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«Saha ou Lehna»

par Toufik Hedna

Dans l'univers socioculturel algérien, le langage enrichi de nuances du bien-être gravite significativement autour des mots «Saha ou Lehna», symbolisant la santé et la paix ou la tranquillité, respectivement. Ces termes essentiels mettent en lumière l'importance primordiale accordée au bien-être physique et à la quiétude de l'esprit, envisagés non comme de simples désirs individuels mais comme des joyaux partagés, reflétant les aspirations collectives de la communauté.

«Saha» émaille le discours quotidien, se manifestant dans des expressions telles que «Saha Ftourek» en signe de bienveillance à la rupture du jeûne, ou «Saha Aidkoum» pour émettre des vœux de bonne santé durant l'Aid, ainsi que «Sahite» ou «Yaatiq Essaha» en remerciement. Ces expressions démontrent que la notion de santé transcende la seule absence de maladie pour embrasser une quête de prospérité et d'équilibre global. La valorisation de cette forme de bien-être s'inscrit dans une philosophie prônant l'harmonie entre le corps et l'esprit, essentielle pour l'épanouissement individuel et communautaire. Loin de se limiter à de simples échanges de bons vœux, la valorisation de «Saha» se concrétise à travers l'engagement envers des activités physiques régulières telles que le sport, le vélo ou la marche. Ces pratiques, loin d'être perçues comme de simples loisirs, sont reconnues comme des moyens fondamentaux de préserver sa santé. Par ailleurs, «Lehna», en invoquant la paix ou la tranquillité, cherche une quiétude profonde au-delà de la simple absence de conflit. Cette aspiration à l'équilibre mental et émotionnel est vitale dans un monde en constante évolution, marqué par des défis et tensions. Elle souligne l'importance du vivre ensemble, dans le respect des différences et la recherche d'harmonie. À l'opposé, se dresse une réalité moins idéale, marquée par la négligence de la santé physique et mentale. L'abandon de l'activité physique, l'adoption de régimes alimentaires déséquilibrés et la malbouffe constituent des comportements contraires à l'idéal de «Saha». Ces pratiques entraînent une augmentation des problèmes de santé tels que l'obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète et contribuent à une détérioration globale du bien-être, favorisant l'émergence de troubles tels que l'anxiété, la dépression et le stress chronique. Ce détournement de «Saha» reflète une dissonance entre les aspirations culturelles à une vie saine et les réalités quotidiennes, soulignant un besoin urgent de réalignement sur les principes de bien-être et d'harmonie corporelle et spirituelle. Quant à «Lehna», son absence dans le tissu social engendre un climat marqué par les tensions, le stress et le conflit, éloignant les individus de la tranquillité d'esprit et de la sérénité. Lorsque la paix et la tranquillité sont remplacées par l'agitation et la discorde, les effets sur la société et sur l'individu peuvent être profondément perturbateurs. Les relations interpersonnelles se détériorent, les communautés se fragmentent, et le sentiment de cohésion sociale s'affaiblit, entraînant une augmentation du sentiment d'isolement et de détresse psychologique. Cette absence de «Lehna» contribue à un environnement où le bien-être émotionnel est compromis, rendant plus difficile la poursuite d'une vie équilibrée et harmonieuse. L'impact sur le tissu social est tangible, avec une réduction de la solidarité communautaire et une difficulté accrue à surmonter collectivement les défis. La récitation de «Saha et Lehna», devenue un acte presque instinctif au fil des générations, s'inscrit profondément dans l'esprit des Algériens, portant en elle une signification riche. Toutefois, il est essentiel de saisir que ces mots ne doivent pas rester de vagues formules prononcées par habitude. Ils exigent plutôt d'être véritablement vécus au quotidien.

«Saha ou Lehna» ne doivent pas être simplement des mots sans poids, mais se transformer en gestes significatifs et en décisions qui incarnent ces valeurs fondamentales.