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Agression contre Ghaza: Israël continue de cibler les Palestiniens affamés

par Mohamed Mehdi

Au 161e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, correspondant au 5e jour du Ramadhan, le nombre de victimes parmi la population civile a atteint 31.490 martyrs et 73.439 blessés, selon un nouveau bilan annoncé, hier, par le ministère de la Santé de l'enclave.

Durant les précédentes 48 heures (mercredi et jeudi), l'armée israélienne a commis 20 massacres faisant 218 martyrs et 410 blessés. La journée de jeudi 14 mars a été également marquée par deux massacres, à quelques heures d'intervalle, contre des citoyens de Ghaza qui attendaient des convois d'aide alimentaire, portant à 7 au moins le nombre de «massacres de la farine» depuis celui du jeudi 29 février dernier.

Hier, premier vendredi de Ramadhan, l'aviation et l'artillerie israéliennes ont bombardé plusieurs régions de l'enclave assiégée, en particulier la ville de Ghaza (au nord) qui a subit plusieurs raids meurtriers depuis la soirée de jeudi.

Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté, hier, qu'un bombardement israélien qui avait visé une maison à l'ouest de la ville d'Al-Zawaida, dans le centre de la bande de Ghaza, a fait 2 martyrs et plusieurs blessés. Toujours dans le centre de Ghaza, le journaliste a ajouté que l'aviation israélienne avait bombardé un nouveau camp situé au nord du camp de Nuseirat. La même source a indiqué un bilan de 3 martyrs et de plusieurs blessés dans un bombardement qui a visé une maison dans le «quartier des renseignements», au nord-ouest de la ville de Ghaza, dont le camp d'Al-Shati a subi également d'intenses bombardements.

Toujours à l'ouest de la ville de Ghaza, un violent bombardement a visé la région de Sheikh Ajlin. Un autre bombardement dans le nord-ouest de la ville de Ghaza a fait plusieurs martyrs et blessés.

C'est aussi dans la ville de Ghaza, au nord de l'enclave assiégée, qu'ont eu lieu, tard dans la soirée de jeudi, deux autres massacres ciblant des demandeurs d'aide qui attendaient des convois alimentaire. L'armée israélienne a même ciblé les citoyens qui tentaient de récupérer les corps des dizaines de martyrs et de blessés.

Les «massacres de la farine» continuent

Le directeur général du Bureau des médias du gouvernement dans la bande de Ghaza a déclaré, vendredi, à Al Jazeera, que l'armée d'occupation sioniste continue pour «le 20e jour consécutif» à cibler dizaines de personnes qui attendent des convois d'aide alimentaire et humanitaire.

«Le monde est totalement incapable d'empêcher l'occupation israélienne de commettre ces crimes», a déclaré l'intervenant qui affirme qui «l'administration américaine porte une responsabilité» dans ces attaques en raison de «son échec à mettre fin au génocide».

«L'ennemi israélien connaît les coordonnées des places de regroupement des citoyens et les cible délibérément. L'armée de l'ennemi a ciblé avec tirs de chars et d'hélicoptères ceux qui attendaient des camions de farine au rond-point de Koweït, dans la ville de Ghaza», a-t-il ajouté. L'intervenant a aussi précisé que la «voie est ouverte aux organisations internationales et non gouvernementales pour distribuer de l'aide alimentaire dans ce secteur de Ghaza».

Dans un premier temps, le représentant du Bureau des médias a fait état de «plus de 100 personnes tuées et blessées» des deux «massacres de la farine». Plus tard, le ministère de la Santé de la bande de Ghaza a précisé qu'au moins «11 martyrs et 100 blessés ont été transférés au complexe médical d'Al-Shifa» à la suite du bombardement par un hélicoptère de l'occupation israélienne de personnes attendant de l'aide au rond-point du Koweït. Le ministère a également indiqué que «le nombre de martyrs risque d'augmenter, compte tenu de la gravité des blessures qui parviennent aux hôpitaux». En effet, moins d'une heure plus tard, le bilan est passé à «20 martyrs et 155 blessés».

Un second massacre de citoyens qui attendaient une aide aérienne a eu lieu jeudi soir aussi à l'ouest de la ville de Ghaza faisant 3 martyrs et 3 blessés ciblés par des drones israéliens.

Le correspondant d'Al Jazeera, Ismail Al-Ghoul, a rapporté que les forces de l'occupation israélienne ont continué à bombarder les civils qui tentaient de récupérer les corps des martyrs et des blessés au rond-point du Koweït, ajoutant que les bombardements ont causé d'importants dégâts matériels.

