a déclaré, hier, le ministère de la Santé de l'enclave assiégée. La même source a ajouté que l'armée de l'occupation sioniste a commis, samedi, 9 massacres, faisant 92 martyrs et 130 blessés.

Hier, dimanche, la journée a été marquée par l'entrée, pour la première fois depuis plusieurs mois, de quelques camions d'aide alimentaire, au nord de Ghaza. Au cours de la même journée, les bombardements intenses de l'armée israélienne sur Khan Younes et Rafah au sud de Ghaza, ainsi que sur Deir Al-Balah, dans le centre de l'enclave, ont fait des dizaines de martyrs et autant de blessés.

Des médias locaux, cités par Al Jazeera, ont confirmé que des raids de l'occupation avaient visé, - depuis l'aube de dimanche - les zones méridionales de la ville de Khan Younes, au sud de la bande de Ghaza, coïncidant avec d'autres bombardements ciblant le nord-est de Rafah. Les mêmes sources ont également affirmé que l'aviation israélienne a bombardé les zones situées à l'ouest de la ville de Ghaza, dans le centre de l'enclave.

Citant des sources médicales, l'agence palestinienne Wafa a annoncé que des «dizaines de citoyens palestiniens sont tombés en martyr et d'autres blessés lors de raids israéliens sur différentes régions dans la bande de Ghaza».

Dans la ville de Hamad à Khan Younes, au moins 5 corps de martyrs ont été retrouvés après le retrait des forces d'occupation israéliennes, affirme l'agence, qui signale un autre martyr dans un bombardement à l'est de camp de réfugiés d'Al-Bureij dans le centre de la bande de Ghaza.

La même source fait état de bombardements d'habitations à Ghaza, visant les familles Jawda dans le camp de Shati, Al-Hilou dans le quartier de Sheikh Radwan, Al-Nounou et Awad dans le quartier Al-Nasser. Le bilan est de plusieurs martyrs et de blessés parmi les membres de ces familles, acheminés vers l'hôpital Al-Shifa à l'ouest de la ville de Ghaza.

Toujours selon Wafa, l'artillerie de l'occupation a également bombardé des maisons dans le camp d'Al-Brij et la région de Maghreqa dans le centre de la bande de Ghaza, faisant plusieurs blessés transférés à l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa à Deir al-Balah.

Le camp Nuseirat, dans le centre de Ghaza, a été également ciblé hier par un bombardement de l'aviation qui a fait au moins 3 martyrs dont les corps ont été transférés à l'hôpital de Shuhada Al-Aqsa.

Toujours dans le centre de Ghaza, l'aviation israélienne a également mené, tôt dans la matinée de dimanche, plusieurs attaques sur des zones résidentielles à Deir al-Balah. Le bilan provisoire de ce massacre, jusqu'à 14h GMT, était de 12 martyrs et de 21 blessés, selon Al Jazeera.

De son côté, l'agence Wafa a précisé concernant ce bombardement qu'il a visé, en autres, une maison appartenant à la famille Thabet dans le quartier de Bishara, et que la plupart des victimes étaient des enfants et des femmes.

Le Croissant-Rouge palestinien a diffusé une vidéo documentant le transfert par ses équipes des martyrs et des blessés de cette attaque sauvage vers l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa

Par ailleurs, le Croissant-Rouge palestinien (PRCS) a déclaré, hier, que l'occupation sioniste continue de maintenir en état d'arrestation 13 membres de ses équipages et des volontaires, et que «leur sort reste inconnu jusqu'à présent». La même source a annoncé aussi que l'occupation a libéré Tamer Fouad Salim al Qarm, un des volontaires arrêtés lors de l'assaut contre l'hôpital Al-Amal à Khan Younes, «après 36 jours d'arrestation».

Six camions arrivent au nord de Ghaza

Les premiers camions d'aide humanitaire, 6 selon la Protection civile, sont arrivés dimanche dans le nord de la bande de Ghaza. Selon Anas Al-Sharif, correspondant d'Al Jazeera, les camions, sécurisés par les forces de sécurité de Ghaza, étaient chargés de sacs de farine. Le convoi est passé par la zone du rond-point de Koweït, au centre de la ville de Ghaza, puis par la rue Salah Eddine, dans le nord de la bande de Ghaza.

