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Errements politiques

par Abdelkrim Zerzouri

Dur de concevoir qu'on peut s'adonner à des calculs politiciens autour des décombres de Ghaza. Dur d'entendre tout le tumulte autour de l'entrée de l'aide humanitaire par voie terrestre, maritime et aérienne, alors qu'on meurt à Ghaza. Dur de négocier la paix sous les bombes. Vraiment impensable toute cette dissipation des énergies loin de ce qui est primordial pour les Ghazaouis, le cessez-le-feu immédiat et durable. La nomination, jeudi dernier, de M. Mohamed Mustapha comme nouveau Premier ministre par le président de l'Autorité palestinienne ne fait pas l'unanimité. Pis, cette initiative a fait remonter à la surface les divisions politiques entre les factions palestiniennes dans un moment qui tombe mal, très mal.

Le Hamas, le Jihad islamique et le Front populaire de libération de la Palestine ont désavoué cette action, et non la personne du nouveau Premier ministre, comme le relèvent les termes d'un communiqué conjoint, publié vendredi dernier, soit une journée après l'annonce de la nomination du nouveau Premier ministre. Relevant clairement que procéder à la formation d'un « nouveau gouvernement sans consensus national va aggraver les divisions ». Du côté du Fateh, on n'a pas manqué de dire que ceux qui rejettent l'initiative de la formation d'un nouveau gouvernement font le jeu d'Israël, non sans rappeler que le Hamas n'a consulté aucune partie quand il a décidé de lancer son attaque contre Israël. Et puis, qui consulte qui dans cette division des rangs ?

Ces divisions s'avèrent un autre malheur pour les Palestiniens qui tombent sous les assauts meurtriers de l'armée sioniste, et qui n'ont pas la tête à penser à la formation d'un nouveau gouvernement dans les conditions inhumaines que leur fait subir l'entité sioniste. Ne pouvait-on pas reporter ces tiraillements politiques à plus tard pour gérer au mieux le plus urgent, la préservation de la dignité et de la vie des Palestiniens ? L'unité fait la force dans cette dure épreuve que traverse le peuple palestinien, mais à qui le faire entendre ? C'est à une politique stérile qu'on assiste, loin des préoccupations réelles des Palestiniens, qui cherchent à nourrir leurs familles, et qui lorgnent du côté du passage de Rafah bloqué, du côté de la mer, une nouvelle voie pour faire parvenir l'aide humanitaire en courcircuitant le travail des associations sur le terrain, dont l'UNRWA, et le haut d'un ciel par où sont largués des paquets alimentaires qui tuent parfois quand ils tombent sur des civils qui tentent par impatience de les attraper au vol, s'ils ne sont pas tués par des tirs ennemis.

Pourtant, on n'a pas besoin d'être grand stratège pour comprendre les leçons de l'histoire en matière de lutte de libération des peuples, qui enseignent que pour arracher leur liberté et leur indépendance, l'unité des rangs face aux ennemis passe en priorité au-dessus des divergences politiques. L'histoire ne pardonnera ni les odieux meurtres de l'ennemi sioniste ni les errements politiques qui, d'une façon ou d'une autre, font perdurer les souffrances des Palestiniens.