Selon l'agence de presse palestinienne (Wafa), citant des sources locales, le massacre du rond-point du Koweït a été commis par des tirs d'artillerie, d'avions de combat et de drones de l'armée israélienne.

Dans un communiqué à la suite de cette boucherie, le mouvement Hamas a tenu l'administration du président Biden pour responsable des massacres continus commis par l'occupation avec des armes et le soutien ouvert des Etats-Unis d'Amérique.

Le communiqué du Hamas a ajouté que «l'incapacité de la communauté internationale à prendre des mesures contre l'occupation» correspond à «un feu vert pour commettre davantage de crimes et une guerre d'extermination contre la population sans défense de la bande de Ghaza». Le Hamas a également appelé les Nations Unies et la Ligue arabe à «intervenir de toute urgence pour mettre fin au génocide et à prendre des mesures pour apporter de l'aide humanitaire dont a besoin la population de Ghaza».

L'Australie annonce la reprise du financement de l'UNRWA

La ministre australienne des Affaires étrangères a annoncé, vendredi, que son pays allait reprendre le financement de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA). Le gouvernement de Canberra a annoncé qu'il débloquerait un financement d'un montant de 6 millions de dollars australiens (3,9 millions de dollars américains).

Cette décision intervient après celles de la Suède et du Canada, annoncées le samedi 9 mars dernier, de la reprise de du soutien financier à l'agence de l'ONU. Ces revirements interviennent près de deux mois après la suspension du financement de l'UNRWA par plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la Commission de l'UE, en raison d'allégations israéliennes selon lesquelles certains employés de l'agence auraient participé à l'attaque du 7 octobre. Des accusations qui attendent, à ce jour, que des preuves soient fournies par l'entité sioniste.

Le Commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a remercié l'Australie pour son soutien à l'agence en cette période critique que traversent Ghaza et la région.

Lazzarini a appelé les autres donateurs à reprendre leur soutien à l'agence pour lutter contre la faim généralisée à Ghaza, rappelant que l'UNRWA est essentielle pour les Palestiniens déplacés et réfugiés dans toute la région du Moyen-Orient.

Le représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, Josep Borrell, a critiqué, mercredi, l'obstruction des livraisons d'aide aux personnes dans le besoin dans la bande de Ghaza.

«La famine est utilisée comme une arme de guerre», a déclaré Borrell au Conseil de sécurité de l'ONU à New York, soulignant que la crise à Ghaza «n'est pas due à une catastrophe naturelle ou à un tremblement de terre, mais qu'elle est plutôt provoquée par l'homme».

Borrell estime que l'aide par voie maritime ou aérienne n'est qu'une alternative aux routes terrestres naturelles, qui ont été artificiellement fermées, appelant les dirigeants du monde à exercer davantage de pression sur Israël pour qu'il ouvre ses points de passage à l'accès humanitaire à Ghaza.

L'entité sioniste commet un génocide systématique

Par ailleurs, la question des déplacements forcés et de leurs graves conséquences humaines, a été, jeudi, au menu de la 89e réunion du Comité permanent du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à Genève. Au cours de cette réunion l'Algérie a réitéré son appel à traiter «les crises entraînant le déplacement forcé des populations», rappelant au passage «les massacres commis par l'occupant israélien à l'encontre du peuple palestinien aussi bien dans la bande de Ghaza et qu'en Cisjordanie (en) sont un exemple édifiant». «L'Algérie a de nouveau exprimé son inquiétude face à l'augmentation du taux des personnes recensées relevant des compétences du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), estimé à 63 %, appelant à traiter les différentes crises entraînant le déplacement forcé des populations, notamment la persistance des conflits et de la colonisation dans certaines régions du monde», rapporte l'APS.

L'allocution de l'Algérie a été prononcée par Rachid Beladehane, chef de la mission permanente de l'Algérie auprès du bureau de l'ONU à Genève et des organisations internationales, sous le thème : «Activités régionales et programmes globaux dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord».

M. Beladehane a précisé que la réunion se tenait «dans un contexte humanitaire très complexe», rappelant que «le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord font aujourd'hui partie des régions les plus impactées par l'instabilité». La délégation algérienne a saisi cette occasion pour condamner le génocide systématique perpétré en Palestine, lançant un appel à la communauté internationale pour faire pression de toutes ses forces afin d'amener l'occupant à respecter les principes du droit international humanitaire, ajoute la même source.