Le journaliste a précisé que le processus de livraison de l'aide était encadré, suite à une coordination préalable entre des notables, et de responsables de l'ONU. Toujours selon Al Jazeera, pour garantir l'entrée des premiers secours dans le nord de l'enclave, les forces de sécurité palestiniennes à Ghaza ont diffusé une circulaire à la population interdisant les regroupements au rond-point du Koweït pour recevoir de l'aide, car c'est dans cet endroit qu'ont eu lieu à plusieurs reprises des attaques des forces d'occupation contre les demandeurs d'aide. La circulaire a également interdit les rassemblements dans la rue Salah Eddine durant l'arrivée des d'aide.

Le correspondant a également indiqué que l'aide a été déchargée dans l'un des centres de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), à l'est de la ville de Jabalia, pour être partagée en petites quantités en vue de sa distribution au plus grand nombre de personnes.

Commentant la circulaire de la police de Ghaza, le fondateur et directeur de l'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme (Euro-Mediterranean Human Rights Monitor, communément appelé Euro-Med Monitor), Ramy Abdu, a déclaré dans un tweet sur le plateforme X qu'«un simple document diffusé par les services de sécurité à Ghaza aujourd'hui a été pleinement respecté par la population, réussissant pour la première fois à sécuriser l'entrée de certains besoins humanitaires pour atteindre le point le plus septentrional du nord». Ajoutant que cette scène «confirme le grand échec de l'occupation et son incapacité sauf à commettre des massacres et à cibler des civils innocents». Ramy Abdu a également souligné que «depuis plus de 160 jours, l'armée d'occupation cible les membres de la police et des services civils à Ghaza (dans le but) de créer une situation chaos».

De son côté, le porte-parole de la Protection civile de Ghaza, Mahmoud Bassal, a déclaré à Al Jazeera que «6 camions sont arrivés (dimanche, ndlr) dans le nord de l'enclave et ont été sécurisés dans les centres de l'UNRWA», ajoutant que «la distribution de sacs de farine a commencé», qu'elle se fait par «membres de certaines familles», mais que la quantité «ne suffit pas pour (toute) la population de la ville de Ghaza et du nord de l'enclave». «Nous nous attendons à ce que l'aide arrive chaque jour, mais les mesures de l'occupation font obstacle», dit-il encore. L'intervenant a également rappelé que «plus de 400 martyrs sont tombés dans les tirs de l'armée sioniste alors qu'ils attendaient les camions de l'aide humanitaire».

Amnesty International appelle Biden à exiger un cessez-le-feu immédiat

Amnesty International a appelé le président américain Joe Biden à agir rapidement et à exiger un cessez-le-feu immédiat et durable dans la bande de Ghaza, ainsi qu'à arrêter le transfert d'armes vers Israël.

Dans une lettre adressée, le 11 mars, au président des Etats-Unis, Amnesty a souligné la nécessité de « mettre un terme au transfert d'armes vers Israël », expliquant que «plus de 30000 personnes ont été tuées jusqu'à présent lors de l'attaque israélienne sur la bande de Ghaza, dont beaucoup avec des munitions de fabrication américaine». «Si vous n'agissez pas maintenant, d'autres vont mourir», lit-on dans l'appel d'Amnesty qui a également été signé par plusieurs ONG et institutions dont : «American Friends Service Committee», «Demand Progress», «Norwegian Refugee Council USA», «Oxfam America», «Quincy Institute for Responsible Statecraft», «Refugees International», et «Win Without War». Le document explique également qu'un cessez-le-feu immédiat et permanent est non seulement nécessaire pour à acheminer les aides à Ghaza, mais aussi pour sécuriser la libération des personnes détenues.

Les ONG mentionnent également l'état catastrophique des hôpitaux mis hors service par les attaques de l'armée israélienne, ainsi que le drame que vivent 1,7 million de personnes déplacées à Ghaza où il n'existe aucun endroit sécurisé. «Les atrocités commises contre les civils à Ghaza sont inacceptables, et les Etats-Unis ne peuvent plus continuer à rester les bras croisés. En tant que proche allié d'Israël et important fournisseur d'armes, les Etats-Unis doivent utiliser leur influence pour appeler à un cessez-le-feu permanent et suspendre le transfert d'armes. L'armée israélienne poursuit ses bombardements aveugles, détruisant des maisons, des écoles, des hôpitaux, des abris et des camps de réfugiés. En continuant le transfert d'armes au gouvernement israélien, les Etats-Unis se font complices des crimes de guerre commis par les forces israéliennes», affirme encore le document.